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IBK dans le texte

Le président a accordé, le 4 septembre 2014, un entretien à l’ORTM et AFRICABLE pour dresser le bilan de son premier anniversaire au pouvoir. Nous commentons ses propos…

 tele ibk ibrahim boubacar keita president malien

Comment se sent IBK après un an au pouvoir?

Réponse du président IBK: « Bissimilahi Rahmani Rahim ! Je voudrais d’abord rendre grâce à Allah qui m’a permis de voir ce jour…Un profond sentiment de reconnaissance m’anime. Quand des hommes vous choisissent pour présider à leur destiné terrestre, cela est un engagement très lourd ».

 

Leçon: IBK plante prudemment le décor : qu’on ne lui en veuille surtout pas s’il peine à obtenir des résultats car son « engagement est très lourd » et,bien sûr, tout succès dépend de Dieu. Or qui ose demander des comptes à Dieu ?

 

 

Quel espoir nourrissez- vous par rapport aux pourparlers d’Alger ?

Réponse: « …L’accord préliminaire de Ouagadougou, auquel d’ailleurs nous devons notre élection, prévoyait ces pourparlers…Il est très important que les fils de ce pays puissent se retrouver; voilà pourquoi, d’abord, les assises du nord ont été organisées…Ces assises ont été l’occasion de jeter les bases du comment revivre ensemble et de préparer les négociations qui se tiennent en ce moment… Dans les accords de Ouagadougou, il était question du cantonnement et du désarmement des groupes armés. Ces choses n’ayant pas été suivies, il allait de soi que les pourparlers accusent un retard. Je fonde beaucoup d’espoir sur ces négociations qui aboutiront, je l’espère, à un accord. Nous n’avons d’autre choix que de dialoguer entre frères condamnés à vivre ensemble »

 

 

Leçon: IBK se résigne (enfin!) à négocier sans exiger, au préalable, le désarmement et le cantonnement des groupes armés. Il consent à oublier ces prescriptions formelles de l’accord de Ouagadougou et de la Résolution 2100 du Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est vrai que le Mali, depuis la chute de Kidal, n’est plus à même de poser des préalables; au contraire, c’est lui qui excécute avec empressement les préalables posés par les rebelles, notamment en libérant par camions entiers des jihadistes et des assassins non repentis. En tête de ces bandits recherchés même par la justice internationale figure Alhousseyni Houka Houka, ex-commissaire islamique de Tombouctou, grand coupeur de bras devant l’Eternel: il vient de quitter les prisons maliennes malgré les hauts cris des associations de défense des droits de l’homme.

 

 

Les autres l’entendent-ils de cette oreille, surtout que depuis le 21 mai 2014, ils sont en position de force sur le terrain ?

Réponse : « Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cette expression de « position de force ». Aucun groupe armé n’est en position de force devant un gouvernement issu d’élections libres et incontestées. Nous avons déploré une violation fragrante d’une disposition des accords de Ouagadougou le 17 mai. Le gouvernement est conscient et soucieux de faire la part des choses pour permettre à chaque Malien d’être à l’aise où qu’il se trouve ».

 

Leçon: IBK privilégie ici la bonne vieille méthode Coué; sinon, comment nier l’évidence ? Comment nier que les rebelles se trouvent en « position de force sur le terrain » alors que le Mali ne conserve ni un soldat, ni un préfet à Kidal ? Ce n’est pas un scrutin électoral libre qui changerait cette triste réalité! D’ailleurs, les rebelles ne semblent pas reconnaître le scrutin qui l’a porté au pouvoir dans la mesure où ils se sont opposés militairement à la visite de son Premier Ministre dans leur fief. Quant à « permettre à chaque Malien d’être à l’aise où qu’il se trouve », cela relève du voeu pieux.

 

 

N’y a-t-il pas une autonomie de fait, quand on sait que l’armée et l’administration ne sont plus présentes dans la région de Kidal?

Réponse: « Il y a eu des dérapages qui ont conduit à cette situation…Nous devons mettre tout en œuvre pour restaurer la confiance qui a été malmenée des deux côtés…La réconciliation prendra beaucoup de temps mais nous y parviendrons. »

Leçon: IBK évite soigneusement la question de l’autonomie : celle-ci va, en réalité, de soi !

 

 

Vous suivez les pourparlers d’Alger: qu’est-ce qui est négociable ?

Réponse: « Une feuille de route a été signée en prélude à ces pourparlers. Elle retrace tout ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas. Toutes les parties prenantes sont signataires de cette feuille de route. Les groupes armés se sont engagés à respecter la laïcité et l’intégrité territoriale du Mali. Donc, je crois que personne ne viendra mettre en cause cette feuille de route. Toutes les voies ont été tracées, il reste seulement à y mettre un contenu. Toute la communauté internationale est là pour être garante des accords qui seront issus d’Alger. Depuis le cessez-le-feu, nous avons scrupuleusement respecté nos engagements, mais de l’autre coté, il y a eu une tentative d’expansion territoriale. La communauté internationale devrait en prendre acte et en tirer les conséquences ».

 

Leçon: Selon IBK, en dehors de la laïcité et de l’intégrité territoriale du Mali, tout est négociable. Est-ce à dire que le Mali est prêt à accepter le fédéralisme ou l’autonomie du nord ? Ces statuts juridiques ne remettent, certes, pas en question l’intégrité territoriale ni la laïcité du Mali, mais ils traceraient un boulevard pour les rebelles dans leur quête d’indépendance ! De plus, que deviendraient les ressources minières du nord ? Qui les exploitera ? Et si les rebelles demandaient la moitié des ministères ? Et s’ils décidaient de gérer leur propre défense et leur propre diplomatie ? Ou encore l’allocation annuelle au nord de centaines de milliards en provenance du sud ?

 

 

La réintégration dans l’armée fait partie des doléances des groupes armés: ne serait-ce pas un manquement à la mémoire des soldats tués à Aguelhok ?

Réponse : « Il n’est jamais facile de faire la paix; il y a toujours des concessions à faire. Cependant, il ne sera jamais question d’oublier ce qui s’est passé à Aguelhok. Nous verrons tout ce qu’il est possible de faire pour que justice soit rendue. Ce ne sera pas sur le socle de l’injustice que nous bâtirons le Mali de demain, mais sur celui la justice. Il y aura justice malgré l’accord ».

 

Leçon: IBK, qui déteste qu’on le « trimbale », se plaît ici à « trimbaler » les Maliens. Après avoir libéré, sans jugement, les criminels jihadistes et séparatistes, est-il encore fondé à promettre la justice ? A moins de redéployer l’armée à Kidal au prix d’une…nouvelle défaite!

 

Vous avez déclaré l’année 20104 année de la lutte contre la corruption, on attend toujours….

Réponse: « Le temps de la justice est le temps de la justice. Je la laisse faire son travail à son rythme et je répète que je n’interviendrai jamais auprès de la justice en faveur de quelqu’un ».

Leçon: Alors, comment les détenus rebelles ont-ils été libérés en masse et en vitesse ? Sur ordre de Guimba National, peut-être?

 

 

En tant que premier magistrat, vous pouvez accélérer les choses, comme le procès de l’ancien président ATT et celui contre le journal « Le Monde »…

Réponse : « Je ne laisserai aucune affaire pendante. Jamais les magistrats n’ont été envahis par autant de dossiers. Tout leur a été transmis. Laissons le temps à la justice. Pas d’acharnement. Ce n’est pas en 2014 que tout sera réglé mais elle reste une année de démarrage de cette lutte implacable contre la corruption ».

Leçon: Le journal « Le Monde » et ATT peuvent dormir sur leurs deux oreilles. IBK ne se souvient plus d’eux…

 

 

Les Maliens attendent des cas emblématiques comme celui du général Sanogo…

Réponse : « Aujourd’hui, lui et certains de ses compagnons son sous le coup d’accusation graves. La justice est en train d’en connaître. Nul obstacle ne sera mis sur le chemin de la justice dans cette affaire… Beaucoup de choses ont été dites. Il a même été question de serment et de protection. Je suis un homme d’Etat qui n’ira jamais se refugier sous la tente qui que ce soit. Je le répète: aucune entrave ne viendra compromettre la marche de la justice dans cette affaire ».

Leçon: Cette fois, IBK ne fuit pas la question comme cela fut le cas au sujet du « Monde » et d’ATT.

 

 

Et la réconciliation des bérets verts et des bérets rouges ?

Réponse: « Il n’y a pas deux armées maliennes mais une seule. Le chef d’état-major général des armées est un béret rouge. Aujourd’hui, par les efforts conjugués des membres de la Transition et de mon gouvernement, les frères d’armes se sont rapprochés ».

Leçon: là, nous sommes en phase avec le président.

 

Certains pensent que jamais la famille n’a été au cœur de la gestion du pays comme aujourd’hui…

Réponse: « Pendant toute ma vie, mon combat a été « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ». J’ai cultivé au sein de ma famille la discrétion. Quand on parle de la famille, on parle de mon fils Karim qui a été élu à une députation… Le Malien de la rue sait que je n’étais pas d’accord avec cette décision de Karim, mais c’est unadulte et un militant politique qui a été choisi par sa base. Je ne crois pas qu’il ait été élu parce que son père est président. Certains sont même allés imaginer que Karim a été député pour me remplacer après ma mort. Je ne suis pas machiavélique à ce point! »

Leçon: Pour un modèle de « discrétion », Karim en est bien un ! Karim député ? IBK        n’était pas d’accord ! Karim président de la commission défense du parlement ? IBK n’était pas d’accord ! Bien entendu, IBK ne serait pas non plus d’accord que son fils lui succède. Mais qui sait si le peuple n’en décidera pas autrement,Inch Allah ? Et que pourrait le grand démocrate IBK contre la volonté du peuple ?

 

 

Qu’avez-vous fait pour améliorer le quotidien des Maliens ?

Réponse: « Quand je demande la situation du panier de la ménagère, mes conseillers me rassurent. A la veille du Ramadan, les prix des produits de première nécessité étaient en deçà des prix traditionnels. Dans la revalorisation des grilles salariales, 4 milliards ont été injectés. Un effort fabuleux a été fait pour alléger la charge des chefs de familles… »

Leçon: Il est tout à fait étrange qu’au moment où le président se félicite du niveau de vie des Maliens, ceux-ci crient de faim et de soif. C’est vrai qu’on ne pense pas de la même manière dans une chaumière que dans un…Boeing 737 ! D’ailleurs, ces conseillers qui « rassurent » le président, ne vivraient-ils pas sur la planète Mars ?

 

 

A la grogne de l’UNTM est venue s’ajouter celle des populations de la commune 2 de Bamako, qui ont déversé leurs ordures sur la voie publique. Défaillance de l’Etat?

Réponse : « Cela pose le problème de l’autorité de l’Etat et aussi du civisme des populations. Les élus doivent comprendre que leur mission est avant tout la satisfaction des besoins de ceux qui vivent dans les communes qu’ils dirigent. Parmi ces besoins, l’assainissement de l’environnement immédiat. Si vous fermez les dépôts, il faudrait indiquer un lieu où déverser les ordures. L’assainissement est un souci majeur du gouvernement qui d’ailleurs vient d’autoriser la signature de deux conventions dans le cadre de l’assainissement. Cependant, il faut aussi amener les populations à comprendre qu’elles sont les premières concernées … »

Leçon: La faute des saletés revient donc aux maires auxquels IBK reproche de se rouler les pouces au milieu des déchets. Les populations, à mots couverts, en prennent aussi pour leur grade: si elles continuent de jeter des ordures dans les rues, tant pis pour elles car elles sont « les premières concernées », les premières victimes des moustiques et des rats! Quant aux « conventions » citées par le président, nul ne sait rien de leur contenu ni de leur effet.

 

 

 

Un an après, pensez-vous avoir porté suffisamment la voix du Mali sur l’échiquier international ?

Réponse: « Je pense que j’ai fait ce que j’avais à faire pour le Mali. J’ai porté le Mali partout où besoin était.Il était nécessaire, face aux incompréhensions, que nous partions à l’international dire ce qu’était le vrai Mali. Nous n’avons effectué, de notre élection à aujourd’hui, aucune sortie personnelle, si ce n’est pour le Mali…Ceux qui en comprennent l’intérêt et qui, à ma place, auraient fait la même chose, savent qu’il s’agit du Mali et non d’IBK. Mais, encore hélas !, il y a la politique politicienne qui vient encore perturber le vrai sens des choses. Il fallait sortir le Mali de son isolement et si c’était à refaire, je le referais ».

Leçon: Pourtant, IBK s’est rendu en visite privée à Marseille ! En outre, de ses nombreux voyages pour la cause du pays, notamment au Qatar et au Rwanda, nul ne voit l’ombre d’un fruit. Si n’est pas là du tourisme de luxe… Et puis, appelle-t-on vraiment « isolement » la situation d’un pays sous perfusion financière internationale et sous protectorat franco-onusien ?

 

 

Vous le referez à bord du Boeing 737 qui cause aujourd’hui un froid avec le FMI, la Banque Mondiale et l’Union Européenne ? Quelle est votre part de vérité ?  

Réponse: « Il y a eu des erreurs de communication. Le froid dont on parle n’a pas été senti par moi lorsque j’étais à Washington ou à la Banque Mondiale. Mais je crois que le FMI est dans son rôle en tant que régulatrice de l’économie mondiale. Elle doit s’assurer qu’une telle acquisition n’a pas porté préjudice à l’équilibre des comptes du pays.S’il y a eu un préjudice porté à l’équilibre financier, le FMI ne fait qu’indiquer les voies et moyens pour un nouveau départ ».

Leçon: Contrairement à ce qu’allègue IBK, le FMI ne régule pas « l’économie mondiale » mais plutôt celle de pays sinistrés comme le nôtre. Il ne viendrait jamais à l’idée du FMI d’aller jouer au père fouettard en Russie ou en Chine. D’ailleurs, le président ivoirien vient de révéler publiquement avoir refusé les prêts du FMI (trop cher rémunérés) et s’être tournés vers les marchés internationaux de capitaux. Pour plaire au FMI, IBK préfère, lui, avouer les « erreurs » de gestion de son régime qu’il qualifie adroitement d’« erreurs de communication ». Le FMI lui en sera-t-il reconnaissant en rétablissant ses aides ?

 

 

Les choses se sont-elles passées dans les règles de passation des marchés ?

Réponse : « C’est clair que le FMI n’a rien à voir avec les dépenses de souveraineté. Seules les procédures comptent chez des institutions financières comme le FMI. Nous verrons avec le ministre (des Finances) s’il y a eu des erreurs et nous les corrigerons. Le FMI vient (au Mali) le 11 septembre 2014 pour une revue; les appuis budgétaires reprendront en décembre. Contrairement à ce que les gens pensent les, caisses (de l’Etat) ne sont pas vides. Aucune activité régalienne du gouvernement n’a été perturbée. Tous les marchés seront revus pour corriger les erreurs ».

Leçon: IBK reconnaît (encore un aveu !) l’irrégularité des marchés puisqu’il abandonne le conditionnel (« si… ») pour promettre fermement la révision desdits marchés. A l’entendre, les caisses de l’Etat ne sont pas vides à l’égard des ministres, mais plutôt à l’égard des pauvres gens comme vous et moi. Donc acte !

 

 

Qu’avez-vous fait dans le cadre de la reforme des forces de défense et de sécurité ?

Réponse: « Tout Malien ne peut que se soucier de la situation de l’armée. Notre pays n’avait qu’une armée théorique avec des hommes incompétents, sans aucun moyen. Une armée, c’est d’abord les moyens, même si les soldats sont motivés. A Gao, on a vu nos jeunes soldats combattre sans casque de protection. Notre volonté est de réhabiliter, former et équiper l’armée. Il me reste 4 ans pour tenir cette promesse. Inchallah, l’armée sera remise sur pied ».

Leçon: Sachant qu’elle n’était pas remise sur pieds, pourquoi IBK a-t-il laissé cette « armée théorique »déclencher les hostilités à Kidal ? Quant aux « hommes incompétents » qui, selon le président, peuplent l’armée, qui sont-ils ? Qu’attend-on pour les fusiller ?

 

 

Et le banditisme?

Réponse: Vous êtes en passe de me taquiner car un braquage a eu lieu derrière ma maison ! Nos concitoyens sont quotidiennement victimes de braquages. Dans la situation qui est la nôtre, tout est possible. Nous allons commencer d’abord à lutter contre la circulation des armes légères et, en même temps, équiper les forces de sécurité.

Leçon: les mêmes « hommes incompétents », hein ?

 

Votre dernier mot?

Réponse: « Je ne réussirai pas tout mais je suis au service du peuple. Ce qui n’a pas été fait n’est pas dû au manque de volonté mais aux contraintes indépendantes de ma volonté. Je fais un clin d’œil à la classe politique pour dire qu’à un moment de l’histoire des peuples, le resserrement est souvent nécessaire. En ce moment-là, des propos peuvent faire tort, non à IBK, mais au Mali. Pour ce qui passe à Alger, je souhaite que la confiance soit de mise entre tous les protagonistes. Par la grâce d’Allah, nous avons eu un bon début d’hivernage; je souhaite de bonnes récoltes… Je remercie du fond du cœur toutes celles et toux ceux qui ont porté à la magistrature suprême le fils de Boubacar Kéita ».

Leçon: Bon anniversaire au fils de Boubacar et de Koniba ! Procès-Verbal se fera un devoir de l’écouter l’an prochain, Inch Allah!

 

Tiékorobani

 

 

SOURCE: Procès Verbal  du   16 sept 2014.
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