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Hollande en Afrique, 3 petits tours et puis s’en vont…

C’est une tournée africaine express que François Hollande a achevée ce vendredi 3 juillet.

 

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Trois pays en deux jours, c’est encore plus rapide qu’en juillet 2014, où le président français avait consacré tout de même trois jours de son précieux temps pour faire halte en Côte d’Ivoire, au Niger et au Tchad.Mais si l’année dernière, le programme de la tournée avait été centré sur les questions de sécurité et de lutte contre le « terrorisme » islamiste, les raisons qui présidèrent au choix du Bénin, de l’Angola et du Cameroun furent plus diversifiées. Et témoignent d’un bel exercice d’équilibrisme.

En faisant halte au Bénin, François Hollande a surtout voulu rendre hommage à un pays qui a connu 3 alternances démocratiques depuis 1990. Cette bonne réputation démocratique, vantée auprès des bailleurs de fonds, n’avait cependant guère freiné les ardeurs du président actuel Thomas Boni Yayi : alors que son deuxième mandat arrive à échéance en 2016, il avait tout de même tenté de modifier la Constitution, pour briguer un troisième mandat. Les vives réactions du Parlement et de l’opposition l’en avaient semble-t-il dissuadé. Même s’il aura fallu attendre le 9 juin dernier pour que le président Boni Yayi, à l’issue d’un entretien à l’Elysée avec François Hollande, promette de quitter le pouvoir en avril 2016…

Ouf… La voie était donc libre pour le discours du président français ce jeudi à Cotonou, dans lequel il a pu réitérer son attachement « à ce que, en Afrique comme partout ailleurs, soient respectés les textes constitutionnels, les échéances électorales, les rythmes de la démocratie ». Et ce dans un contexte où les présidents du Rwanda, des Congo Brazzaville et Kinshasa semblent être tentés de piétiner leur Constitution, et d’emboîter le pas au président du Burundi, avec les conséquences désastreuses que l’on sait.

C’est que dans le marigot franco-africain, rien n’est jamais simple. Et la suite du périple était plutôt délicate, comme le souligne l’éditorialiste du quotidien burkinabé Le Pays : « En Angola et au Cameroun nagent les plus vieux caïmans de la mare de la politique africaine, Paul Biya au pouvoir depuis 32 ans, et Eduardo dos Santos, depuis 35 ans ; la visite de Hollande dans ces pays ne peut être interprétée autrement que comme une prime aux dictatures du continent ».

Mais pour François Hollande et la cinquantaine de chefs d’entreprise qui l’accompagnaient, l’étape angolaise visait avant tout à refermer le dossier de l’Angolagate, une affaire de trafic d’armes qui a plombé les relations entre la France et l’Angola pendant plusieurs décennies. Clin d’œil de l’Histoire : le jour même où Charles Pasqua, l’un des protagonistes de cette affaire, était enterré, des contrats d’armements, pétroliers, hôteliers, pour un montant estimé à un milliard de dollars étaient signés à Luanda entre la France et l’Angola.

L’étape camerounaise fut la plus courte. Et même si son président Paul Biya, 82 ans, est au pouvoir depuis 33 ans, le président Hollande avait peu de marge de manœuvre pour lui reprocher de vouloir se représenter en 2018 : le Cameroun joue en effet un rôle important dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram, ainsi que dans la libération d’otages français.

On peut d’ailleurs faire un parallèle avec le président tchadien Idriss Deby Itno, devenu intouchable depuis son engagement aux côtés des forces françaises au Mali, en Centrafrique, ainsi qu’au sein de la coalition régionale qui lutte contre Boko Haram. Pas question en tout cas de lui reprocher de mener la vie dure à son opposition ou à des représentants de la société civile. Tel Djeralar Miankeol, membre de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, récemment arrêté, pour avoir dénoncé l’expropriation de leurs terres d’agriculteurs au Tchad. Comme aimait à le rappeler Charles Pasqua, illustre acteur de la Françafrique : « La démocratie s’arrête là où commence la raison d’Etat » – pour la France, comme pour les autres puissances qui ne veulent pas laisser la Chine occuper seule le terrain en Afrique.

 

Source: Mediapart

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