Pour vous qui suivez cette rubrique, vous savez sans doute que le dessein du capitaine Sanogo était de se maintenir au pouvoir. Une mission confiée à la branche politique de la junte portée par la COPAM, le CSM, le MP22 et Yéréwolo Ton. Ainsi, plus d’un milliard aura été investi pour cela, à moins de six mois. Une manne financière mobilisée par certains hommes politiques, quelques opérateurs économiques et autres opportunistes.
L’apothéose de l’avènement Haya devrait être une grandiose cérémonie, ce 20 janvier 2014 pour célébrer le grade de général 4 étoiles. Entre-temps, Haya s’est frotté à la justice malienne. Lui et certains parmi les promoteurs de cette fête se font des soucis. Hé oui, l’inculpation du général Sanogo confirme ce que Le Reporter a toujours pensé. Que, soldat, promoteur d’un débile coup d’Etat, Amadou Haya, fut un instructeur à ne pas imiter. Un capitaine qui ne cherchait qu’à se sauver. Un chef militaire stratège qui ne pense qu’à lui-même. Avisé, votre journal lui conseillait de ne pas composer avec les politiques. Que cela ne se fait pas. En effet, cela ne se fait pas. Sauf que Haya se croyait un être à part. Le voici donc au petit matin du coup d’Etat, son bâton magique en main. Entouré des journalistes et de jeunes militaires de rang. Après une interview et l’ovation des militaires, le capitaine Sanogo s’installe pour recevoir les jeunes, les politiques, les leaders, bref le grand peuple. Une équipe de l’Ortm est installée pour témoigner. Les premiers messages de soutien sont enregistrés. Pendant qu’un caporal et quelques hommes sont partis chercher Alassane Souleymane Maïga de l’Ortm. Mahamane Mariko, le président du CRAJ, disparu depuis, est présent. Sa déclaration encourage les militaires. Ce fut ensuite le tour de certains jeunes officiers, juste pour partager les missions. Haya recevra ce jour-là, tour à tour, Oumar Mariko, Mahmoud Dicko, Mountaga Tall, Ousmane Ben Fana Traoré, Moussa Mara. Mariko a déjà annoncé sur certaines radios qu’il connaît les jeunes qui ont fait le coup d’Etat. Mais, en réalité, raconte notre source, il ne savait même pas qui était Amadou Haya Sanogo. C’est l’adjudant Seyba Diarra qui était son homme auprès de la junte, et c’est lui qui est venu le présenter à Haya.
La guerre de leadership des courtisans s’installe
Sauf que Haya veut l’ensemble de la jeunesse du Mali. Abdoulaye Touré, alors président du Conseil national des jeunes, est rapproché par le capitaine. Touré décline poliment l’offre, mais garde le contact avec la junte. Seyba Diarra, affirme notre source, demande que la gestion des jeunes soit confiée à Oumar Mariko. Ce dernier refuse. Un autre Mariko est proposé. Il s’agit de Mahamane Mariko. C’est dans ce tohubohu que les militaires ont nommé un chef officier du nom de Soumaré pour gérer les jeunes. C’est ce jeune officier qui les a envoyés pour envahir le tarmac de l’aéroport Bamako-Sénou, empêchant l’atterrissage de l’avion des 5 chefs d’Etat de la Cédéao. Pour cette mobilisation, il a eu 10 millions, une somme donnée par un opérateur économique qui fait de l’agro-alimentaire. Il fallait déstabiliser le Conseil national de la jeunesse. Cette tâche a été confiée à Mahamane Mariko et à Siméon Keïta. Ces derniers ont tenu à la Maison de la presse du Mali, un Congrès extraordinaire en proposant Oumar Maïga comme président du CNJ. Avec l’appui de Siméon Keïta, des policiers ont pris le siège du CNJ, en chassant le bureau légal. Siméon avait même des jeunes policiers dans le bureau d’Oumar Maïga.
Après le bureau du CNJ de la junte sollicita Abdoulaye Touré pour le financement de leurs activités. Ce, à travers un soldat de Kati qui travaille à la transmission de l’armée. Touré refusa encore une fois. Mais, ce qu’Abdoulaye ne savait pas, c’est que Siméon et Mahamane Mariko ont eu une somme importante pour arriver à leur fin. Plus de 45 millions Fcfa étaient à leur disposition pour créer la dissidence au sein du CNJ. Bien avant cela, les hommes politiques avaient été rencontrés séparément pour voir comment ils peuvent aider la junte à prendre le pouvoir. C’est ainsi que le MP22 a été lancé. Mountaga Tall regroupe d’autres partis politiques pour dire qu’ils sont centristes. Après avoir eu le beurre et le prix du beurre avec ATT, constate notre source, il se met au service des militaires dans le CSM. Puis, il y a eu la COPAM, composée des organisations de la société civile et des partis politiques. Dans la même foulée, le FDR voit le jour à la Bourse du travail avec la participation du RPM qui le quittera à la veille du voyage de Ouaga 1. Pour notre source, le départ du RPM du Fdr était une pression des militaires et non des problèmes de place pour le voyage. Il fournit pour preuves en cela, les propos tenus par Nancouma Keïta devant Blaise qui s’est dit étonné par la teneur de tels des propos.
Quand les militaires financent des marches
Du reste, Ouaga 1 et 2 sont en bandes sonores au palais de Blaise Compaoré. En tous cas, le CSM, la COPAM, le MP22, les jeunes proches de la junte et même des leaders déguisés en militaires avaient tous un rôle. Toutes les activités (marches, meetings de protestations) ont été faites sur financement des militaires. Une fois même, Amadou Konaré a été à la Maison du peuple et au Monument de l’indépendance pour saluer les marcheurs de leur mobilisation. Les images sont à l’Ortm. À en croire notre source, la plus efficace des associations aura été Yéréwolo Ton. Composée de militaires, de civils et des jeunes désœuvrés, elle avait investi la devanture de l’Assemblée nationale, y avait installé une bâche, des micros, avec des militaires en tenue civile mais bien armés ; ces jeunes insultaient tous ceux qui entraient dans l’Assemblée nationale. Ils avaient les mêmes rançons que les militaires dans les lieux stratégiques comme l’Ortm et l’aéroport. Yéréwolo Ton a donné satisfaction à la junte dans deux faits. Le passage à tabac de Dioncounda Traoré, parce que la marche sur Koulouba a été organisée par eux, avec l’aval de certains militaires. Elle a pris une grande place dans les manifestations des 8, 9 et 10 janvier 2013. «Je ne préfère pas entrer dans les détails de ces affaires parce qu’elles sont pendantes devant la justice», précise la source. Certains de ses militants se sont bien tirés d’affaire. Ils se sont enrichis. Yéréwolo Ton n’est pas une petite association. Ces membres étaient liés directement à l’adjudant Seyba Diarra. Ils étaient dans toutes les activités pro-juntes. Ils n’ont commencé à réfléchir que quand ils ont été arrêtés dans l’affaire de l’agression de Dioncounda Traoré, malgré l’opposition de leurs bailleurs. Selon notre source, certains parmi ceux qui animaient Yéréwolo Ton, sont aujourd’hui élus députés. Mais, tous devront répondre de leurs actes.
Car, pas moins de 200 millions de Fcfa ont été investis dans la mobilisation des activités de soutien à la junte et cela, par mois, pendant 6 mois. Et dire que l’apothéose de l’avènement Haya devrait être une grandiose cérémonie, ce 20 janvier 2014, pour célébrer le grade de général 4 étoiles. Pour cela, une photo de Haya dans sa tenue de général 4 étoiles avait même été prise, des voitures et des motos, des tonnes de riz, des céréales de toutes sortes du lait et bien d’autres aliments avaient été commandés pour cette cérémonie. Mais hélas ! On se demande bien comment Haya fêtera ce 20 janvier dans sa cellule. Et dire que certains de ses amis politiques, qui ont eu beaucoup d’argent avec lui, ne lui ont même pas rendu visite. Haya aura appris à ses dépens qu’on ne compose pas avec les politiques. Et pourtant !
Békaye DEMBELE