Sait-il qu’il a fait son petit effet lors de sa première comparution ? Que le public et ses dix co-accusés ont été suspendus à ses lèvres, le 19 octobre, lorsqu’il a raconté la genèse du coup d’État qui a mené Moussa Dadis Camara au pouvoir ? Toujours est-il que, de retour à la barre ce 24 octobre, l’ancien aide de camp veut continuer de marquer les esprits.
Cette fois-ci, c’est le massacre perpétré au grand stade de Conakry le 28 septembre 2009 qui est au cœur de son interrogatoire – celui-là même qui lui vaut sa place dans le box des accusés. Barbe et crâne rasés, Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, arpente le prétoire. Il mime un geste, reproduit un ordre, tourne sur lui-même, pointe un doigt chargé de bagues vers le ciel, cherche le public des yeux pour le prendre à témoin. Cet homme dont le grand boubou brodé balaie le sol, qui cite le Coran plus souvent qu’à son tour, et qui est soupçonné d’avoir joué un rôle dans la mort des 157 victimes, est un conteur hors pair.