Deux semaines durant, l’hémicycle s’est transformé en bonbonnière incandescent qui laisse supposer que les contrariétés ont atteint leur summum. Mais à y voir de près, on se rend bien compte qu’il s’agit là d’une guerre de leadership mettant aux prises les sbires du président Issaka Sidibé et des frondeurs convertis à la religion de Bocary Tréta.
Point n’est besoin d’être mage ou divin pour comprendre que le torchon brûle entre des tisserands finalement transformés en tisserins, le temps d’une élection de bureau. Tout pourtant prédisait une sérénité absolue avec cette élection, d’autant que les principaux protagonistes prient dans la même chapelle. Mais c’était sans compter avec les démons de la division et le goût des privilèges. Comme en veulent tant certains élus du RPM qui ont réussi à s’agglutiner autour du président Issaka Sidibé. La permissivité de ce dernier mais surtout son accointance avec certains députés, a laissé plus d’un perplexes. Selon nos sources, tout l’enjeu de cette bataille de chiffonniers à l’hémicycle n’est rien moins qu’une tentative de mettre les élus RPM sous coupe réglée. Et les maîtres artisans de ce hold-up seraient le président de l’Assemblée Nationale Issaka Sidibé non moins secrétaire au sport du parti des tisserands et le tout puissant Ministre du développement rural, Bocary Tréta, secrétaire général.
Selon des indiscrétions, l’intrusion de ce dernier à l’hémicycle et qui fit sortir Issaka Sidibé de ses gonds, rentre dans cette logique afin de contrecarrer les manœuvres du président de l’assemblée nationale qui serait dans une dynamique de mettre ses hommes liges aux postes stratégiques du bureau. Toujours selon nos sources, des députés RPM choisis selon leurs régions d’origine, seraient déjà en mission pour son compte afin d’avoir une assise solide au sein du parti. Mais pour qui connait le gardien du temple des tisserands, en l’occurrence Bocary Tréta, une telle aventure pourrait l’assimiler à de la provocation. D’où, son irruption à l’assemblée nationale pour mettre des gardes fous et montrer ses muscles afin que Sidibé en prenne peur. Une manœuvre qui semble avoir fait effet d’autant que le bras de fer engagé par le député RPM de la commune VI n’était rien d’autre qu’un leurre pour faire courber l’échine à Isaac et ses acolytes. Résultat des courses : les « adversaires » du président de l’assemblée nationale ont eu finalement gain de cause en se satisfaisant des postes à eux attribués. Ce tôlé à l’hémicycle a été tel que, selon des indiscrétions le secrétaire général du gouvernement aurait été saisi d’un avis consultatif de destitution du président Issaka Sidibé. Qui aurait été autant gêné par ce tumulte pour qu’une telle démarche soit initiée discrètement ? En tout cas, il aurait fallu toujours selon nos sources que l’avis soit défavorable pour que l’action soit éteinte. On peut dire que Isaac l’aurait échappé belle. Il doit comprendre, que Koulouba pourrait bien se passer de cette mauvaise publicité d’invectives et de joutes verbales à l’assemblée qui déteignent sur le régime et par ricochet sur le président Ibrahim Boubacar Kéita lui-même. Pour sûr, cette élection à l’assemblée laissera des plaies béantes qu’il faille soigner avant qu’elles ne se gangrènent. Selon d’autres indiscrétions, le Président de la République avant d’aller en Inde lui a fait des remontrances par rapport à la gestion de la majorité parlementaire surtout du parti présidentiel (RPM).
Est-ce à dire que cette tentative de destitution de Sidibé par Koulouba traduit le grand malaise qui règne au sein de la famille présidentielle et du RPM ?
Dans tous les cas de figures, force est de reconnaître qu’Issaka Sidibé est très mal en point avec un réseau de députés constitué par des nouveaux venus au parti.
Aujourd’hui, le départ de Moussa Timbiné du bureau de l’Assemblée nationale pour prendre la tête du groupe parlementaire RPM est un choix politiquement stratégique.
Nouhoum DICKO
source : Le Prétoire