L’Imam Bandjougou Traoré, figure religieuse bien connue pour ses prises de position polémiques, a été placé sous mandat de dépôt par le Pôle Chargé de la lutte contre la Cybercriminalité. Arrivé en début de soirée à la Maison Centrale d’Arrêt (MCA), il y est actuellement retenu dans l’attente de sa destination finale. Ce placement fait suite à des propos controversés tenus lors de son sermon (Koutouba) du vendredi dernier, dans lesquels il s’en est pris ouvertement au personnel féminin des Forces Armées Maliennes (FAMa) et aux basketteuses maliennes.
Le prêcheur, après avoir provoqué une onde de choc sur les réseaux sociaux, a tenté de s’excuser ce lundi, mais sans réellement revenir sur le fond de ses déclarations. Lors de sa Koutouba, il s’était attaqué aux femmes sans hijab au sein de l’armée, du sport, et de la télévision, les qualifiant de “non conformes” à ses préceptes religieux, allant jusqu’à appeler à leur exclusion de ces secteurs. Ces propos ont été jugés non seulement outrageants mais aussi profondément démoralisants pour ces femmes patriotes, engagées à servir leur pays dans des domaines aussi cruciaux que la défense nationale et le sport.
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Un antécédent judiciaire lourd
L’affaire prend une ampleur particulière du fait des antécédents judiciaires de l’Imam Traoré. Récemment libéré sous liberté provisoire après avoir été emprisonné pour atteinte au crédit de l’État, son retour à des comportements considérés comme attentatoires à l’ordre public et aux droits des femmes remet en question son engagement à respecter les lois du pays. Ses propos ont été largement condamnés, notamment par les associations féminines et des acteurs de la société civile, qui estiment que de telles sorties sont inacceptables dans une nation en quête de cohésion sociale et de respect de l’égalité des sexes.
Les Forces Armées Maliennes et les femmes sous le feu des critiques
Ce n’est pas la première fois que l’Imam Bandjougou Traoré vise les femmes, en particulier celles en uniforme ou pratiquant des sports collectifs. Ses sermons sont souvent empreints de propos jugés misogynes, dénonçant la présence féminine dans des sphères traditionnellement dominées par les hommes. Pour les observateurs, cette démarche est une tentative de démoralisation des FAMa, à un moment où le pays a plus que jamais besoin d’une armée unie, composée de citoyens, hommes et femmes, prêts à défendre la nation contre les multiples menaces sécuritaires.
Une réaction rapide des autorités judiciaires
Face à la gravité des propos tenus et au tollé qu’ils ont provoqué, les autorités judiciaires n’ont pas tardé à réagir. Le procureur du Pôle Chargé de la lutte contre la Cybercriminalité a ainsi ordonné son placement en détention, le temps que l’enquête suive son cours. Cette action s’inscrit dans une volonté de mettre fin à l’impunité de certains leaders d’opinion qui, sous couvert de la religion, diffusent des discours contraires aux principes républicains et à la dignité humaine.
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La récidive de l’Imam Bandjougou Traoré montre la nécessité pour l’État de renforcer le contrôle sur les prêches religieux incitant à la haine et la division. Cette nouvelle affaire met en lumière les tensions autour de l’intégration des femmes dans les secteurs de défense et du sport, ainsi que les défis persistants pour les droits des femmes dans un contexte malien complexe.
L’affaire suit son cours et il est attendu que justice soit faite dans le respect des lois et des principes fondamentaux de l’État malien.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net