Sur le terrain, c’est un désastre qui frappe l’école malienne, des millions d’élèves étant privés de cours depuis plusieurs semaines. Une situation qui commence à agacer la population indignée par le manque d’enthousiasme du gouvernement pour négocier avec les grévistes déterminés à aller jusqu’au bout de leur combat. A Bamako comme ailleurs, on reproche au gouvernement de vouloir trainer les pieds.
Les enseignants viennent d’entamer une nouvelle grève pour revendiquer l’amélioration de leurs conditions de travail et de vie oh combien déplorables. Mais tout se passe comme si le gouvernement se moquait de ce corps de métier qui n’a eu jusqu’ici comme seule satisfaction la liberté de d’aller en grève.
Le discours qu’on entend le plus souvent dans les rues de Bamako est que le pouvoir se moque éperdument de la grève des enseignants. Pour la rue malienne, cela durera tant que les enfants des ministres et autres hauts cadres du pays étudient tranquillement dans des établissements privés ici et à l’étranger. «Ils ont beau aller en grève, rien ne va changer », racontait une dame en colère.
Dans les régions où les écoles publiques sont nombreuses, la situation se présente avec plus d’acuité. Les élèves qui étaient restés en marge du débrayage sont entrés dans la danse en faisant sortir leurs camarades des écoles privées. Cette situation s’est produite dans plusieurs localités dont Kayes, Sikasso et Koutiala.
L’exemple des régions pourrait faire tache d’huile en s’important à Bamako où les écoles privées sont plus nombreuse. Si la grève perdure, on assistera ainsi au retour de l’AEEM à ses vieilles amours. On se souvient que cette association avait aussi l’habitude de perturber les cours dans les établissements privés de la capitale.
Le blocage actuel n’arrangera rien à la décente aux enfers de l’école publique malienne qui est victime d’un manque de sérieux dans l’administration. La population est persuadée que l’Etat a progressivement démissionné de son rôle de garant de l’excellence et de promoteur de bonnes pratiques. Cela se voit à la banalisation du rôle des inspecteurs d’enseignement et surtout avec le manque de suivi des investissements.
L’autre drame de l’Ecole malienne est qu’elle est devenue le théâtre d’expérimentation de toute sorte de théorie et de pédagogie. D’un bout à l’autre d’une ville, les élèves du même niveau n’ont souvent pas le même apprentissage. Pis, la promotion de mauvaises pratiques a pourri les rapports entre apprenants et encadreurs. En somme, l’apprentissage fout le camp à l’école malienne.
Dougoufana Kéita
Source: La Sirène