Au regard de l’évolution de la géopolitique internationale, le Mali n’est pas à l’abri d’une panne de carburant et de renchérissements des prix à la pompe. Des réunions de haut niveau sont en cours depuis quelques jours dans notre pays.
Cette semaine a été celle la valse des réunions techniques sur la crise mondiale du pétrole avec comme conséquence la pénurie ou le renchérissement des prix à la pompe. Des rencontres au sommet se sont tenues successivement le mardi dernier au ministère de l’Economie et des Finances et une autre était programmée à la Primature le lendemain mercredi. Il s’agit de parer au plus pressé, selon nos sources.
L’enlisement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine est un mauvais signal pour les pays consommateurs et non producteurs de pétrole. Cette guerre a anéanti les perspectives de croissances pour 2022 et augmenter en flèche l’inflation à tous les niveaux et dans tous les pays à travers le monde. Le Mali, pays de l’hinterland, dépendant du commerce international est en train de payer un lourd tribut.
Pour le cas spécifique du pétrole, notre pays importe ses besoins à 40 % d’un trader français via la Russie. Or avec l’embargo imposé par les occidentaux et les Américains contre la Russie, le pays de Vladimir Pontine a à son tour envoyé la flèche à ces mêmes pays. Le modus operandi a été de refuser de leur vendre son pétrole ou d’imposer l’achat avec le rouble, la monnaie locale à la place du dollar. Le Mali et la plupart des pays sont en train de payer cher les conséquences de cette guerre de positionnement géostratégique entre Russes, occidentaux et Américains.
Les réunions de ces derniers jours visent à analyser les paramètres d’une pénurie et ses conséquences immédiates de fluctuation des prix à la pompe. Ce qui sera une bombe sociale prête à détonner à tout moment.
Dans un entretien dans les colonnes de Mali Tribune le 8 avril 2022, le directeur national de l’Office national du Pétrole (Onap), Modibo Diall avait écarté tout risque de pénurie avec des propos plus ou moins nuancés. « D’après les chiffres que nous avons et avec tous les mouvements en cours, il n’y a pas de risque de rupture ou de pénurie de carburant », avait-il dit. Avant d’ajouter que « le marché pétrolier est très sensible aux événements géopolitiques. Quand la crise entre la Russie et l’Ukraine a éclaté, les marchés mondiaux du pétrole ont connu une répercussion. Tout produit qui est rare devient cher. C’est la loi du marché ».
La dernière hausse du pétrole au Mali remonte au mois de mars dernier. Le prix à la pompe est passé de 663 F CFA à 762 pour l’essence et de 593 F CFA à 760 F CFA pour le gas-oil.
Notre voisin le Sénégal a donné l’alerte en début de semaine sur un manque prévisionnel de kérosène (le carburant pour les avions) à l’aéroport international Blaise Diagne. Les autorités chargées de la gestion du kérosène dans cet aéroport ont opposé des restrictions quant à l’approvisionnement des avions étrangers.
Selon des informations, le gas-oil commençait à manquer dans les stations d’essence de Dakar le mercredi dernier. D’autres sources depuis Ouagadougou font état de crise d’essence le même mercredi dans la capitale burkinabé avec des difficultés pour des automobilistes et autres propriétaires d’engins de s’en procurer.
Abdrahamane Dicko
Mali Tribune