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Hamadoun Bah adresse une lettre ouverte au président algérien “Nous ne nous mêlons des affaires d’aucun pays, alors foutez nous la paix !”

Dans cette lettre ouverte adressée au Président de la République Algérienne Démocratique Populaire, cet ancien étudiant malien l’ENA d’Algérie, Hamadoun Bah, non moins syndicaliste, dénonce l’attitude de la partie algérienne dans l’application de l’Accord d’Alger et surtout la crise qui prévaut au nord du Mali.

 

Excellence Monsieur le Président,

En 2014 j’avisais par une lettre ouverte le Président François Hollande sur le risque que courrait la France de perdre définitivement le Mali, si elle ne changeait pas sa politique étrangère vis-à-vis de ce pays et n’arrêtait pas de se compromettre avec les bandits armés du MNLA, cheval de Troie des terroristes. L’histoire m’a aujourd’hui donné raison.

Excellence, en réponse au communiqué salutaire du Gouvernement de la Transition malienne, vous semblez vous adresser au Peuple malien que vous voulez prendre à témoin.  Je voudrai à travers cette lettre ouverte vous rassurer, que le peuple malien se reconnait aujourd’hui plus qu’hier de toutes les décisions courageuses prises par le gouvernement de la transition. En effet, nous sommes fiers :

– Du discours tenu par le Premier ministre malien aux Nations unies

– Du discours tenu par le premier ministre par intérim aux Nations unies

– D’avoir chassé l’Ambassadeur de France du Mali

– D’avoir chassé Barkhane de notre territoire

– D’avoir chassé la MINUSMA et récupéré toutes les bases

– D’avoir récupéré par la force Kidal aux terroristes et à leurs complices

– Des deux communiqués N°64 et 65 du gouvernement malien dénonçant l’attitude de votre pays dit “frère du Mali”. Bref ! Jamais le peuple malien ne s’est senti si proche de ses dirigeants, jamais le peuple malien n’a vu ses aspirations autant prises en compte par ses dirigeants depuis 1960.

Sachez-le, ce peuple que vous prenez à témoin se reconnait dans chaque mot, dans chaque phrase utilisés dans tous les communiqués du gouvernement dénonçant les ingérences, par qui que ce soit, dans les affaires intérieures de notre pays (qu’il s’agisse de la France, des Etats Unis, de l’Algérie ou d’un quelconque pays).

Je vous pose la même question posée à François Hollande en 2014. Pourquoi voulez-vous, diable, nous imposer votre solution (l’Accord fratricide désavoué par le peule-malien depuis sa signature) concoctée en France et finalisée chez vous ? Pensez-vous aimer le Mali plus que les maliens ? Pourquoi ne voudriez-vous pas nous créditer d’un minimum d’intelligence pour trouver à nos problèmes endogènes nos propres solutions endogènes ?

Excellence, je m’adresse à vous en tant que votre élève, élève du Professeur Ahmed Laraba, élève du professeur BESSA, élève de Mme Sahli, élève du professeur Boussouma, élève du professeur émérite Mohamed Bejaoui pour ne citer que ceux-ci. Je m’adresse à vous en tant que sortant de l’ENA d’Algérie, section diplomatique de la promotion B.

Excellence, arrêtez d’adopter avec le Mali des attitudes que l’Algérie ne tolérerait d’aucun autre Etat !  Arrêtez, pendant qu’il est temps, comme les français l’ont fait, de vous compromettre avec des individus infréquentables !

Excellence, à chaque fois que vous devriez vous prononcer sur le Mali, rappelez-vous de vos années sombres de lutte pour votre indépendance !

Rappelez-vous du sacrifice du Mali, des maliens et de ses dirigeants pour l’indépendance de votre pays contre le colonisateur français !

Le Mali vous a offert ses terres, Bouteflika El Mali y a établi ses bases. Les maliens vous ont offert leurs sangs, des combattants maliens à vos côtés contre le colon.

Le Mali a mis sa diplomatie à votre service sur le plan international.

Le Mali s’est compromis avec la France et a payé et continue à payer un lourd tribut pour son soutien à votre indépendance.

Sachez Excellence que tant que nos autorités actuelles continuent sur cette lancée, elles nous auront à leurs côtés. Si nous sommes réellement un pays ami et frère, comme vous le dites, tenez compte de nos aspirations et de nos solutions. Nous ne sommes ni vos enfants, ni vos sujets, ni vos protégés. Nous avons été liés par l’histoire, par le voisinage et nous-nous devons un respect mutuel. Je peux vous dire, que vous êtes en train de faillir et si vous ne vous ressaisissez pas vous allez perdre le peu d’estime qui vous reste encore aux maliens et aux africains. Le temps de l’hypocrisie dans les relations internationales est révolu, la nouvelle génération africaine que nous sommes voulons et rêvons d’une Afrique des fraternités vraies et réelles, d’une Afrique unie débarrassée des velléités hégémoniques des grandes puissances. Cette nouvelle génération africaine est sans complexe et est de plus en plus prête à engager le combat contre toute forme de néocolonialisme et contre les valets de l’intérieur à la solde de leurs maitres. Nos autorités actuelles l’ont compris et ont décidé de confier leur sort à leur peuple et à Dieu le tout puissant.

Enfin sachez, qu’avec Assimi Goïta ou pas, le processus est irréversible, nous sommes tous des potentiels Assimi et sommes encore beaucoup plus durs. Réjouissez-vous donc de l’avoir.

Nous ne nous mêlons des affaires d’aucun pays, alors foutez nous la paix !

Le Mali ne se laissera plus jamais faire ! On a tout compris.

Que Dieu bénisse le Mali”.

 Syndicaliste Ancien étudiant de l’ENA d’Algérie

Promotion B : Diplomatie

Source: Aujourd’hui-Mali
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