L’Assemblée nationale actuelle est illégitime et illégale. Elle ne répond aucunement aux aspirations profondes du peuple malien. Qui sont, entre autres, mener un contrôle réel, je dis bien réel, sur l’action gouvernementale à travers la défense de l’unité et de l’intégrité territoriale, la défense d’une politique de développement dans l’intérêt du peuple, la gestion du patrimoine national, la sécurité des personnes et des biens (terre au paysan), la protection des populations civiles et militaires, le contrôle de l’administration et des services, la consultation du peuple sur les questions essentielles, la mise en œuvre des propositions issues du peuple après les avoir fait remonter, l’organisation des espaces de redevabilité, faire des interpellations conformément aux besoins et aspirations légitimes du peuple.
Concrètement, au sujet de la prorogation du mandat des députés, l’article 61 de notre constitution nous indique que les députés sont élus pour un mandat de 5 ans, pas plus. Nulle part la prorogation du mandat des députés n’est autorisée dans la constitution. Le mandat des députés a pris fin le 31 décembre 2018. Ils ne sont aujourd’hui que des anciens députés. Rappelons au passage que le bilan de la première prorogation a été très négatif. En effet, cette première prorogation a servi globalement de période de sommeil pour l’AN, de gaspillage des maigres ressources des pauvres contribuables.
Mais, malgré la clarté de notre loi fondamentale, le régime actuel, qui est en perte de vitesse, a délibérément décidé de violer la constitution malienne en prorogeant le mandat des députés de 06 mois. Pour ce faire, il s’est appuyé sur la Cour constitutionnelle, alors que l’article 85 de la constitution nous enseigne que cette cour est un organe régulateur. Cet organe doit-il se substituer à la constituante ?
Par ailleurs, cette prorogation est une violation flagrante du serment fait par le président dans l’article 37 de la constitution malienne ainsi libellé : Le président élu entre en fonction 15 jours après la proclamation officielle des résultats et prête le serment suivant : «Je jure devant Dieu et le peuple malien de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur de la nation, de respecter et de faire respecter la constitution et les lois…».
Cette prorogation est donc une provocation des patriotes, un mépris pour le peuple, une injure à la constitution malienne. Les responsables de ce forfait doivent répondre devant la justice, s’il y en a une. Dans le cas contraire, le peuple étant la représentation légitime et légale de Dieu sur terre, décidera en toute souveraineté de ce qu’il faut faire, quand, où, comment et avec qui. Et c’est profondément moral.
Aujourd’hui, la priorité des priorités est de réussir à sauver le Mali des mains de ceux qui l’ont abîmé, en bafouant son honneur et sa dignité depuis le 19 novembre 1968, avec le soutien permanent de l’impérialisme international.
Notre association, Faso kanu, que je préside, pense qu’il faut tout mettre en œuvre pour rétablir l’intégrité territoriale acquise le 22 septembre 1960, pour respecter et faire respecter notre drapeau, notre devise, notre hymne national sur l’ensemble du territoire malien.
En toute sincérité, pour le salut du peuple, nous pensons qu’il faut aller sans délai à un sursaut patriotique pour reconquérir à nouveau notre indépendance et notre souveraineté nationale. Nous n’avons pas forcément besoin d’aller à leur façon d’organiser les élections. La machine électorale actuelle est une catastrophe. La vraie problématique est de déterminer comment aller à une nouvelle République qui prendra en compte les aspirations profondes du peuple du Mali.
Notre pays est dans une situation désastreusement exceptionnelle telle que nous ne voyons pas d’autre solution que d’aller à des vraies assises nationales souveraines pour sauver notre Patrie. Sans cela, avec ou sans l’Assemblée nationale, il n’y aura pas de solution.
Ibrahima Kébé Tamaguidé/Commissaire Principal de l’association Faso kanu
Le Reporter