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IBK: « le RPM reste mon parti »

Accusé et attaqué de toutes parts, y compris dans son camp, le président IBK se veut rasséréné et fier du chemin parcouru. Si le problème de la présence de l’État sur l’ensemble du territoire est toujours brandi telle une rengaine avec mauvaise foi, force est aussi de reconnaître que les poches de non-droit se résorbent une à une, au prix d’efforts considérables.

Dans la perspective de la réédition des comptes, prévue en juillet prochain, le locataire de Koulouba aurait bien souhaité que le taux de croissance annuel de l’économie malienne ait atteint les 7 %, mais quand on sait qu’il a entamé son mandat à partir d’une récession, les progrès réalisés (5 %) sont notables. Aussi, des critiques et des attaques y compris contre sa famille, non qu’il n’en a cure, mais celui qui envisage l’échéance 2018 et le jugement de ses compatriotes avec une douce sérénité reste objectif : « nul n’est prince innocemment ».

Dans une interview d’une rare intensité avec notre confrère Jeune Afrique de cette semaine, le président de tous les Maliens, martèle ses convictions, recadre les inexactitudes, les injustices, précise ses options, et rassure les sceptiques. Un signal fort pour ses partisans qui attendaient que le « Chef » siffle la fin de la récréation.

Sur la traite d’esclaves en Libye

Pour le président du Mali, « c’est une ignominie, bien sûr, qui ne peut s’analyser que dans le cadre de la situation libyenne, laquelle résulte de décisions unilatérales prises en 2011 par des dirigeants dont le seul but était d’éliminer Kadhafi, sans se soucier des conséquences. Leur responsabilité dans le chaos actuel et dans cette abomination que CNN nous a donnée à voir est donc grande ».

Pour protéger ses compatriotes migrants, le président IBK dit avoir instruit comme une activité permanente sur toute l’étendue du Mali des campagnes d’information et de sensibilisation sur les dangers de la migration irrégulière.

C’est dans ce cadre que le gouvernement a adopté en 2014 la Politique nationale de migration qui constitue le cadre de référence en matière de gouvernance de la migration. Sur son instruction, un fonds social a été mis en place pour venir en aide à nos compatriotes en situation de détresse à l’étranger et un autre fonds pour aider à la réinsertion des rapatriés. Depuis son arrivée au pouvoir, plus de onze mille Maliens ont été rapatriés, principalement de Libye.

Sur sa santé qui fait l’objet de supputations

Le président IBK relève que ses médecins de l’hôpital d’Instruction des armées de Percy, à Clamart, en France, qui l’ont revu lors de son dernier séjour parisien, en octobre, lui ont dit ceci : « Voici vos résultats, vous avez une santé que beaucoup devraient vous envier, poursuivez votre job ». Je leur ai répondu : « al’ hamdoulillah ». Le voyage peut donc se poursuivre.

Sur la présidentielle de 2018

C’est très fermement que le locataire de Koulouba actera qu’il n’y aura aucun glissement de calendrier et que la présidentielle se tiendra à date.
Que nul ne se méprenne sur le sens et la portée de sa décision de surseoir au référendum. « J’ai donc décidé, a-t-il dit, de mettre balle à terre, jusqu’à nouvel ordre.

Enterrer, certainement pas. Cette révision se fera, elle est inévitable, dans l’intérêt du pays ».
Sera-t-il candidat en 2018 ? À chaque chose, son temps semble-t-il répondre.

Le président, qui dit suivre comme le lait sur le feu les pulsions de son peuple, révèle à notre confrère Jeune Afrique que ce ne sera « pas à un média, si respectable soit-il, que je dirai si je suis ou non candidat, mais au peuple malien. »

Pour ce qui est de la course effrénée à la candidature engagée déjà par ses éventuels adversaires (Soumaïla Cissé donc, mais aussi Moussa Mara, Oumar Mariko, Modibo Sidibé, Tiébilé Dramé, Kalifa Sanogo…), le président IBK pense que « c’est un signe de vitalité pour la démocratie malienne », sans autre forme de commentaires.

Sur ses rapports compliqués avec son parti, le RPM : « RPM reste mon parti »

Pour le président IBK, jusqu’en octobre 2016, président fondateur comme le dit Tréta et leader incontesté de son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM), aurait pu être et pourrait être en meilleure forme que celle qu’il affiche aujourd’hui de manière regrettable. Comment ? Le président estime qu’il est toujours temps pour le peuple du Tisserand de comprendre et d’intégrer à tout jamais que, bien que membre fondateur et cadre du RPM, Ibrahim Boubacar Keïta n’a pas été élu président de la République pour se « livrer à une gestion partisane de l’État. J’ai été élu par l’ensemble des Maliens ».

Une fracture avec son parti ? Que nenni, que nenni : « je sais, précise-t-il, l’importance d’un parti dans le combat politique et le RPM reste mon parti, même si je n’en suis plus le président ».

Le discours est-il à même de rassurer la Famille RPM ? En tout cas, l’équivoque est désormais levée. Le RPM est et reste le parti d’IBK.

Sur sa famille, les accusations

Rappelant qu’il n’est pas « un homme d’argent », que les Maliens le savent qu’il était « le plus pauvre des principaux candidats à l’élection de 2013 », et depuis qu’il n’est « pas devenu le plus riche des présidents », le président IBK explique que le malheur de son fils ainé, l’honorable Karim Keïta « est d’avoir battu démocratiquement un leader de l’opposition, ce qui ne lui est pas pardonné ». Pour ce qui est de sa femme, Madame Keïta Aminata Maïga, le président IBK qui vit toujours dans le domicile familial, défie quiconque de lui indiquer une seule affaire dans laquelle elle se trouve mêlée.

Pour lui, cela procède « d’une injustice insigne » que de tremper sa famille dans toutes les sauces. « Ces accusations, martèle-t-il, sont tout simplement diffamatoires. Nul, d’ailleurs, n’ose les formuler publiquement. »

Sur ses rapports avec ses prédécesseurs

Le président IBK dit que l’exil et le retour de l’ancien président Amadou Toumani Touré, ATT, qui vit depuis sa chute, en mars 2012 sont une affaire purement personnelle et qu’il n’a « absolument aucun grief contre lui. C’est un cadet qui me considère comme son aîné ».

Avec le président Alpha Oumar Konaré, il révèle qu’il n’a pas de problème et ses rapports avec le Général Moussa Traoré restent familiaux et très profonds. Pour ce qui est du général Sanogo, qui a dirigé le coup d’État de 2012, puis le Comité militaire jusqu’en 2013, et emprisonné depuis quatre ans, le président IBK dit s’abstenir de s’immiscer dans « des affaires judiciaires en cours. Mon seul souhait est que la justice passe ».

Les relations avec la France et la Communauté internationale

Pour le président IBK, entre le Mali et la France, il n’y a, dit-il, aucune friture sur la ligne. Paris sait que « personne n’a plus intérêt à la paix que les Maliens ». Pour ce qui est des attentes légitimes des populations maliennes à l’égard des forces alliées, le président IBK reste dans sa constance. Il appelle les Maliens à éviter le piège, à avoir respect et reconnaissance envers les forces internationales (Minusma et Barkhane) pour tout ce qu’elles font dans notre pays, notamment en matière de stabilisation et de formation de nos forces armées et de sécurité.

Sans tomber dans le panégyrique, le président IBK fait aussi remarquer que notre pays, « lieu de passage et d’aguerrissement pour des forces négatives qui, en réalité, visent le Maghreb et l’Europe », « est une digue et que si cette digue rompt, l’Europe sera submergée ». Par exemple, explique-t-il, « Avec Barkhane, la France ne défend pas que le Mali, elle défend ses propres valeurs, elle se défend elle-même ».

Quid de l’éternelle rengaine assénée sur le retard dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix ? C’est sans complexe que le président IBK rappelle les efforts financiers extrêmement lourds consentis par le gouvernement en appui à la démobilisation des ex-groupes armés. « La moindre des choses, de la part de nos amis, est de le reconnaître », dit-il.

Sur la mort des 11 soldats maliens

Tels une mise au point, ceux qui l’accusent de n’avoir pipé mot sur le raid de l’opération Barkhane qui a coûté la vie à 11 de ses soldats dans la nuit du 23 au 24 octobre dernier non loin d’Abeïbara, et un droit de réponse à ceux qui présentent ces héros morts pour la patrie comme des éléments retournés par les islamistes, le président affirme avec force que :
1 °) contrairement à ce qui est entretenu de manière malveillante, le Mali et la France ont officiellement échangé sur le raid. La France a présenté ses excuses. Le Mali a accepté les excuses présentées par la France. Pour le président IBK, « C’est un fait regrettable, qui peut hélas survenir dans ce type d’opération. On doit l’admettre et ne pas chercher d’autres raisons qui n’existent pas… Ne remuons pas le couteau dans la plaie. »
2 °) « Il s’agissait bel et bien d’otages des terroristes et il ne faudrait pas qu’il y ait là-dessus la moindre ambiguïté entre nos amis français et nous ».
Selon le chef suprême des armées maliennes, personne ne lui a dit officiellement dit que nos soldats tués dans cette opération n’étaient pas des otages, mais des éléments retournés et ralliés aux terroristes. « Et personne ne saurait me le dire. »

Sur « l’insécurité résiduelle »… et la lutte contre le terrorisme

C’est avec une sincérité déroutante que le président IBK, qui estime que l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger signé en mai-juin 2015 « n’est sans doute pas le meilleur des accords possibles », reconnaît que son pays fait « face à une multiplication des attentats meurtriers par engins explosifs improvisés, posés le long des routes, et ce quasiment chaque jour. Toutefois, en dépit du respect qu’il a pour les organisations de défense des droits de l’homme, comme tous les Maliens, il est estime « injuste et impartiale » les sempiternelles accusations d’exactions contre les forces armées et de sécurité de notre pays dans la « guerre d’usure avec son lot d’assassinats, d’égorgements et d’enlèvements » qu’elles mènent au nord et au centre. « La moindre des choses, préconise-t-il, est d’apporter la preuve de ce que l’on dénonce, d’enquêter à charge et à décharge ».

Aucune négociation avec Iyad

Très clairvoyant, l’Homme d’État prévient cependant contre tout amalgame et toute velléité d’ethnicisation de l’excroissance du terrorisme vers la zone du Macina. Il s’agit pour le président IBK d’une offensive de la terreur commanditée par Iyad Ag Ghali, lequel a fait allégeance à Al-Qaïda. C’est pourquoi il reste intransigeant quant à toute négociation avec l’émir du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans. À ceux qui lui reprochent de ne pas chercher à négocier avec Iyad, sa réponse est donc sans aucune équivoque : « c’est hors de question ».

SourceInfo-Matin

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