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Ibk à Nouakchott, Alger et Doha : Les enjeux d’une tournée

L’offensive diplomatique que le président de la République a entamée en Mauritanie, le 10 janvier dernier, doit le conduire en Algérie aujourd’hui, puis au Qatar. La question sécuritaire qui lie le Mali à chacun de ces pays pourrait bien être au cœur des échanges qui devraient contribuer à redynamiser les relations entre nos pays.

Ibrahim Boubacar Kéïta IBK RPM président mali

Ce jeudi  16 janvier 2014, le président de la République du Mali entame une visite d’amitié de 24 heures en Algérie d’Abdel Aziz Bouteflika, au moment où les groupes armés y sont en conclave. Après son séjour algérois, Ibrahim Boubacar Keita, en compagnie d’une forte délégation, devra s’envoler pour le Qatar.

Le 12 janvier dernier, le président malien bouclait une visite de 72 heures en Mauritanie et où il a eu des échanges bien fructueux avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais, ce qu’il convient de souligner, c’est qu’à Alger comme à Doha, cette offensive diplomatique, qui vise officiellement la consolidation des relations d’amitié et de fraternelle coopération que le Mali entretient avec les pays concernés, réservera certainement une place de choix à la question sécuritaire qui a contribué à la dégradation des relations entre le Mali et certain de ces pays, notamment l’Algérie et la Mauritanie. L’on sait en effet que bien avant le déclenchement de la crise sécuritaire qui a ébranlé le Mali à partir de janvier 2012, notre pays était déjà en froid avec ses voisins algérien et mauritanien avec qui il n’avait pas la même approche dans la lutte contre le terrorisme qui s’est installé dans la bande sahélo-sahélienne.

Au moment où le régime du général Amadou Toumani Touré appelait de façon récurrente à une gestion concertée de ce fléau, c’est-à-dire à une coopération entre les pays du champ (Algérie, Mauritanie, Niger et le Mali), ceux de Mohamed Ould Abdel Aziz et d’Abdel Aziz Bouteflika n’avaient  cesse de faire le procès de notre pays qu’ils accusaient souvent de maillon faible d’une chaîne qui n’existait pourtant pas.   En mai 2011, une réunion des chefs de la diplomatie des quatre pays a vu la création d’un état-major conjoint, basé à Tamanrasset. L’objectif visé était, à terme, d’arriver, dans un délai de 18 mois, à la création d’une force commune d’intervention d’un effectif pouvant passer de 25 000 à 150 000 hommes, mobilisables selon l’importance des opérations conjointes, selon Soumeylou Boubèye Maïga, ministre malien des Affaires étrangères d’alors.

Rien de cela n’avait pourtant suffi à amener l’Algérie et la Mauritanie à jouer franc jeu, à la différence du Niger. Pour preuve, même après l’occupation des régions nord de notre pays par les groupes armées, la position de ces deux pays est demeurée suspecte, Alger allant jusqu’à s’opposer à toute  intervention de troupes étrangères dans un Mali qu’elle savait pourtant incapable de faire face à la situation. Pendant ce temps, la Mauritanie contribuait de façon indirecte à l’assujettissement du peuple malien en servant de base arrière aux groupes terroristes. Si lors de la dernière visite du président malien, Nouakchott s’est engagée à renforcer sa coopération militaire avec le Mali et à ne plus accepter une quelconque force du mal sur son sol, les Maliens se demandent si l’Algérie fera de même, elle qui voit d’un mauvais œil la présence de plus en plus accrue de sa rivale du Maroc sous nos cieux. Autant dire que la tâche, si elle n’est pas impossible, s’annonce bien évidemment compliquée pour Ibrahim Boubacar Keita, bien qu’une certaine réciprocité des intérêts nous condamne à une coopération plus franche.

Du côté de Doha, l’enjeu n’est pas forcément le même qu’en Algérie ou en Mauritanie en ce sens que le Qatar n’a rein à partager, géographiquement parlant, avec notre pays. Sauf que ce pays a été longtemps pointé du doigt pour être en connivence avec le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne qui a semé la terreur chez nous pendant près d’un an. Si au cours d’une visite officielle du président de la Transition, Pr Dioncounda Traoré, l’Etat qatari avait nié toute accointance avec l’hydre du terrorisme, ce pays n’avait pourtant pas écarté l’hypothèse d’un soutien de certains de ses ressortissants à la force du mal.

Les enjeux sont donc grands et la tâche s’annonce compliquée pour le président de la République et sa diplomatie. Mais, notre pays, au moment où il se tire peu à peu de la profonde crise qui l’a jetée au fond des ténèbres, n’a d’autre choix que d’aller vers ceux qui peuvent l’aider à aller vers une paix durable, gage de son développement.

Bakary SOGODOGO

SOURCE: Le Prétoire

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