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Hollande interpellé sur les droits de l’Homme en Afrique

Plusieurs associations ont mis en doute jeudi la volonté de François Hollande de tourner la page de la “Françafrique” et l’ont interpellé sur les droits de l’Homme à la veille du sommet de l’Elysée sur la paix et la sécurité en Afrique.

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L’entourage du président français a souligné qu’il avait reçu toutes les organisations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International.

“Tous ces sujets seront bien évidemment traités pendant le sommet”, assure-t-on. “Beaucoup d’entre eux sont portés par les pays africains.”

François Hollande entend lors du sommet de vendredi et samedi sceller le processus de refondation des relations franco-africaines qu’il appelle de ses voeux.

Une quarantaine de dirigeants africains sont attendus vendredi et samedi à Paris. Ceux de la Guinée-Bissau, de la Centrafrique, de Madagascar et de l’Egypte, suspendus par l’Union africaine à la suite d’un coup d’Etat dans leur pays respectif, n’ont pas été conviés mais des invitations ont été transmises à leurs ministres ou chefs de gouvernement.

Quant au président soudanais Omar Hassan al Bachir et au chef de l’Etat zimbabwéen Robert Mugabe, qui sont sous la menace de sanctions internationales, ils ont eux aussi été déclarés personae non gratae.

Interventionnisme

Une décision jugée insuffisante par plusieurs associations françaises qui déplorent la présence des présidents Denis Sassou Nguesso (Congo), Ali Bongo Ondimba (Gabon) et Teodoro Obiang Nguema (Guinée Equatoriale).

“Nous constatons que malgré les promesses qui avaient été émises en son temps par Nicolas Sarkozy et plus récemment par François Hollande, un certain nombre de faits se reproduisent dans la relation franco-africaine, que ce soit au niveau du soutien aux dictateurs ou des interventions militaires”, a dit jeudi le président de Survie, association luttant pour “ramener à la raison démocratique la politique de la France en Afrique”.

“Le soutien à certains chefs d’Etat, la coopération militaire ou policière, la vente d’armes et les fournitures de renseignement ne contribuent pas à la paix et la sécurité en Afrique”, a déclaré son président, Fabrice Tarrit, lors d’une conférence de presse.

L’opération Serval au Mali et l’intervention imminente de forces françaises en Centrafrique sont également perçues par les associations de lutte contre le “néocolonialisme” comme une nouvelle marque de l’interventionnisme français en Afrique.

“Il y a une triple relégitimation de la ‘Françafrique’, du rôle et de la présence de l’armée française et des dictatures”, juge Patrick Farbiaz, de l’association “Sortir du colonialisme”. “Beaucoup de ces interventions sont faites au nom de raisons humanitaires (…) ou de la lutte préventive contre le terrorisme”.

Bilan constesté pour l’intervention au Mali

Pour Issa Ndiaye, ancien ministre malien de l’Education sous la présidence d’Amadou Toumani Touré et fondateur du Forum Civique Mali, le bilan de l’intervention française au Mali pose question.

“Est-ce que l’intervention française a permis de rétablir la sécurité dans l’espace concerné? En dehors des grands centres urbains, la sécurité n’est pas revenue”, estime-t-il, relevant le rôle ambigu joué par la France vis-à-vis du Mouvement national de libération de l’Azawad (MLNA).

Dans un entretien au Monde publié mercredi, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a dénoncé la place donnée par Paris au mouvement rebelle touareg dans la région de Kidal, ce qui empêche selon lui l’Etat malien de reprendre le contrôle de l’ensemble de son territoire. Sur BFM TV jeudi matin, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que la France n’avait pas à prendre parti entre les différents groupes présents au Mali.

Amnesty International France (AIF) appelle de son côté François Hollande et Laurent Fabius à placer lors du sommet à l’Elysée “les droits humains au coeur des discussions” et “à obtenir des participants des engagements fermes sur la promotion et la protection des droits humains”.

“Paix, sécurité et justice sont intimement liées, la paix ne peut se construire en renonçant à la justice et à la réparation pour les victimes des pires exactions”, estime Geneviève Garrigos, présidente d’AIF, dans un communiqué. “La lutte contre l’impunité doit être une priorité absolue pour mettre un terme au cycle infernal de la violence et de la mort”.

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