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Grand portrait : C’est lui le (vrai) Patron de l’Administration malienne !

C’est vrai. Tout le monde ne travaille pas pour être vu. Il y a en politique, des hommes, tellement battants, qui font des rois et continuent d’occuper des  postes  stratégiques, moins problématiques : ceux de l’influence. C’est le secteur favori des intelligents. Au Mali, après une décennie de bataille, le Docteur Bocari Tréta ne scrute aucune  promotion ostentatoire de la part d’un IBK même qu’il a contribué dur à porter au pouvoir.

ministre developpement rural docteur bokary treta

Lorsqu’on est face à une situation aussi délicate, faut-il dès l’entame tenter de  les résoudre par ceux qui se trouvent dans son cercle le plus rapproché ? L’option est si périlleuse qu’on risque de se retrouver seul face au pire par la perte de ses premiers alliés. Quand on fait donc face à une situation à plusieurs inconnues, il faut mettre en première ligne ceux qu’on ne craint pas perdre, absolument.

A titre d’exemple, le Premier ministre économiste tant apprécié de son Président, Oumar Tatam Ly a quitté le navire avec fracas sans que cela ne fasse d’effets sur le régime (réserve). Le Président n’était juste pas content au regard des relations humaines qui lient les deux hommes. Autrement, son départ ne pèse en rien sur la popularité ou la réputation du Président.

La brebis galeuse. De même, Moussa Mara a été nommé Premier ministre dans la foulée, depuis, il ne fait qu’exécuter ordres et missions du Chef de l’Etat, sans vision particulièrement rénovatrice. Il est le choix du Chef qui l’a nommé à ce poste dans le simple but de couper court au débat sur les raisons du départ de Ly.

Justement car malgré sa nomination, Moussa Mara ne décide rien d’important, et n’a ni le courage ni l’influence d’imposer un de ses collaborateurs à la tête d’une des sphères de l’Administration du moment qu’il n’a pu le faire au jour de sa nomination par hasard.

« Au conseil des ministres, il fait des propositions qui sont souvent prises en compte mais seulement quand cela n’a pas trop d’importance. C’est souvent peut-être pour lui essuyer les larmes qu’IBK lui accorde ces faveurs, reconnait un proche du régime qui ajoute, Moussa Mara fait bien son travail, il appose ses signatures et consulte les ministres, même s’il n’influe pas sur l’équipe.» « Non ! Moussa Mara n’est qu’un figurant et en début novembre dernier, suivant les recommandations des rapports des audits,  le Président voulait bien se débarrasser de lui et de certains ministres. Sa seule chance fut la crainte qu’il n’aille dévoiler certaines choses, vu son jeune âge, son emportement facile et son inexpérience,» répond un connaisseur des dossiers.  Pour confirmer cette dernière thèse, c’est un autre administrateur qui renchérit : « le 5 novembre dernier lors du conseil des ministres, le Président et ses proches ont bien refusé d’approuver les propositions et nominations présentées par le premier ministre. Il a fallu pour ne pas sortir un communiqué vide, prendre uniquement en compte, ce qui a été présenté par le ministre des Affaires étrangères. » Pour les proches du Chef de L’Etat qui ont une dent contre le Premier ministre, « Il est cette tête brûlée qui, par populisme a mis le feu aux poudres à Kidal.»  Depuis lors, il est devenu la brebis galeuse de la majorité pour laquelle son départ du Gouvernement est désormais salutaire. Mieux, si c’est pour le remplacer par un des siens du parti, cela n’est que l’événement tant attendu par ces derniers pressés de prendre leur pouvoir en main afin de se dégager des perspectives.

Le vrai Boss, c’est Tréta

Si au sein du Gouvernement, la plupart des ministres n’est pas obligée de vénérer un Moussa Mara ou un familier du palais pour avoir les yeux doux du Président IBK, un seul coup de fil de Bocari Tréta suffit à un Ministre pour deviner tout le mal qui pourrait lui arriver. Ils le savent, Tréta, longtemps resté avec le Président, bénéficie à suffisance l’oreille tendue de ce dernier. Mieux, de la base où ils ont les plus fidèles militants ayant contribué à l’implantation du parti du tisserand, c’est Bocari qui est le plus connu. Homme de terrain, il reçoit messages, appels et complaintes des leurs se sentant oubliés par le pouvoir. « En cas d’événement important concernant le parti, c’est lui Tréta qui prend l’initiative d’effectuer le déplacement, reconnait un membre du bureau national du parti, qui se réjouit, le Président sait qu’il est un stratège et qu’il demeure la figure du parti la plus connue et aimée par la base pour avoir été à son écoute depuis les moments difficiles.»  Mais, ce premier cadre reste purement politique.

En outre, au sein de l’Administration, l’arrivée d’IBK au pouvoir avait suscité un sentiment de tranquillité chez les hauts cadres de l’Etat militants d’autres partis. Pour eux, IBK n’est pas de ce genre de Chef qui préfère démettre ses adversaires pour y installer ses proches.

« Un an après son installation, plus de cent cadres du seul Ministère de l’Education ont été dépossédés  de leurs postes au profit des cadres du RPM, se désole un ancien directeur national qui y voit derrière la main de Bocari Tréta. Aujourd’hui, au sein de l’Administration malienne, c’est lui qui décide du sort des cols blancs. Certains se sont mêmes précipités à aller se présenter jusqu’à son domicile dès la victoire du RPM, mais moi, je ne l’ai pas fait et quelques mois plus tard, tous nous nous sommes retrouvés adjoints à nos subordonnés d’hier sans expériences.»

Au sein même de la famille du Président, Tréta reste moins fréquent, préférant rencontrer son patron au palais plutôt qu’en famille, « il n’aime pas la familiarité excessive », témoigne un proche.

Du côté du ministère du Développement rural, « il est craint pour la rigueur qu’il exige et ne daigne pas souvent à convoquer un planton dans son bureau pour lui demander des renseignements sur tel ou tel travailleur de son département,» un homme des lieux.

A Koulouba où se retrouvent Ministres, Chefs d’Institutions et Directeurs nationaux, Bocari est très présent quand c’est important. Discret, il a  toujours un visiteur du Chef de l’Etat qui aimerait le voir en aparté. Signe d’estime que lui voue ce beau monde.

Ce qu’il reprocherait à IBK c’est d’avoir trop vite annoncé son désir de juger l’ancien Président, croit savoir une source qui ajoute que, Tréta qui a connu le régime ATT où les mots se pesaient avant d’être partagés par le pouvoir est un bon élève des stratégies intelligentes et positives. Mais, à la faveur des mises au point et entrevues, tout finit par se régler.

Avec le Président, les relations sont toujours bonnes. IBK sait que Tréta a la tête sur les épaules et est l’un des rares, sinon le seul à accepter de recevoir des coups sans réagir, au nom de la confiance et de l’estime qui les lient.

« Le vrai Premier ministre c’est lui, rassure une source très proche du pouvoir, il est même capable de démettre un ministre, mais ce genre de trucs, n’est pas de ses attraits. Pour lui, IBK sait ce qu’il fait et pas besoin de le perturber. » Ce qui est loin d’être vrai eu égard des incessants événements ayant terni l’image du pays. Il faut noter que ces événements n’auraient pu se produire si défaut il n’y en a pas eu en matière de choix porté sur les hommes et femmes auxquels il a été confié des responsabilités.

Pour un autre observateur qui se veut averti, «  Tréta n’est pas du tout gentil avec son chef. Pour cause, il devrait être réticent avec ce dernier qui l’écoute bien afin de lui débarrasser de tous ceux qui ont trahi sa confiance. Cela allait leur donner beaucoup de crédibilité même si rien n’a été encore réalisé malgré les multiples promesses de campagne.»

A vrai dire, les innombrables superlatifs accordés à Tréta ne seraient que de la poudre aux yeux  si, par principe, ils ne lui permettent pas d’épauler son très cher IBK pour redresser la barre. Erreur car « Tréta le sait mieux que quiconque : le Chef de l’Etat est très hostile aux critiques. Pis, il croirait qu’une éventuelle réticence de son ministre signifie son désir d’occuper la Primature, alors que là, il ne veut d’aucun membre du parti, sauf s’il n’a pas le choix », éclaire un député qui veut rester dans l’anonymat.

Selon la même source, IBK sous-estime beaucoup la carrure et les capacités de ceux qui lui sont très proches pour leur confier la Primature où il avait laissé des plumes en 2000. Malgré tout, plusieurs membres de son parti auraient pu mieux faire qu’un Moussa Mara. A l’écouter, Moussa Mara est un choix par défaut du moment qu’il n’avait pas de concurrent à visage découvert quand Tatam partait.

La dernière ligne droite

Il ne suffit pas de pouvoir faire et défaire pour rester Grand dans l’histoire. C’est le résultat qui doit compter.

Timide et non encore candidat à  la succession de Moussa Mara, Bocari reste comme une dernière balle dans le fusil d’IBK. Malgré tout, il est le boss de la majorité de par son influence notoire et a du désert à se faire. Au moment où tout tend à basculer, il se retrouve à la croisée des chemins : soit, il reprend les choses en main pour redresser la barre, ce qui peut être un risque grave en cas de brouille entre lui et le Président, soit il reste taciturne et tout s’écroule un beau jour. Il a le choix.

IMT

redactionlarevelation@yahoo.fr

SOURCE: La Révélation  du   3 jan 2015.
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