Le Rassemblement pour le Mali (RPM) ne cesse de crier, depuis quelques mois, au complot Un complot de déstabilisation contre ses bases. C’est au point que le président du parti, Dr Bokary Tréta, avait, lors d’une récente sortie à Banamba, fustigé l’attraction exercée par de verdoyants pâturages politiques sur certains des cadres du parti. Comme si ceux-ci étaient devenus de vulgaires …herbivores. Le discours avait heurté certaines susceptibilités, dont celle des députés de la région, en particulier Mahamadou Lamine Wagué, N’Fa Simpara…
Bokary Tréta ne trouvera aucune occasion pour exprimer un quelconque regret par rapport à ce discours accusateur. Au contraire, d’autres lieutenants du bureau politique national, ne seront pas prier pour fulminer contre ceux qui s’acharnent à débaucher au sein du parti des tisserands.
En effet, par rapport aux nombreux départs en son sein, le secrétaire général du parti présidentiel, l’ex-ministre et avocat émérite Baber Gano, a indiqué le week-end surpassé que le parti a récemment échappé de justesse aux « attaques des prédateurs politiques ». Et d’avertir les partants qu’ils vont regretter leur choix dans les prochains jours, car le RPM demeure un parti attractif, qui va encore prouver sa force de frappe. Electoralement s’entend.
A la tête d’une forte délégation de la direction du parti, Me Baber Gano, à la faveur de la rentrée politique de la Fédération régionale RPM de Sikasso, tenue le samedi 26 Janvier à Koutiala, s’est montré plutôt incisif. Il a dénoncé ce qu’il a appelé la récente manœuvre politique de certaines personnalités pour déstabiliser le parti du tisserand…“Mais Dieu est avec nous, ils n’ont pas pu”. Et Me Gano, réputé très proche du président fondateur du RPM, Ibrahim Boubacar Kéita, d’ajouter que ces personnalités ont profité des divergences dans le choix des candidats lors des élections législatives reportées, pour s’emparer de certains cadres et militants du parti au pouvoir. Selon lui, « le parti manque de maturité, car les candidats malheureux n’ont pas digéré leur éviction ». Avant d’avertir ces transfuges en ces termes : « Ceux qui sont partis vont revenir, car nous sommes un parti à envier, nous sommes forts. Les partants vont regretter leur choix… ». Parmi ces démissionnaires faisant aujourd’hui les beaux jours d’autres formations politiques, l’on cite le cas d’Abdine Koumaré, député de Ségou non moins président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale. Celui-ci a adhéré à l’ASMA-CFP du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et vient d’être désigné personnalité de l’année 2018 à Ségou.
En outre, la trompette du procès en complot contre le RPM est bien embouchée par le président de l’Union des jeunes du parti, Moussa Timbiné qui a souligné que « L’honnêteté doit être l’une des valeurs d’un bon cadre politique ». Le député de la commune V non moins 1er vice-président de l’Assemblée nationale s’est aussi montré remonté contre le ou les comploteurs. Avant de plaider pour une « collaboration sincère » entre les partis alliés de la majorité présidentielle.
Comme on le voit, le doigt accusateur semble pointé vers le Premier ministre, chef du parti ASMA-CFP, largement bénéficiaire des cas de transhumance ayant lessivé le RPM. Ce constat aurait motivé des rumeurs de motion de censure pour tenter d’évincer le chef du Gouvernement. Auparavant, Boubèye ne se fait pas prier pour défendre la cause de son parti. «Le parti n’a donné quoi que ce soit à quelqu’un pour l’amener à l’ASMA. C’est le sérieux qui prévaut au sein de cette formation politique qui lui a valu ces adhésions massives», déclarait-il lors du 2e congrès ordinaire du parti, tenu les 29 et 30 décembre dernier, au Palais de la Culture ». De 4 au départ, l’ASMA-CFP compte aujourd’hui une vingtaine de Députés et plusieurs Conseillers municipaux
Or, Soumeylou Boubèye Maïga bénéficie de la confiance totale du président de la République, qui ne de cesse de clamer haut et fort qu’il ne doit son élection à la tête du pays à aucun parti politique, fût-il le RPM. Il tient à prouver que ses choix stratégiques sont à respecter. Ce qui veut dire que défier le chef du gouvernement c’est défier le locataire du palais de Koulouba ? Celui-ci usera de toute son influence pour mettre en échec toute initiative de défiance de son gouvernement. Sans compter que Boubèye en animal politique prévoyant et stratège peut infiltrer les groupes parlementaires pour faire échec à un quelconque désaveu à son encontre. Et avec sa soixantaine de députés, le RPM va peiner à faire tomber le Premier ministre. A moins qu’IBK ne finisse par, sournoisement, jouer le jeu. Ce qui ne lui ressemble pas.
Surtout que le contexte plutôt difficile du pays n’incite pas à concevoir un tel scénario de fragilisation du pouvoir, au moment où des défis importants sont aux portes : révision constitutionnelle, accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix, le front social en ébullition, des échéances électorales…
Même si certaines sirènes caressent le vœu secret d’avoir la tête du chef du Gouvernement sur l’autel de subterfuges religieux ou moraux ou sécuritaires, la lucidité recommande une juste appréciation du risque encouru. Pour déjouer ces complots.
Bruno D SEGBEDJI
Mali-Horizon