La lutte syndicale plonge le pays dans une situation embarrassante qui ne laisse point un bon présage pour la construction nationale. Les contestations fusent de partout, les mots d’ordre de grève se succèdent. D’abord la semaine précédente, encore un autre prévu pour cette semaine entraînant donc 96 heures de suspension du travail dans le secteur public de l’état: institutions financières, hôpitaux, et tant d’autres. La grande mobilisation a donc fait effet au grand bonheur de bureau exécutif de l’union nationale des travailleurs du Mali (BE/UNTM) et ses partenaires syndicaux car, selon leur communiqué de presse parue le vendredi, « le bilan global de suivi du mot d’ordre de grève est de 98% dans les régions et 96% dedans le district de Bamako ».
La commission de médiation constituée des légitimités coutumières et religieuses, accompagnées des présidents des différentes chambres consulaires, du patronat malien et des conseillers spéciaux de la primature n’a donc pas réussi à faire adhérer Katilé et ses compagnons à la proposition de suspension du mot d’ordre de grève et la trêve de deux mois pour rechercher des solutions aux doléances. Cependant, les écoles, quant à elles, fonctionnent normalement car le syndicat de l’enseignement signataire du 15 octobre 2016 ne se voit pas dans cette logique de grève vu le respect des exigences de l’article 39.
À l’éducation s’ajoute le syndicat de la magistrature. L’UNTM semble déterminer à obtenir satisfaction quel qu’en soit le prix à payer. Mais quand bien même que la liberté syndicale est un droit, le moment n’est-il pas mal choisi ? Sachant bien l’état actuel du pays qui, depuis les évènements d’août dernier qui ont précipité la chute du régime d’Ibrahim Boubacar Keita, ont plongé le pays dans une situation chaotique qui ne doit, en aucune manière, laisser indifférents les fils du pays. L’heure semble inappropriée à la grève. En effet, le Mali connaît plusieurs problèmes liés à la gestion sociopolitique mais aussi sécuritaire.
Tant de défi que la transition doit relever dans un court délai de dix mois malheureusement. Le Président Bah N’Daw et ses collaborateurs malgré les discussions n’ont pu dissuader la centrale syndicale. Le refus est catégorique. Rien ne peut faire capituler les leaders de la contestation. « Il faut impérativement régler la question de la grille salariale afin d’harmoniser les salaires de tous les travailleurs du pays ». La seule chose qui est donc vrai dans cette situation est que Le gouvernement de la transition ne peut répondre aux nombreuses revendications que demande l’Union nationale des travailleurs du Mali.
La transition, chose qui ne semble nullement retenir les doléances dans les tiroirs. Les syndicalistes doivent mettre de l’eau dans leur vin car ce qu’ils demandent est impossible. L’Etat n’a ni le pouvoir ni le moyen d’assurer l’harmonisation des salaires, estiment plusieurs Maliens qui se sont prononcés sur la question. L’heure est, de surcroît, mal choisie pour aller en fronde contre l’Etat, surtout après la dissolution du gouvernement. La multiplication des grèves enfonce d’avantage le couteau dans la plaie car à chaque jour de grève, l’Etat perd des millions entraînant donc des pertes économiques considérables.
Ibrahim Djitteye
Source: Le Journal le Pays- MALI