Pour célébrer son 5ème anniversaire, le Réseau malien des consommateurs de la téléphonie mobile (Remacotem) a organisé une conférence de presse, le dimanche 19 mai à la Maison de la presse. Elle était animée par son président, Dr Adama Traoré. Etait au centre des échanges, l’épineuse question de l’attribution de la troisième licence de téléphonie globale.
Adama Traoré
L’attribution de la troisième licence de la téléphonie globale ne cesse de faire couler beaucoup d’encre et de salive au Mali. Le président du Remacotem a de long en large expliqué à la presse l’opacité qui entoure l’adjudication de cette licence au groupe Planor international.
En plus du sabotage du prix de la licence, Dr Traoré estime que rien ne justifie la passation d’un marché de 55 milliards deFcf a par entente directe. Pour lui, cela est absolument absurde et insupportable pour le peuple malien.
Selon le conférencier, le secteur des télécommunications est hautement stratégique au plan politique, économique et sécuritaire. En se basant sur une citation du président Chinois, Mao, il dira que tout pays qui ne maîtrise pas le secteur de ses télécommunications ne maîtrise rien. Dr Traoré soutiendra cette assertion par un propos du Président Burkinabé, l’ex Haute volta, Thomas Sankara, qui disait qu’il préfère perdre une partie de son armée au cours d’une bataille que de perdre la moindre parcelle d’autorité sur son secteur de télécommunication.
Cependant, a-t-il déploré, le Mali semble ignorer cette réalité. Il est l’un des rares pays au monde à ne pas prendre au sérieux le secteur des télécommunications. La preuve, explique le conférencier, le Mali a sauvagement ouvert le secteur au tout venant en oubliant que nous avons une société historique de téléphonie. Il s’agit de la Sotelma-Malitel qui devait d’abord maîtriser les services de base. Chaque pays a pris le temps de contrôler d’abord ses services de base avant de permettre à d’autres de se signaler. Pour lui, du fait de marginaliser le secteur des télécommunications, notre pays perd sa souveraineté. Car sa communication, à travers Orange-Mali, est contrôlée par d’autres puissances installées notamment au Sénégal.
Comme si cela ne suffisait pas, pleurniche Dr Adama Traoré, le Mali vient de se livrer à un spectacle honteux. Les autorités de la transition ont bradé la troisième licence 100% à un investisseur étranger alors que des nationaux remuaient ciel et terre pour l’obtenir. Et de surcroît par entente directe. En plus, poursuivra le président du Remacotem, le plus choquant, c’est que ce soi-disant opérateur téléphonique, en l’occurrence, le Groupe Planor international d’Appolinaire Compaoré, ne remplit pas toutes les conditions. Ce groupe aurait déjà versé une première tranche (ce qui, d’ailleurs, n’est pas encore vérifié) et devait payer le reliquat de la somme au plus tard le 13 mai 2013. Cette date est expirée sans que le Burkinabè ne soit capable de respecter son engagement. Il est en train de faire le tour des banques pour contracter un autre prêt afin de pouvoir payer le dû alors que le délai qu’on lui avait accordé est arrivé à terme. Ce qui amène Dr Traoré à s’interroger : pourquoi le gouvernement veut empêcher le Malien Cessé Komé de devenir actionnaire de la 3ème licence quand on sait que l’autre n’est pas apte à remplir les conditions pour être adjudicataire ?
Pourquoi on n’annule pas simplement cette adjudication ? « C’est pour cela que nous, consommateurs avons des raisons de nous opposer à l’attribution de cette licence au groupe Planor », a-t-il précisé. Le Remacotem invite le gouvernement à se ressaisir pour rectifier le tir afin de garantir une meilleure protection de sa population. Il préconise le rachat de tous les câbles à fibre optique existants, la création d’une société des réseaux de télécommunications où l’Etat doit être largement majoritaire pour des raisons de sécurité.
Au sujet de la facturation des répondeurs par les deux opérateurs téléphoniques, Dr Traoré a affirmé que son réseau a assigné Sotelma-Malitel et Orange Mali en justice pour dédommager les consommateurs. Car il est inadmissible que les clients paient la communication des opérateurs sur le répondeur, autrement dit, les opérateurs ne doivent pas facturer les communications avec le répondeur.
Oumar KONATE