Nous avons rencontré, la semaine dernière, le président de la Rue publique pour la traditionnelle interview imaginaire. Ou presque. C’était, au Palais de Sébénikoro, à une bonne heure de son départ pour le Japon où, il est invité, par Shinzo Abé, Premier ministre japonais, à prendre part à la 7e Conférence Internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD). Qui se tiendra du 26 au 31 août prochain à Yokohama, sur le thème « faire progresser le développement de l’Afrique ». Entretien. Sans concession.
Mr le président, que faites-vous dans la cuisine ?
Mauvaise question. La question est : qu’est-ce que vous, vous faites dans ma cuisine ?
Pour nous, la meilleure question est : qu’est-ce qu’un président de la République cherche dans sa cuisine, alors qu’il est attendu, dans quelques heures, à Yokohama pour la 7e conférence du TICAD ?
Trêve de blablabla, je suis là pour me faire un café, histoire de me requinquer pour ce voyage, qui s’annonce long. Ça vous va comme réponse ?
Non, Mr le président ! Il y a des employés de maison qui sont payés pour vous servir le café, d’autres pour chanter pendant que vous nagiez dans votre piscine. Alors question : pourquoi vous vous précipitez dans la cuisine pour vous préparer, vous-même, votre café ?
Celui qui est chargé de le faire est cloué au lit par un palu. Dis-moi, Le Mollah, pourquoi tu es là ?
Juste pour vous poser 2 ou 3 questions.
Alors, je vous écoute.
Les populations de Kayes sont au bord de la révolte, à cause de l’état défectueux des routes, de l’arrêt du trafic ferroviaire et de l’aéroport, qui ne serait plus opérationnel. Qu’en dites-vous ?
Je demande à nos frères de la première région administrative du Mali de prendre leur mal en patience. Le gouvernement est à pied d’œuvre pour désenclaver leur région.
Les populations ne croient plus aux promesses du gouvernement car, disent-elles, elles sont restées sans lendemain.
Je les comprends. Mais patience et longueur de temps font plus que force, ni que rage, disait Jean De la Fontaine.
Les populations de Gao, elles-aussi, seraient sur les dents à cause de l’état de la route Sévaré-Gao. Désormais, disent-elles, pour rallier la capitale malienne, elles sont obligées de passer par le Niger et le Burkina Faso.
Je dirai à mes beaux-parents de la « Cité des Askia » ce que je viens de dire aux populations de Kayes : le gouvernement est à pied d’œuvre pour que tout se passe bien dans le meilleur des mondes.
Mr le président, pensez-vous que le dialogue politique inclusif se déroulera dans de bonnes conditions ?
Pourquoi pas ?
Permettez-nous d’en douter, car l’opposition politique vient d’écrire, officiellement, au comité d’organisation pour lui annoncer qu’elle n’y prendra pas part.
Ah bon, elle a fait ça ?
Bien sûr !
Ils vont me tuer, ces gens-là !
De qui parlez-vous ?
De Soumaïla Cissé et d’Oumar Mariko, bien sûr. Ce n’est pas pour rien que j’ai surnommé ce dernier, Barou « kélétigui », au lieu de Barou Kolontigui.
Pourquoi eux et pas quelqu’un d’autre ?
Parce qu’ils sont les plus emmerdants de mes opposants, des incorruptibles. J’ai tout fait pour les avoir à mes côtés, au gouvernement, rien à faire. Ils sont restés inflexibles. Je ne sais plus comment m’y prendre avec eux.
Vous n’avez pas consulté votre « jeteur de cauris » à leur sujet ?
Je l’ai fait. Il m’a conseillé de sacrifier de déposer un œuf de lapin sur une termitière, dès l’aube.
Vous l’avez fait ?
Toi aussi ? Où est-ce qu’on peut trouver un œuf de lapin ? As-tu jamais vu un lapin pondre un œuf ?
Je commence même à croire que mon voyant ne voit rien.
Pourquoi ?
Parce qu’il me conseille, toujours, des sacrifices impossibles à faire.
Donc, pour lui, pour que vous puissiez bénéficier du soutien de Soumaïla Cissé et d’Oumar Mariko, il vous faut sacrifier un œuf de lapin ?
Oui !
A défaut de cet œuf de lapin, impossible à trouver, que vous a-t-il conseillé d’autre comme plan B ?
Un taureau vert, chose impossible à trouver.
Qui cherche, trouve, dit-on. Avez-vous, réellement, cherché ?
Le Mollah, si tu peux me trouver un œuf de lapin, ou un taureau vert, aide-moi. En guise de récompense, je ferai de toi mon « ministre des va et vient et des affaires inutiles ».
Donc, deux portefeuilles pour un Mollah sans barbe, c’est déjà ça, non ? On en parlera à mon retour de Yokohama.
Propos recueillis par Le Mollah Omar /Canarddechaine