Dans le microcosme politique malien, les polémiques sont loin de désenfler au sujet du départ de Moussa Mara de la Primature.
A lire la presse locale, où on ne finit pas de spéculer, son départ ne serait qu’une question de temps. Et d’ores et déjà les noms de quelques barons du Rassemblement pour le Mali (RPM) sont cités en permanence comme “premier ministrables” possibles après Moussa Mara : Abdramane Baby, Nankouma Keïta, Bocary Treta, Abdoulaye Idrissa Maïga. Il va sans dire les projecteurs de l’actualité restent braqués sur Mara, qui, pour le moment, fait une sourde oreille à ce qu’on pourrait qualifier de spéculation d’une presse pris en otage par des politiques, lesquels se livrent une guerre sans merci par journaux interposés.
Jamais le départ d’un Premier ministre n’a aussi fait l’objet de spéculation que celui de Moussa Mara, arrivé à la tête de l’exécutif le 05 avril 2014, après la démission inattendue de Oumar Tatam Ly, tombé sur le champ d’une bataille d’influence orchestrée par quelques apparatchiks du RPM. La nomination de Moussa Mara, on s’en souvient, a été diversement appréciée tant dans les rues que dans le microcosme politique. Au RPM, on avait eu du mal à avaler la couleuvre, et s’en est suivie une sorte de guerre froide, qui a fini par migrer dans la presse où les deux camps ont trouvé des « avocats de second ordre ».
Moussa Mara a été jugé responsable de la dégradation de la situation à Kidal, où l’armée malienne a subi une tannée terrible à l’occasion de sa visite qui a été jugée inopportune, impréparée, et dont les conséquences ont été désastreuses. Les critiques ont fusé. On le disait populiste, dur d’oreille, enclin à la « bravitude ». Nombreux sont ceux qui lui en tiennent encore rigueur. Ils ne lui pardonnent pas de s’être rendu à Kidal. Mais il n’y a pas que ça. Ce qu’on ne dit pas assez, c’est qu’au sein du RPM, parti politique du président IBK, certains pontes ont encore du mal à accepter le choix du « boss » d’avoir porté Moussa Mara à la tête de l’exécutif. En choisissant Mara, IBK en a pris plus d’un au dépourvu au sein de son parti, où le souhait le plus partagé était de voir le Premier ministre sortir des rangs du parti. Un souhait dont ils n’ont jamais fait mystère, témoigne l’acharnement auquel ils ont soumis le Premier ministre apolitique Oumar Tatam qui a fini par démissionner. Après donc sept mois à la tête de l’exécutif, le banquier n’avait pas tardé à établir la différence entre le travail dans une institution financière et celui au sein d’un gouvernement dont certains membres sont tout sauf un troupeau docile.
Au sein du RPM, après Tatam Ly, on voulait un Premier ministre qui soit politique, mais pas n’importe lequel : un des leurs. Et si IBK, encore une fois, est allé à la pêche d’un Premier ministre hors des murs de sa famille politique, on est en droit de dire qu’il y a baleine sous le gravier. Certains observateurs y ont décelé une sorte de désaveu d’IBK vis-à-vis de ses camarades du RPM, lesquels, de leur côté, ont parlé d’une entorse à la démocratie.
Aujourd’hui, chacun y va de son commentaire. Moussa Mara partira ou partira pas ? C’est la question qui reste pour le moment sans réponse, même si dans certains cercles à Bamako, on est aussi sûr de son départ que deux et deux font quatre. « Je pense qu’il se passe des choses beaucoup plus graves dans le pays, comme les enlèvements des civils et ceux qu’on décapite, et leur vie qui devient impossible, pour spéculer sur ce qui se passe dans les petits cercles Bamakois », déplore un confrère. Mais il reste que nombreux sont ceux qui se demandent si IBK ne va pas finir par choisir un premier ministre au sein du RPM pour mettre un point final à tout ce remue-ménage.