Les religieux, à l’appel explicite ou implicite de leurs leaders, ont joué un rôle indéniable dans l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita à la tête du Mali. Mais cela était loin d’être un acte spontané comme d’aucuns continuent encore à le croire. En vérité, IBK a toujours eu l’intelligence de se cacher derrière l’islam pour mieux séduire l’électorat musulman et exploiter à fond l’extrême naïveté de celui-ci. Ce qui, en théorie, devrait amener toute personne réellement censée, à en déduire que, la relation entre IBK et les religieux, n’a jamais été sincère. Elle n’a véritablement visé que le pouvoir, une institution dont il a toujours rêvé, essentiellement pour ne réaliser que ses propres fantasmes, allant même jusqu’aux plus névropathiques.
En effet, bien avant sa présidence de la République du Mali, IBK avait toujours eu pour méthode électoraliste de garder une certaine affinité avec les leaders religieux après avoir eu la nette conscience que ces derniers représentent des voix hautement audibles au sein de la société civile malienne.
C’est pour cela qu’IBK s’était très vite rangé en cherchant coûte que coûte à extirper les rapports conflictuels qui prévalaient entre lui et la communauté religieuse, rapports nés après sa légendaire bastonnade des croyants musulmans lors de son passage à la Primature sous AOK. Ce qui avait d’ailleurs amené une bonne frange de la communauté islamique à voter contre sa candidature lors du scrutin présidentiel de 2002 et qui finira par donner ATT vainqueur des élections.
C’est dès lors qu’IBK comprit qu’il fallût vaille que vaille tout réussir désormais pour avoir la communauté religieuse de son côté plutôt que contre soi. Ainsi, IBK ne manquera plus à aucun appel ou sollicitation des musulmans et même les chrétiens dans la seule optique de redorer son blason et se donner plus de popularité auprès de ceux-ci. Mais point en sa qualité de bon musulman, loin s’en faut !
Le passage quasi-annuel d’IBK sur la tribune de Maouloud de Chérif Ousmane Madani Haïdara où l’homme avait pris l’habitude de jurer sur le Saint Coran en insistant qu’il n’avait jamais volé un seul centime du denier public, et lequel geste suscitait, chaque fois, de vives ovations au sein de l’auditoire religieux sur place, ne cadrait qu’avec une supercherie politicienne savamment mûrie.
Par conséquent, lorsqu’au moyen de tous ces tentacules, IBK est enfin parvenu à s’approprier la confiance de la communauté religieuse du Mali matérialisée par son plébiscite à la tête de l’Etat, l’homme, à travers un bilan foncièrement décevant après plus de 4 ans passés au pouvoir, a carrément fini par démontrer au peuple, en particulier, ses “amis” religieux, qu’il ne mérite plus leur confiance. Car, tous se sentent absolument trahis par l’incurie, voire l’incapacité aigue d’un président populiste et fanfaron, un pseudo-bourgeois qui n’a manifestement aucun souci des Maliens.
S’agissant de la tonitruante contestation autour du projet de révision constitutionnelle où la société civile s’est historiquement mobilisée à travers la Plateforme “An tè, A bana” pour dire “non” à une initiative qui, au fond, ne visait qu’à assurer à IBK, la longévité au pouvoir, l’ultime recours du président de la République ne fut autre que ces mêmes chefs religieux à qui, des sommes faramineuses avaient été octroyées afin qu’ils puissent s’y mettre pour faire basculer la tendance en faveur du “oui”. Ce qui n’a point fonctionné ! Car, la jeunesse a ouvertement prouvé à ces leaders religieux acquis à la gloire du pouvoir, qu’ils n’avaient plus aucune suprématie, ni légitimité pour réussir une telle “mission”. Ce qui contraignit le pouvoir à “ravaler” son “machin” pour aller mourir d’où il avait été “vomi”.
Par ailleurs, l’octroi public des 150 hectares par IBK au guide des Ançar, Chérif Ousmane Madani Haïdara, la semaine dernière lors de la deuxième journée du Maouloud, n’a pas manqué d’être accueilli par les observateurs, non seulement, comme un subterfuge électoraliste s’inscrivant dans la précampagne présidentielle en vue d’arracher un second quinquennat, mais aussi, comme un motif de division au sein de la communauté musulmane, notamment entre les chefs religieux qui n’appartiennent forcément pas à un même courant spirituel. Ce qui représente un éminent danger pour la cohésion sociale.
La preuve en est que Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, n’a jusqu’ici jamais mis les pieds à aucun des lieux de célébration du Maouloud organisée par Ousmane Madani Haïdara pour la simple raison que les deux hommes n’ont jamais été issus de la même philosophie religieuse. Mais n’en déplaise ! IBK, quant à lui, n’a désormais d’yeux que pour l’horizon 2018 en dépit d’un amenuisement considérable de ses chances à pouvoir reconstituer une confiance sérieusement galvaudée par sa propre insouciance politique et morale.
Comme on le voit si bien à la lumière de tout ce qui précède, la connexion entre IBK et la communauté religieuse n’a jamais reposé sur la moindre sincérité spirituelle et morale. IBK a plutôt juste eu habilement tendance à se servir de la crédulité de ses compatriotes religieux, notamment musulmans, pour n’assouvir que ses propres appétits politiques. Car, si Ibrahim Boubacar Kéita se préoccupait, en toute vérité, de ce fameux rapport le liant aux religieux, ceux-ci ne seraient pas autant déçus du bilan de sa gouvernance.
En d’autres termes, si la moralité religieuse du président était réellement sincère, une bonne partie des promesses de campagne solennellement prises devant le peuple entier, seraient tenues sans reproche. Mais il n’en a strictement rien été ! IBK s’est intelligemment servi du tremplin religieux pour escroquer à foison la conscience populaire malienne.
Et pis, depuis un certain temps, l’homme est visiblement en train d’affûter de nouvelles armes pour réussir à “revivifier” les mêmes faux rapports sournoisement entretenus avec les religieux et qui lui ont permis d’accéder à la fonction suprême à la suite des élections de 2013. Mais, ce même peuple duquel IBK s’est royalement “moqué”, l’attend de pied ferme en 2018 pour lui rendre l’exacte monnaie de sa pièce.
Ce type d’arnaque politique dont il a incroyablement l’art, ne marchera donc plus dans un Mali où l’ensemble du peuple est dorénavant décidé à tourner sa page : en le chassant loin du pouvoir.
Dilika Touré
Sirène- Mali