La révélation est du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita dans le numéro 2783 de l’hebdomadaire Jeune Afrique, en kiosque du 11 au 17 mai 2014. Le président de la République en a profité pour revenir sur plusieurs sujets d’actualité au Mali comme ses relations avec le sulfureux homme d’affaire corse qu’il « considère comme un frère ».
Le chef de l’Etat dans sa tentative d’apporter un démenti à l’accusation selon laquelle il y a une emprise de la famille présidentielle sur l’appareil d’Etat, a pris l’exemple de son fils Karim Kéita, aujourd’hui député et surtout président de la Commission défense de l’Assemblée nationale. « Lorsque Karim (son fils, Ndlr) a voulu se faire élire député, puis président de la Commission de défense, j’étais contre », a martelé un IBK.
Avant cette précision présidentielle, deux explications étaient données par rapport à la candidature du fiston national. Une première qui disait que c’est IBK lui-même qui avait imposé son fils et avait mobilisé deux ministres pour son élection. La deuxième explication faisait état de l’imposition de la candidature par la mère de Karim, Mme Kéita Aminata Maïga. Après cette mise au point du chef de l’Etat, les Maliens pourraient en déduire que c’est la deuxième hypothèse qui l’emporte.
C’est dire que la candidature de Karim Kéita pour la députation a été suscitée et soutenue par la première Dame. Mais qui l’a imposé à la tête de la Commission défense de l’Assemblée nationale quand on sait que le poste était censé revenir à un autre député RPM en l’occurrence Niamé Kéita, élu à Nara ? C’est peut-être toujours sous l’influence de la première Dame et ce qui voudrait dire aussi que Mme Kéita Aminata Maïga n’est pas qu’une simple première Dame, mais joue un rôle prééminent dans le régime de son mari, capable de faire et de défaire les hommes et les carrières.
Dans la même interview, IBK aborde plusieurs autres sujets. Confronté à de nombreuses critiques sur ses premiers mois au pouvoir, IBK répond point par point, sans se défiler, à toutes les accusations, le tout dans un français châtié dont il a le secret.
L’ »affaire Tomi », du nom de cet homme d’affaires corse dont « Le Monde » affirme qu’il a financé IBK ? « Je considère Michel Tomi comme un frère. Mais jamais, au grand jamais, il n’a été question d’argent entre nous ». Les discussions de paix bloquées avec les groupes rebelles du Nord ? « L’image d’un IBK attentiste, jouant le pourrissement de la situation et agitant la carte nationaliste ne correspond en rien à la réalité ».
Dans ce riche entretien, le président malien se dit conscient de la « longue marche » qui l’attend pour redresser son pays. Et réaffirme qu’il est « imperturbable » et déterminé à réussir, n’écartant pas au passage l’éventualité d’un second mandat.
A. Diakité