Colonisation, valeurs traditionnelles, diversité culturelle… Corinne Chandra Diallo fait plonger son lecteur dans des mondes différents. « Diane et les images : conte initiatique d’ici et là-bas » est un roman qui amène le lecteur dans une aventure fantastique à travers laquelle chacun peut se retrouver. Des allers-retours sont effectués entre le passé et le présent, le chez-soi et l’étranger. Tous ceux-ci dans un seul but : faire ressortir de façon assez modeste la douloureuse rencontre entre la France et l’Afrique.
Cela se voit aisément à travers ce passage qui fait ressortir le mariage entre Azizé, héroïne du livre, et un capitaine blanc avec lequel elle finit par avoir un enfant avant de se voir trahie, abandonnée dans son amour et privée de son enfant. « Bien que certain de la supériorité de sa race, il admirait volontiers la bravoure du guerrier nègre. Il inculquerait, aimait-il à répéter, une éducation civilisée à son petit lionceau. Il en ferait un grand soldat ». Ce soliloque est celui de l’homme blanc devenu ex-mari d’Azizé.
À la lecture de cet ouvrage, on se rend facilement compte qu’il est imprégné d’autobiographie faisant appel aux « expériences chamaniques » de l’auteure. Corinne fait part de l’héritage multiculturel reçu au cours de son éducation. C’est ce qui fait ressortir la question des traditions dans ce tapuscrit. En effet, à travers le personnage d’Azizé, l’auteure nous montre la force que peuvent avoir les traditions sur un homme. Azizé est une prêtresse de la mer qui entretient des rapports intimes avec une nature « enchanteresse ».
La découverte de ce roman, qui participe d’ailleurs au prix littéraire 2020 au Mali au titre du premier roman, ne peut manquer de nous faire réfléchir sur plusieurs réalités de nos sociétés modernes. Rappelons que Corinne Chandra Diallo est à la fois Malienne, Gabonaise et Italienne. Elle est diplômée des Sciences Po de Paris et de l’EHESS, également Professeure d’Histoire et de Géographie. Notons aussi qu’en plus d’être auteure, elle est compositrice et interprète.
Fousseni Togola
Source: Journal le Pays- Mali