En effet, les populations de Songo sont empêchées de tout mouvement dans leur village. Coupées du reste du monde, elles ne peuvent ni visiter d’autres villages encore moins recevoir leurs proches. Aucun échange commercial n’est possible avec Songo, au moment où nous mettons sous presse ces lignes. Comme conséquence, la famine frappe fort le village. Pour preuve, la semaine dernière trois personnes sont mortes par la faim, selon une source locale.
Aujourd’hui, la population de la commune de Diabaly, dans le cercle de Niono, vit la peur au ventre. Elle est guettée par l’insécurité, l’inondation des champs et la cherté des intrants agricoles. Après 8 heures de route par bus, nous voici arrivé à Kokoni, un des villages de la commune rurale de Diabaly. Avant l’ère démocratique, selon des témoignages des autochtones, ce village était un petit paradis. « Avant la chute de Moussa Traoré, tout allait bien ici. Celui-ci passait ses vacances dans une résidence à l’autre côté du village.
Aujourd’hui, Kokoni ne tient plus qu’à son ancienne réputation. Ce village avec un lotissement urbain n’a plus l’image d’un endroit où un Président de la République passait ses vacances. Il est devenu un village perdu au milieu des champs de riz. En cette période hivernale, le village devient impraticable car l’eau stagne partout et la boue entrave la circulation.
En plus, Kokoni et toute la commune de Diabaly, ainsi que celle de Dogofry sont en proie à l’insécurité, l’inondation des champs et beaucoup d’autres maux. Ainsi, tout comme Farabougoudans la commune de Dogofry, Songo dans la commune de Diabaly est assiégé par des djihadistes depuis plus de deux mois, selon des témoignages. Bien que les FAMa aient bombardé des positions des djihadistes aux alentours de ce village, les populations restent immobiles. Malgré la neutralisation d’une trentaine d’assaillants, le village est toujours sous embargo des djihadistes. Et l’avenir des habitants semble incertain. Ils sont dans un dilemme total. Ils ont le choix de sortir pour se faire fusiller par les djihadistes ou rester et périr de faim.
Il faut souligner que la situation n’est pas grave seulement à Farabougou et à Songo. Toute la zone de Diabaly et de Dogofry vit dans cette insécurité. Pas plus tard que jeudi 12 août, des cultivateurs du village de Diabaly Courani ont été chassés de leurs champs par des djihadistes. Ceux-ci ont confisqué tous leurs matériels de travail (motoculteurs, charrues et autres).
Des donzos pour défendre la population
Face aux multiples tueries des djihadistes, des hommes valides des différents villages de Dogofry se sont constitués en donzos pour défendre la population malgré la présence de l’armée. Pour ce faire, chaque famille fournit trois bras valides. Sans formation militaire et moins d’équipement en fusils, les donzos se servent de fusils de chasse et font recours aux pouvoirs surnaturels pour tenir tête à leurs adversaires mieux équipés. Actuellement, les donzos défendent la population avec brio.
Rappelons que l’insécurité n’est pas le seul calvaire de cette localité. En plus de l’insécurité, les paysans y font face à la cherté des intrants agricoles et de la menace de l’inondation des champs. Seuls 3 sacs sur 6 d’engrais par hectare sont subventionnés par l’Etat. Donc, les paysans doivent payer les 3 sacs restants au prix du marché qui s’élève à plus de 20 000 FCFA par sac.
Oumar SANOGO de retour à Dogofry