Des jours et des semaines passent, mais le gouvernement et les enseignants ne trouvent toujours pas un point d’entente pour mettre fin à la crise. Les pauvres écoliers sont toujours dans la rue. La couleur de l’année scolaire se dessine peu à peu, et ce ne serait pas une surprise si au finish elle est blanche. C’est dire que l’avenir de l’école malienne devient de plus en plus incertain, comme c’est d’ailleurs le cas pour les enfants qui fréquentent l’école publique. Face à cette situation, le gouvernement et les enseignants, chacun pour ce qui le concerne, défend sa position, sa vérité. Le bras de fer est tellement dur que les combats médiatiques ont tendance à remplacer les négociations.
Les élèves, même si leur association faitière, l’AEEM, a préféré vendre son âme au diable et se taire, ont manifesté partout à travers le pays pour réclamer la réouverture des classes. D’une part, on ne peut qu’être content, quand des enfants ont su la gravité de la menace qui pèse sur leur avenir et décidé de manifester pour être mis dans leur droit, celui de l’Education qui, il faut le rappeler, un droit constitutionnel. Mais d’autre part, la sortie des écoliers pour réclamer la fin de la grève des enseignants explique clairement la démission des parents qui ont préféré le silence et l’indifférence, se contentant de simple condamnation verbale de la grève devant leur tasse de thé.
Personne ne fait de cette crise une priorité. On a même comme l’impression que ça ne dit rien aux parents de voir leurs enfants à la maison au moment où ils devraient être en classe. Même les grands marcheurs, quand il s’agit des combats politiques, préfèrent rester chez eux, parce qu’il n’y a personne pour leur donner 2000 ou 5000 F pour les mobiliser. Pauvre Mali !
Mais où sont donc passés les leaders de l’Association des Parents d’Elèves (APE) ? Qu’ont-ils fait pour au moins essayer de mettre fin au bras de fer entre le gouvernement et les enseignants ? N’est-ce pas que c’est elle qui devrait pleinement jouer son rôle en interpellant le gouvernement et les syndicats ? Mais à la surprise générale, ce sont plutôt d’autres associations de la société civile qui ont fait ce travail, si bien qu’elles sont dans leur rôle en tant qu’associations de la société civile. L’APE, qui est pourtant la première et la directement concernée par cette affaire, au regard de son rôle et de sa place dans le fonctionnement de l’école malienne, est restée tellement indifférente à cette crise scolaire, qu’on se demande si elle existe encore. Il est donc important de chercher à savoir si elle n’aurait pas, par hasard, été dissoute.
Le gouvernement et les enseignants défendent, chacun, leur position, leur intérêt. Et ceux qui doivent aujourd’hui défendre l’intérêt des élèves et de l’école malienne, sans parti pris ni en faveur des gouvernants ni en faveur des enseignants, sont bien évidemment les parents d’élèves dont représente l’APE. Si les responsables de cette association dorment, ils doivent se réveiller, car chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque jour, chaque semaine qui passe est une perte pour les élèves et appauvrit l’école malienne.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali