Il y a quelques jours, une ancienne photo de la ministre malienne des Affaires étrangères, Kamissa Camara, a suscité sur les réseaux sociaux un flot de commentaires qui, pour la fille de l’Ouest, relèvent du sexisme.
Robe en imprimée fleurie, de couleur blanche, noire et rouge, de manches courtes et de longueur descente : voici la description faite de la robe que portait la ministre des Affaires étrangères malienne, Kamissa Camara, sur l’une de ces anciennes photos. Depuis sa nomination, cette dame est la cible d’attaques verbales sur ses tenues vestimentaires de la part de certains internautes, souffrant de la pathologie du sexisme et de la misogynie.
Au départ, les blagues et vannes portaient sur son sourire qualifié de « sourire de cheval ». Ensuite, le problème était son célibat, qui l’empêcherait d’accomplir ses taches de ministre, selon certains. Après, il y a eu le scandale sur le pantalon noir et la veste bleue qu’elle portait à la venue du Premier ministre français, Édouard Philippe. Et cette fois-ci, la cible était une robe qu’elle portait sur une ancienne photo quand elle était aux États-Unis.
Sexisme écœurant
Certains internautes ne manqueront jamais d’arguments pour lui cracher leur venin en pleine figure sur les réseaux sociaux. Mais, ce qu’ils devraient comprendre, tous autant qu’ils sont, c’est que ces comportements sexistes et misogynes n’amèneront le pays nulle part. Le problème n’est pas qu’elle porte une robe courte, un pantalon ou même un complet de pagne ou de bazin. Non, à mon avis le véritable problème, pour eux, vient du fait qu’elle soit une femme qui, de surcroît, s’assume, et a le courage de ses opinions.
J’entends souvent certains hommes dire « une femme qui s’habille court ou qui porte des pantalons est une femme facile dont l’objectif est d’attirer de nouveaux prétendants » et que, surtout, « ces habillements sexy ont pour but de masquer les carences professionnelles de ces femmes. » Laissez-moi vous dire, Messieurs, que « la planète femme ne tourne pas 24h sur 24h autour du soleil homme ». Et surtout ce sexisme écœurant commence à être saoulant et lourdingue.
Les dames qui brisent les barrières
Ils vont sans doute me dire : « Nous avons nos coutumes et traditions et celles-ci n’autorisent pas les femmes à avoir un certain comportement dans la société, ni à porter un certain type d’habillement occidental ». Ou encore : « Nos valeurs sont en perdition et c’est à cause de ces femmes qui ne connaissent pas leur véritable rôle et qui veulent coûte que coûte ressembler à la femme occidentale »
L’heure n’est plus au moment d’avoir ces attituds rétrogrades, phallocrates et absurdes. Non ! A l’heure où nous sommes, nous avons la responsabilité et l’obligation de soutenir ces dames qui ont le courage de briser les barrières, qui ne se perdent plus dans le folklorique et qui font bien leur travail. Et j’ajoute que la compétence est plus importante que l’habillement.
La femme africaine en général et malienne en particulier a longtemps été programmée pour exister dans le regard de l’autre : l’homme, la famille, les amis. « Il est temps pour nous de faire face à notre reflet dans le miroir et de faire nos propres choix en étant prête à en assumer les conséquences », pour paraphraser Nabou Fall, auteure et entrepreneure.
Donc, à ces femmes aussi, qui sont touchées et écrasées par le poids des coutumes sociétales, vous avez la main mise sur votre destin et vous devez faire entendre votre voix. Et cela, en n’autorisant plus nos amis les sexistes nous imposer un style vestimentaire, ou les choix que nous devons faire.
Source: benbere