Très souvent liée à l’âge, l’hypertrophie bénigne de la prostate, une pathologie bénigne développée au détriment de la prostate, est un véritable problème de santé publique. Elle est aussi appelée hyperplasie bénigne de la prostate. Dr Amadou Kassogué, chirurgien urologue et chef de service d’urologie du CHU de Kati indique que c’est une maladie de la vieillesse qui ne survient pas chez l’enfant. En effet, à partir de 50 ans, le volume de la prostate commence à augmenter chez la plupart des hommes.
L’urologue indique que deux études au niveau de son service ont révélé que 40% des activités chirurgicales sont dus à l’hypertrophie bénigne de la prostate. Selon le spécialiste, la maladie se manifeste par des signes appelés symptômes du bas appareil urinaire ou encore troubles mictionnels. La pollakiurie et la dysurie sont les signes les plus fréquents. Avec la pollakiurie le patient peut se lever 3 à 4 fois dans la nuit pour uriner. Dr Amadou Kassogué précise que ça peut aller jusqu’à 10 fois dans la nuit. C’est ce qu’on appelle la pollakiurie nocturne. Par contre, avec la pollakiurie diurne le patient est obligé d’aller uriner chaque heure.
Avec la dysurie, le patient a des difficultés pour faire la miction (action d’uriner). Ces difficultés, souligne-t-il, se manifestent par un jet urinaire faible. Le patient est obligé d’attendre ou de pousser pour que l’urine vienne. Il peut aussi faire des mictions à plusieurs temps. C’est lorsque le patient pense que l’urine reste encore. Il essaie à nouveau pour faire une deuxième miction. Il peut aussi s’agir d’autres signes comme les brûlures mictionnelles. Le toubib dit que les signes peuvent se compliquer et donner une rétention aiguë d’urine complète, c’est-à-dire une impossibilité d’uriner.
Le diagnostic de la maladie repose sur l’interrogatoire et sur l’examen physique essentiellement. L’interrogatoire renseigne sur les différents signes tandis que l’examen par toucher rectal permet de confirmer le volume de la prostate. Il permet aussi d’apprécier sa constance qui est ferme, élastique, régulière et sans nodule (une formation anormale, arrondie, palpable dans ou sous la peau, qui peut être une tumeur bénigne ou maligne).
Mais en cas de présence d’un nodule, il faut suspecter une tumeur maligne ou cancer. Comme complications, l’urologue confie qu’en dehors de la rétention, l’hypertrophie bénigne de la prostate peut se compliquer et donner une insuffisance rénale obstructive. Elle peut également provoquer une hernie inguinale, une obstruction sous vésicale, un calcul de la vessie ou des infections urinaires à répétition.
On ne peut pas prévenir cette maladie de l’homme puisque c’est une pathologie liée à l’âge. Cependant, on peut la traiter. Selon le chef de l’urologie du CHU de Kati, le traitement se fait en deux entités. Si elle n’est pas compliquée, elle se soigne médicalement. Mais lorsqu’elle est compliquée, on fait recours à la chirurgie.
«Au cours du diagnostic, s’il y a la complication, il faut traiter chirurgicalement», relève le praticien hospitalier. Pour la chirurgie, il relève qu’il y a actuellement la chirurgie endoscopique, la résection qui est le «gold standard», la chirurgie endoscopique avec l’utilisation du laser, la chirurgie classique appelé adénectomie.
Il a aussi souligné qu’au Mali, la chirurgie endoscopique est la plus pratiquée et que le type de chirurgie dépend du plateau technique et de l’expérience du médecin. Pour ces traitements, le pronostic médical donne un bon résultat mais ne guérit pas totalement le patient. Les patients finissent par la chirurgie.
Le traitement chirurgical comporte des séquelles. La plus connue c’est l’éjaculation rétrograde. Il s’empresse de préciser que les deux chirurgies ne diminuent pas la perfection de l’érection. Dr Kassogué indique aussi qu’il ne faut pas confondre la maladie avec le cancer de la prostate, le rétrécissement de l’urètre qui donne pratiquement les mêmes signes, le calcul de vessie isolée. Il conseille de faire une consultation urologique dès les premiers signes de l’hypertrophie bénigne de la prostate et de façon annuelle.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR