‘’Notre grand Mali ira plus loin’’, ‘’Anw ka Maliba bè ka taa gnè’’ tel est l’intitulé du Projet du candidat de l’Alliance ‘’Ensemble pour le Mali’’, Ibrahim Boubacar KEITA, qui se décline en 5 axes, dont le coût de la mise en oeuvre sera de 10 574 milliards FCFA imputable au budget national, aux Collecti¬vités territoriales, au Secteur privé… Il s’agit d’une nouvelle offre politique qui s’inscrit dans le cadre de la consolidation des acquis et de l’ouverture de nouvelles perspectives aux Maliens.
La présentation de ce projet, qui ambitionne un Mali émergeant à l’horizon 2023, a été faite, samedi dernier, à l’hôtel Sheraton, de¬vant un parterre de personnalités politiques ; de militants et sympathisants…
IBK assène ses 4 vérités
Dans son mot d’introduction, le Président Ibrahim Boubacar KEITA, candidat de l’Al¬liance ‘’Ensemble pour le Mali’’ (EMP), a ex¬primé son bonheur d’être devant son public à l’hôtel Sheraton, un hôtel de belle facture, de belle tenue qui est une autre preuve que le Mali avance.
Rentrant dans le vif du sujet, IBK a fait re¬marquer qu’il n’y a pas de vent favorable pour qui ne sait où il va. Il a demandé à jeter un regard rétrospectif sur le Mali de 2013.
« Nous n’avons pas hérité d’un Mali tran¬quille. Il a fallu de la détermination et surtout beaucoup de vision pour faire avancer le Mali. Il a fallu répondre à l’appel des popu¬lations qui ont subi de plein fouet les consé¬quences de la crise, quand tout était com¬promis. Les conditions d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce que nous avons connu. Nous avons eu à rassurer le pays, à créer les conditions des retrouvailles entre les fils du pays, envisager un nouvel environne¬ment juridique », a-t-il mis en exergue.
À son actif, IBK a rappelé l’organisation de deux fora (États généraux de la décentrali¬sation ; Assises nationales sur le Nord).
Parlant des Accords, IBK a reconnu que celui de Ouagadougou a permis l’organi¬sation de l’élection du Président de la Ré¬publique en 2013 à l’issue de laquelle lui-même a été porté à la tête de l’État. Il n’en demeure pas moins, a-t-il constaté, que ledit Accord comportait des pièges persistants. D’où, la décision de se tourner vers l’Algé¬rie, non pas par manque de confiance au Burkina Faso, mais par principe. L’Algérie a répondu favorablement en accueillant les parties maliennes pendant huit mois pour les pourparlers intermaliens. Les ennemis irréductibles, à l’occasion, ont commencé à se parler. IBK reconnaît que ça n’a pas été facile. La preuve étant qu’il a dû rappeler la délégation gouvernementale quand il a senti une tendance à franchir la ligne rouge fixée par lui-même, à savoir la laïcité, l’intégrité territoriale et la forme républicaine de l’État.
Poursuivant, le Président-candidat, IBK, a salué la générosité de l’Algérie, mais il n’était pas question de signer un accord en dehors du Mali. D’où, la signature de l’Ac¬cord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger à Bamako, les 15 mai et 20 juin 2015.
« Depuis cette signature, on avance à tra¬vers des écueils toujours plus sournois. Qui mettrait tout ce temps à parvenir à un ac¬cord et se refuser à l’appliquer ? On s’y est mis à coeur joie, nous qui avons à coeur la chose publique. Pour moi, la chose publique est sacrée », a-t-il mis en évidence. Il a rap¬pelé l’épisode de sa démission qui lui a valu les félicitations du Président KONARE qui y a vu une décision d’homme d’État.
S’agissant de son engagement pour le réar¬mement moral et matériel de nos troupes, il remonte à un épisode où il était à Gao. Voyant côte à côte un soldat malien dépe¬naillé et un soldat français qui faisait fière allure, avec son équipement complet, avec la même mission, il s’est promis que le jour où il aurait son mot à dire il mettrait l’Armée dans les conditions à hauteur de ses mis¬sions.
« Mais que n’avons-nous pas entendu ? Surfacturation. Ils paniquent et racontent n’importe quoi. Nous avons les moyens ma¬tériels et intellectuels de montrer que nous sommes clean. On a voulu empêcher l’équi¬pement de l’Armée ; on a voulu empêcher le Mali de jouer sa mission mondiale, parce que le Mali est une digue et si elle venait à céder, le terrorisme se déferlerait sur le reste du monde ».
Après tout le bruit autour de l’achat de l’avion présidentiel, le FMI a rapidement renoué avec le Mali, a rappelé IBK qui réaffirme : « si je me tiens devant vous, c’est parce que je peux le faire, avec beaucoup de dignité et de panache. Je ne suis pas un Président qui rase les murs ; je ne suis pas un Président qui a peur du regard de son peuple ».
Sarcastique, IBK a rappelé le vote de la Loi d’orientation et de programmation militaire qui planifie l’équipement de l’Armée sur 5 ans. Pourtant, d’aucuns disent qu’il n’a pas de vision.
Quand il accédait à la magistrature suprême de l’État, il n’y avait aucun vecteur aérien.
« Aujourd’hui, l’Armée de l’Air compte plus de 10 avions et hélicoptères. Les dernières acquisitions, 4 Super Tucano, bonheur su¬prême, sont pilotés par de jeunes maliens. Le personnel de maintenance a été égale¬ment formé », a fait savoir IBK qui précise : « tout le monde sait que l’outil de décision d’un homme politique, c’est son Armée. Ce n’était pas pour faire la gloriole, mais parce que c’était indispensable. Aujourd’hui, le Mali est là ; le Mali compte ».
Sur un autre registre, IBK a souligné que no¬nobstant les difficultés, les tâches de déve¬loppement n’ont pas été oubliées. Pour lui, le socle du développement de notre pays sera l’agriculture ou ne le sera pas. Aussi, si le sommet de Maputo a recommandé d’investir 10 % des budgets nationaux dans le monde rural, le Mali l’a rehaussé à 15 %. Il est heureux de constater le patriotisme des paysans dont l’effort a permis de hisser le pays au rang de premier producteur de coton en Afrique au sud du Sahara.
« Pour un Président qui ne fait rien ; qui n’a pas de vision… ça alors », a ironisé IBK, avant d’affirmer : « non, le Mali avance ». Aussi, a-t-il exprimé : « nous avons la léga¬lité et la légitimité, je pèse bien mes mots, à poursuivre la mission commencée. Ne pas le faire serait presque de la lâcheté. Dans cette campagne, je me trouve en pleine sérénité ».
Conscient que tout développement est tribu¬taire de la qualité des ressources humaines, IBK a exprimé son bonheur d’avoir des es¬paces de formation des jeunes pour servir le Mali.
« Le monde évolue, notre environnement évolue ; faisons en sorte que le potentiel soit développé. Je disais que le Mali est premier producteur de coton au sud du Sahara ; mais seulement 2 % sont transformés loca¬lement. Cela est un défi à relever », a projeté le candidat de l’Alliance ‘’Ensemble pour le Mali’’.
Un programme incarné
Youssouf MAIGA, Coordinateur général du Projet ‘’Notre grand Mali ira loin’’, ‘’Anw ka Maliba bè ka taa gnè’’, a dévoilé l’élabo¬ration dudit projet par un Comité d’experts composé d’une cinquantaine de person¬nalités de l’Administration, de la société civile… Il prend en charge les préoccupa¬tions majeures des populations maliennes. Son élaboration a tenu compte des ensei¬gnements tirés du bilan du Projet de société ‘’Le Mali d’abord’’ ; des préoccupations et des attentes de nos concitoyens recueillies au cours des multiples missions du candi¬dat tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays auprès des paysans, des artisans, des entrepreneurs, des chercheurs (…) ; des recommandations des partenaires au déve-loppement, étant entendu que la question de la gouvernance et du développement du capital humain seront priorisés dans le présent programme pour un Mali inclusif. Il puise son fondement du Cadre Stratégique pour la Relance économique et le Dévelop¬pement Durable (CREDD).
Le candidat de l’Alliance ‘’Ensemble pour le Mali’’ entend concentrer les efforts des 5 prochaines années de ses compatriotes sur l’amélioration de la gouvernance et le développement du capital humain. Cela, à travers 5 axes prioritaires : gouvernance, réformes politiques et institutionnelles ; pro¬motion d’une croissance économique inclu¬sive ; développement du capital humain et inclusion sociale ; environnement, change¬ment climatique et développement durable ;
diplomatie, coopération et partenariat.
Des défis
Pour ce qui est des questions de paix, sé¬curité, défense, réconciliation nationale et cohésion sociale de l’axe 1 du Projet, les défis sont : accélération du cantonnement, du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion des ex-combattants, de même que le processus d’intégration ; la mobilisa¬tion des partenaires du Mali, en plus de la MINUSMA et de la Banque mondiale déjà engagées dans ce processus. Pour ce faire, il sera mobilisé 15 milliards FCFA pour boucler le programme DDR et 20 milliards FCFA pour accompagner le processus d’in¬tégration, les deux processus portant sur une estimation de 15 000 ex-combattants, prenant en compte les questions d’inclusi¬vité des jeunes de Gao et du Centre.
Il y a également la mise en oeuvre de la Stratégie de Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) qui permettra, entre autres, d’impliquer les communautés et les autres acteurs de la nouvelle dimension de la sé¬curité humaine, dans la prise en charge de leur propre sécurité ; l’opérationnalisation des unités de patrouilles mixtes du MOC, à Kidal et à Tombouctou qui permettra de mieux sécuriser le processus de DDR, de même que la lutte contre le terrorisme et d’assurer la libre circulation des biens et des personnes dans les zones de Kidal, Ménaka, Tombouctou et Taounenit.
À cela s’ajoute le parachèvement de la mise en oeuvre de la Loi d’orientation et de pro¬grammation militaire et la Loi de Program¬mation sur la sécurité intérieure en 2019 qui assurera au pays des forces à pleine capacité opérationnelle, avec l’appui des partenaires de la MINUSMA, de l’EUTM, de l’EUCAP et de la Force conjointe du G5 Sahel. Pour ce faire, 1 800 milliards FCFA seront nécessaires, sans compter le Coût de la Force conjointe du G5 Sahel et des autres intervenants.
Autres défis, le redéploiement progressif de l’Armée reconstituée qui sera le cheval de bataille du prochain quinquennat, sur toute l’étendue du territoire national, dans le res¬pect des droits humains et de l’engagement des Parties ; des Unités spéciales de lutte contre le terrorisme et la criminalité trans¬frontalière seront créées, selon les besoins, avec l’appui des forces partenaires et la Communauté internationale.
Des actions à mener
Les actions à mener, en matière de sécuri¬té, porteront sur le renforcement qualitatif et quantitatif des Forces de défense et de sé¬curité (renforcement des effectifs en nombre et en qualité par le recrutement de plusieurs milliers de militaires, assorti de traitement motivant, promotion des valeurs militaires) ; optimisation des moyens opérationnels (ac¬quisition des moyens complémentaires, re¬cherche de moyens opérationnels adaptés à la nouvelle configuration des menaces) ; mise en place d’un Conseil de crise auprès du Président de la République…
En matière de défense, il s’agira d’assurer le maillage cohérent du territoire ; d’amélio¬rer les capacités opérationnelles ; de ren¬forcer le soutien logistique ; d’améliorer le cadre de vie et de travail du personnel et du commandement.
La mise en oeuvre de ces actions coûtera 800 milliards FCFA.
Pour la mise en oeuvre de l’ensemble des 5 axes du Projet ‘’Notre grand Mali ira loin’’ ‘’Anw ka Maliba bè ka taa gnè’’, 10 574 mil¬liards FCFA seront investis.
Un bilan largement positif
Pour le mot de la fin, le doyen Ibrahim Bou¬bacar BAH, Conseiller du Président de la République et soutien politique avéré, a salué les performances du Président Ibra¬him Boubacar KEITA dans de nombreux domaines, avant de s’attarder sur la place de 3e économie de l’UEMOA du Mali qui ne fait pas l’objet d’une compréhension par¬tagée chez nos concitoyens. Terre à terre, il a expliqué le taux de croissance qui est actuellement de 5,2 % par la richesse du pays. À ce niveau, a-t-il soutenu, le bilan de IBK est largement positif. Il a tenu à mettre en exergue, en guise d’argumentation de ses propos : le taux de croissance qui était de -1,2 % en 2012, alors que l’inflation était à 5,3 % largement supérieure à la norme communautaire. En 2013, la croissance réelle du produit brut intérieur (PIB) s’est située à 5 %. En 2014, la reprise de l’éco¬nomie a poursuivi sa consolidation avec un taux de croissance du PIB réel avec 6,7 % en 2014…
Pour le reste, il attire l’attention sur le fait que certaines questions se résolvent sur le long terme. À titre illustratif, le besoin de renforcement de la gouvernance est une réalité, a souligné M. BA.
Il faut noter qu’un groupe d’admirateurs s’est spontanément formé à la sortie de l’hôtel pour témoigner de son soutien à son candidat, à sa sortie de conférence.
Par Bertin DAKOUO
Info-matin