Depuis l’annonce faite par le gouvernement de traduire l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, devant la haute cour de justice pour haute trahison et un long chapelet d’accusations, l’opinion malienne ne cesse d’afficher son incompréhension et son indignation au sujet de cette décision qui frise le ridicule. Mais, cette opinion malienne n’est pas tombée dans le piège.
Pour elle, le traitre est loin d’être celui pointé du doigt par le gouvernement. Alors, vivement un procès ATT ! C’est en ce moment que l’opinion malienne et internationale découvrira qui sont les vrais traitres de ce pays, ceux-là qui ont comploté avec les ennemis du pays ; ceux là qui faisaient la navette entre Bamako et Nouakchott pour y rencontrer des responsables du Mnla ; et ceux-là qui prenaient de l’argent à l’étranger dans le seul but de détruire leur propre pays… D’ici là, les Maliens ont vite compris le jeu en cours : une lamentable tentative de détourner leur attention des vrais problèmes actuels du pays.
Quelle est aujourd’hui la réalité du Mali ? Le pays connait actuellement une paupérisation galopante, un mal vivre général qui touche toutes les couches (citadines et rurales). L’administration est paralysée du fait d’une démoralisation et d’une démotivation générale… Au même moment, des cadres du clan, des affidés et courtisans de la famille sont promus à des postes juteux. Si ce n’est un partage du gâteau, c’est quoi alors ?
La réalité d’aujourd’hui, c’est l’émergence de nouveaux riches qui ont pris un malin plaisir à narguer le peuple. Comme s’ils avaient une revanche à prendre sur le peuple malien tout entier.
Autre réalité : l’incapacité notoire du régime à apporter des réponses aux préoccupations des Maliens, dont l’occupation de Kidal. Une localité qui reste toujours sous le contrôle des groupes armés et qui échappe au pouvoir. Où sont donc passées ces multiples promesses électoralistes égrenées lors de la présidentielle de juillet 2013 ?
Une plainte contre ATT ? C’est tout simplement de la poudre aux yeux. Et les Maliens ne sont pas dupes.
Ils se sont rendu compte que cette accusation ne repose sur rien. C’est une vendetta, celle du ministre de la justice. Celui-ci devient pour IBK et pour la République une menace publique. Il en veut à la planète entière. Mais le réveil risque d’être dur (et fatal ?) pour lui.
Au Mali et en Afrique, les affaires privées sont souvent confondues aux affaires de l’Etat. Dommage.
CH. Sylla