Chaque année depuis maintenant plus de 40 ans, sous l’impulsion de la communauté internationale qui n’est rien d’autre que la voix des grandes puissances économiques, le 8 mars est fêté comme la Journée mondiale de la femme. Si en Occident de façon générale, l’évènement semble compréhensible vue l’évolution de ces pays sur la question de l’émancipation de la femme et de sa place dans la société, dans les pays du Tiers-monde, cette fête ressemble à une imitation servile des sociétés développées.
Les critères édictés dans les pays occidentaux pour évaluer l’émancipation de la femme ne peuvent pas s’appliquer aux hommes des pays sous-développés, à plus forte raison à leurs femmes, vu l’écart considérable des modes de vie de part et d’autre. Par exemple le nombre de femmes ministres ou députées pris comme critère d’ascension sociale, ne veut rien dire dans les sociétés rurales d’Afrique pour la simple raison que cela ne concerne qu’une infime minorité de la gent féminine de chez nous comme en Asie ou en Amérique latine. Mais en Amérique du nord et en Occident, cette espèce de femme évoluée court dans les rues de chaque quartier des grandes villes et cela s’entend.
Dans les sociétés de chez nous, les femmes représentent plus des ¾ de la population féminine alors que de l’autre côté des océans, ce chiffre atteint à peine les 25 %, y compris dans les pays les moins développés d’Europe et d’Amérique.
Le paradoxe est que c’est au nom de cette grande majorité d’illettrées qu’une minorité lettrée prétend parler. On aura compris que cette minorité ne s’agite que pour des intérêts personnels, tellement les préoccupations sont différentes et les modes de vie opposés. Ainsi, quand madame la députée de la Cédéao rêve de passer ses vacances à Las Palmas, la paysanne de Mafèya sur les marches septentrionales du Méguétan se fait du souci pour son potager envahi d’herbes sauvages ou pour son champ d’arachide à entretenir avant les prochaines pluies.
C’est d’un monde à plusieurs vitesses qu’il s’agit et dont l’union ressemble étrangement au mythe de Sisyphe.
Dans ce domaine comme dans tant d’autres, la mimique sert de module dans les comportements y compris au sommet de l’Etat où l’occupant cherche dans les tiroirs les discours anciens de son prédécesseur pour les relire intégralement. On demandera d’ailleurs en vain à nos braves amazones du 8 mars la signification profonde de cet évènement purement occidental qu’on a implanté chez nous, qu’elles avoueraient leur ignorance sur ses tenants et ses aboutissants.
Les plus éclairées sans doute de la bande à Simone de Beauvoir et non de Nyéléni répondront sans doute que l’instauration de cette fête au Mali date de Moussa Traoré ou plus sûrement d’ATT.
Facoh Donki Diarra
(Ecrivain, Konibabougou)
Mali Tribune