Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 (Sypesco, Syneb, Synefct, Synesec, Syldef, Fenarec, Coses, Snec) ont animé, le mardi 4 février dernier, dans la salle de conférence de la Maison de l’enseignant, une conférence de presse pour apporter des précisions aux différents documents de communication produits par le gouvernement. La conférence était principalement animée par le porte-parole des syndicats, Adama Fomba, en présence des secrétaires généraux des autres syndicats.
elon le conférencier, les syndicats de l’éducation ont relevé plusie08urs contre-vérités dans un document de communication intitulé “Déclaration liminaire du Gouvernement du Mali, relative à la grève des syndicats de l’Education, signataires du 15 octobre 2016” qui circule sur les réseaux sociaux et exploité par des représentants du gouvernement lors des débats auxquels il convient d’apporter un démenti.
S’agissant de la mise en œuvre de l’accord signé, le 18 mai 2019, entre les syndicats et le gouvernement, il précisera que cela concerne neuf points puisque les syndicats, en toute responsabilité, ont concédé le point relatif à la relecture du décret 529. Ainsi, sur les neuf points, quatre ont été exécutés, trois non toujours pas été exécutés et deux sont en cours d’exécution. “Ces statistiques contestent confortablement la version du gouvernement qui ne vise que de créer la confusion au sein de la population en vue de susciter un mépris généralisé à l’endroit des enseignants”, a-t-il déploré.
Et de rappeler que la majoration de l’indemnité de résidence prévue sur deux ans, notamment en 2020 et 2021, n’est pas encore effective car le décret qui devrait matérialiser cette majoration n’est pas pris en Conseil des ministres. Donc, on aurait pu l’ajouter sur le calcul des salaires des enseignants.
Salaires faramineux aux enseignants, une propagande du gouvernement
Il ajoutera que dans son document de propagande, le gouvernement attribue des salaires faramineux aux enseignants, certainement dans le sens de désinformer le peuple. Ainsi, il dira qu’il est important de souligner l’amertume des syndicats quant à la méconnaissance du système de calcul et/ou le vol organisé sur les salaires des enseignants. “Sinon comment peut-on comprendre que des techniciens puissent commettre autant de mensonges ?”, s’est-il interrogé.
Et de poursuivre qu’un enseignant débutant de la catégorie A, classe 3,1er échelon, a aujourd’hui et conformément au Statut du personnel enseignant un indice de 350 et un salaire brut de 350 X 400 = 140 000 Fcfa au lieu de 288 051 Fcfa comme annoncé par le gouvernement, soit une différence de 148 051 Fcfa. Aussi, un enseignant de la catégorie A, classe exceptionnelle, 2ème échelon, a aujourd’hui et conformément au même statut un indice de 1060 et un salaire brut de 1060 X 400 = 424 000 FCFA au lieu de 633 345 Fcfa annoncé par le gouvernement, soit une différence de 209 345 Fcfa.
Toujours selon le porte-parole, un enseignant débutant de la catégorie B2, classe 3, 1er échelon, a aujourd’hui et conformément au statut du personnel enseignant un indice de 275 et un salaire de 275 X 400 = 110 000 Fcfa au lieu de 225 291 Fcfa annoncé par le gouvernement, soit une différence 115 294 Fcfa. Et un enseignant de la même catégorie, classe exceptionnelle, 2ème échelon, perçoit aujourd’hui et conformément au Statut du personnel enseignant un indice de 725 et un salaire brut de 725 X 400 = 290 000 Fcfa au lieu 444 429 Fcfa annoncé par le gouvernement, soit une différence 154 429 Fcfa.
A le croire, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 se réservent le droit de réclamer l’écart de salaire entre les montants communiqués par le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé et les montants réellement perçus.
Par rapport à l’application de l’article 39 qui stipule que : “Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et Spéciale”, il a déclaré que les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016, dans le souci d’éviter une éventuelle crise, avaient entamé plusieurs démarches. Ainsi ils ont adressé deux correspondances au Premier ministre, la première en date du 6 septembre 2019 avait pour objet de demander l’application de l’article 39 de la loi portant Statut du personnel enseignant et la seconde, du 16 septembre 2019, pour demander une audience.
Une augmentation de 3,77% proposée par le gouvernement contrairement aux 20% prévus par la Loi
“Nous avons voulu prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, c’est pourquoi nous avons tenu, le mercredi 11 septembre 2019, des réunions d’information et de sensibilisation avec plusieurs associations et organisations de la société civile. Ainsi, nous avons rencontré, le jeudi 12 septembre 2019, à la Maison de l’enseignant, le regroupement des partis politiques”, a-t-il précisé.
Pour lui, les syndicats de l’Education signataires du 15 octobre 2016 ont été reçus par le Premier ministre, le vendredi 04 octobre 2019 à la Primature. Au cours de la rencontre, il a été question de l’augmentation des 20% dont le personnel enseignant doit bénéficier conformément à la Loi n°°2018-007 du 16 janvier 2018.
“Sur la question, le chef du gouvernement a reconnu la pertinence du point et s’est dit déterminé à honorer l’engagement de l’Etat car l’augmentation est prévue par une loi et le gouvernement n’a d’autre choix que de l’appliquer. Ainsi, il s’est engagé à appliquer ladite augmentation avant la fin de l’année 2019. Une commission composée des syndicats, du ministre délégué chargé du Budget et du Bureau central des soldes sera mise en place afin de travailler sur la question. Les syndicats, toujours dans leur quête de solution à la question, ont rencontré la Commission de Bons Offices pour la résolution de la crise scolaire, le 24 octobre 2019, pour partager avec eux les différentes informations et solliciter leur accompagnement afin d’aller à un dénouement heureux”, a-t-il déclaré.
Au chapitre des différentes commissions de négociation, il a laissé entendre que les 12,14 et 15 décembre derniers, se sont tenus les travaux de la commission de conciliation sur le préavis de grève des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, dans la salle de conférence du Ministère de l’Education nationale. A cette occasion, tout au long des travaux, la partie gouvernementale n’a avancé que l’argument de la situation sécuritaire et financière du pays et le nombre élevé des enseignants, tout en insistant sur la non soutenabilité budgétaire de la demande des syndicats. Ainsi, elle a maintenu la proposition qu’elle avait prise lors des travaux tenus en novembre 2019, c’est à dire octroyer un indice plafond de 1100 en 2020 et de 1200 en 2021. “A toutes ces propositions, les syndicats ont opposé les arguments selon lesquels une loi ne se négocie pas et la question sécuritaire, financière et l’effectif des enseignants ne sauront être des arguments pour ne pas appliquer une loi”, a martelé le porte-parole des syndicats de l’éducation.
Que propose le gouvernement ?
Le gouvernement propose aux syndicats les indices plafonds suivants : 1 100 en 2020 ; 1 200 en 2021. 1 100 équivaut à quoi sachant bien que l’indice plafond des enseignants est de 1060 ? Le statut général était à 920. Il a bénéficié d’une majoration de 180 points. Le gouvernement propose aux enseignants 1100. C’est une augmentation de 40 points qui ne représente que 3,77%.
Que veulent les enseignants ?
Les syndicats d’enseignants demandent au gouvernement d’appliquer l’article 39 sur la grille annexée à leur statut conformément aux 20% et 9.10%. C’est-à-dire : En 2019 : 1060 X 1,20 = 1272. En 2021 : 1272 X 1,09 = 1386. Donc à la place de 1272 à compter de 2019, le gouvernement propose aux syndicats 1100 à compter de 2020 et à la place de 1386 en 2021, propose 1200.
Aux dires du conférencier, le gouvernement se dit être prêt à appliquer l’article 39 en proposant 3,77% en lieu et place de 20%. Et d’ajouter que le gouvernement est dans la dynamique de ramener les enseignants de façon subtile dans le statut général et de leur faire perdre les acquis syndicaux obtenus depuis 2018.
Se prononçant sur le recrutement des volontaires, il dira que les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 attirent l’attention des sortants des écoles de formation d’enseignants (Ifm, ENSup, Enetp…) que le combat qu’ils mènent est celui qui consiste à rendre à la fonction enseignante sa noblesse, sa dignité et surtout la rendre attrayante.
A ce titre, précise-t-il, les agissements du gouvernement visant à les utiliser comme des palliatifs à la crise en cours n’ont d’autre objet que de saper la détermination des enseignants dans leur lutte noble de restauration de la dignité de l’enseignant malien. “Nous informons les doyens retraités qu’accepter de participer à cette mascarade, c’est contribuer à torpiller la loi qui a vu la revalorisation de leur pension. Cet exercice du gouvernement n’a aucune base juridique car il viole l’article 30 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant. Ce n’est qu’une mise en scène dans laquelle les sortants et les retraités seront utilisés comme des acteurs pour tromper les Maliennes et les Maliens. A cet effet, ils appellent chacun à sa responsabilité et surtout les sortants des écoles de formation pour lesquels, cette lutte est engagée”, a-t-il conclu.
Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali