Décédée le 07 juillet 2015 à l’âge de 53 ans, la sublime cantatrice Bako DAGNON, inégalable dans la chanson épique et la danse en tourbillons, a été parmi ce qu’il y a de plus élevé dans le style musical, la fidélité à l’arachide etc…. et à son Grand Mécène IBK, dans les choses artistiques, dans la retenue et la décence aussi qui empêchent de dire ou de faire ce qui peut blesser ses rivales en musique ou ses adversaires dans la vie.
Originaire de N’GOLO BIGNAGNI-agriculture, non loin du logis familial d’une autre grande artiste, Kandia KOUYATE, Bako DAGNON a appris à être cette grandiose cure-oreille par sa mère Fily, formée par le célèbre KèlèManssa DIABATE, grand griot de la cité de Kita maîtrisant en outre la connaissance, la geste et la composition de toutes les familles de la contrée et des environs. Une bibliothèque selon Amadou Ampâté BA.
Entre 8 et 10ans, Bako savait déjà très bien chanter parfaitement, des sons modulés, le chant, le contre-chant suivant toutes les harmonies.
Elle n’aimait pas les plats « étrangers ». Mais le fari, le gnougnou, le tô, la sauce arachide, mais jamais l’arachide bouillie.
Ah l’arachide, dont elle remplissait un mortier qu’elle refermait et sur lequel elle s’asseyait pour en extraire d’une main experte et discrètement remplie les bons et les avariés,les décortiquer en les croquant tous, réfléchissant à des airs futurs, inspirée, dépourvue alors d’angoisses, de soucis, pivotant toute une journée sur le mortier et la vie.
Modèle merveilleuse d’enthousiasme, militante intègre, discrète, boitant avec coquetterie quand elle danse, joyeuse quand elle chante son héros et idole IBK en sonorités cristallines, proses et poèmes, le chœur qui l’accompagne et la musique se taisent aussitôt : c’est le temps d’un nouveau discours. Tout le silence entre musique et discours est aussi sa création.
A l’ultime issue de son sourire et de ses rires, Hadia Bako DAGNO laisse derrière elle, désarmés, 4 enfants, dont 3 garçons et quinze petits enfants.
Mâchée, mâchonnée, triturée, croquée, douillettement avalée avant la prochaine, la légumineuse grasse, agréable au goût et calmant la petite faim, fraîche ou grillée, donnant de l’huile pure à l’économie, une fois dévêtue de son long col à la ceinture renfoncée, de sa coque souvent d’une longiligne coupole aux nervures dissemblables, Arachide, tu as été magnifiée pour l’éternité.
“Ah Ah, a yamongnongo, A yétigamongnongo”.
L’une des plus grandes forces d’un ensemble culturel de vastes dimensions aura prématurément disparu.
Mamadou GAKOU
Info-matin