5 Premiers Ministres en 5 ans.
Voici donc le record battu par le Président IBK, aucun Président avant lui n’avait usé autant de PM en si peu de temps, cela dit beaucoup de sa conception du pouvoir, et des rapports que doivent entretenir un PR et son PM, au-delà de ces considérations, cela dit également beaucoup de l’état dans lequel se trouve le microcosme politique au Mali.
Sur les 5 PM, deux ont été démis de leur fonction, il s’agit de Moussa Mara et de Modibo Keita, quant aux deux autres, ils ont décidé d’abandonner, du fait de divergences avec le PR sur la composition de l’équipe gouvernementale.
Concernant Abdoulaye Idrissa Maiga, il est l’unique PM issu du parti Présidentiel, le RPM et était bien parti pour rester contrairement aux bruits médiatiques, mais face à la difficulté à former une équipe Gouvernementale, ce dernier s’est résolu à jeter l’éponge. Impossible pour lui de concevoir le retour de certains ministres dans le Gouvernement, y compris ceux issus de son propre parti, dont il exècre la gestion et les comportements, qu’il juge déloyaux. De bilan, il n’en a pas, impossible en un si court laps de temps, d’avoir un quelconque impact sur le quotidien des Maliens.
Le choix de SBM est avant tout un choix logique, plus que de calculs politiciens, l’homme est omniprésent depuis 1992, tantôt conseiller, tantôt ministre, il a été de tous les régimes, et en est un pur produit du système. Il possède une solide assise politique, et est sans doute moins clivant que AIM, son parti membre de la majorité présidentielle avec 4 Députés, ne représente pas une menace directe pour le PR, enfin il est le dernier dans l’entourage du PR à posséder la carrure d’un Pm, avec le réseau qui va avec.
Difficile de connaitre le bilan de ses 27 années passées dans les couloirs du pouvoir, même si certains s’égosillent à vouloir en faire un surhomme, un stratège comme disent-ils. Ministre des affaires étrangères de ATT, Ministre de la défense de IBK en 2014, il a été des grandes défaites politiques et militaires du Mali face à la rébellion, même si sa responsabilité n’est pas directement engagée. En matière de sécurité, il sait de quoi il parle et maitrise les sujets, et c’est là le risque, celui d’un PM qui miserait tout sur le sécuritaire, se souciant peu du social, la grande lacune de la gestion du pouvoir actuel.
Le choix de SBM apparait donc comme logique sous certains angles, mais ne permet pas au PR, d’engranger des points sur le plan politique en tant que tel. Cependant la composition politique du Gouvernement révèle dores et déjà les manœuvres pour l’élection présidentielle de 2018, les Ministres issus des partis membres de la majorité héritent de portefeuilles plus importants comme l’éducation nationale, ou les affaires étrangères, les personnalités clivantes ou trop visibles faisant de l’ombre sont écartées, provisoirement, et celles qui ont échoué simplement remerciées.
Il ne reste que 8 mois avant la Présidentielle, en politique les choses sont lentes, SBM aura surement à cœur d’organiser des élections, c’est le seul aspect sur lequel il sera jugé, difficile dans les conditions actuelles, d’imaginer une quelconque amélioration de la situation sociale ou sécuritaire, ce Gouvernement pléthorique sera plus préoccupé par les positionnements politiques que par l’expédition des taches courantes, nous sommes dans une année électorale après tout.
Ce remaniement à minima témoigne également de la confiance du pouvoir actuel, en sa capacité à se faire réélire en 2018, il faut dire que l’opposition en face n’est pas dans un meilleur état et cherche toujours un angle d’attaque cohérent, qui puisse fédérer la foule des mécontents. Cette opposition tantôt virulente tantôt absente, ne s’est pas structurée, et n’apparait pas pour l’instant comme étant une alternative crédible. Sa stratégie se base sur le rejet du PR, une stratégie qui ne peut garantir la victoire. Qu’a-t-elle à proposer pour la résolution de la crise au nord, pour le pouvoir d’achat des maliens ? Motus et bouches cousues ! L’intellectualisme de l’opposition est en déphasage avec l’opinion nationale.
Il témoigne également de la confiance que le PR place en ses hommes, au-delà du parti qui a plus profité de son élection qu’autre chose. Le RPM, parti présidentiel, n’a jamais réussi non plus à fédérer autour de lui, et n’a jamais pesé idéologiquement sur la politique menée par le Gouvernement, la majorité s’est construite autour IBK et non autour de son parti, dont les dirigeants n’ont jamais aspiré à être des forces de proposition, se contentant de défendre la politique menée, quand bien même ils n’y étaient nullement associés.
Les partis politiques traditionnels sont usés, ils ne sont plus des réservoirs d’idées, mais de redoutables machines à mobiliser lors des élections, surtout lorsque cette mobilisation est motivée. La démocratie malienne souffre de la décrépitude des partis politiques qui en sont pourtant les acteurs principaux. La conséquence de tout cela c’est l’émergence de mouvements alternatifs, qui bien que mal structurés attirent de plus en plus de monde par un discours cru et démagogique, qui séduit. Les électeurs seront-ils prêts à franchir ce pas ?
Bonne et heureuse année 2018 !
La rédaction