Aujourd’hui existe du sommet à la base du pays une confusion totale, la faute à des gouvernants peu inspirés et incapables de trouver des remèdes aux préoccupations de leurs compatriotes.
A quelle sauce sera mangé le Mali? Des millions de Maliens et d’observateurs étrangers tentent vainement de répondre à cette interrogation. Les incertitudes qui entourent la survie de notre pays ne permettent pas de se prononcer sur son avenir. Par ses erreurs de casting et son manque de vision, le régime actuel n’a pas vraiment contribué à la remise du Mali sur les rails. Sur les plans sécuritaire, politique, économique…, la situation va de mal en pis. Pourtant, en franchissant les portes du palais de Koulouba, le président de la République donnait l’impression de disposer de recettes magiques pour le Mali. Les rhétoriques de campagne électorale sont bien loin de la réalité du pouvoir, beaucoup de dirigeants perdant rapidement les pédales, une fois dans l’exercice de leur fonction présidentielle. Aujourd’hui existe du sommet à la base du pays une confusion totale, la faute à des gouvernants peu inspirés et incapables de trouver des remèdes aux préoccupations de leurs compatriotes. Et les choses ne semblent pas s’arranger à quelques petits mois des prochaines élections présidentielles que certains ont qualifiées de scrutin de tous les dangers pour le Mali.
Sur le plan sécuritaire, le Mali est plus que jamais la cible privilégiée d’attaques terroristes. Du nord au sud, en passant par le centre, aucune partie du pays n’est épargnée par ces actes odieux. La situation sécuritaire est tellement critique que le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé a fait remarquer que « l’année 2017 a été la plus meurtrière depuis que IBK est au pouvoir » au Mali. Se prêtant facilement au jeu des chiffres, le « bélier blanc en chef » a précisé qu’«il y a eu au moins 716 morts au Mali, dont près de 300 militaires maliens et étrangers ». Des statistiques qui témoignent de la gravité de la situation et qui attestent que non seulement les militaires mais aussi les civiles sont victimes de l’insécurité grandissante. Les mesures de précaution prises par le gouvernement se sont jusqu’ici avérées inefficaces pour diverses raisons. L’instauration régulière des couvre-feux par exemple n’a pas produit les effets escomptés, à cause de leur violation notamment par des proches du pouvoir.
Désordre
Ce qui a le plus souvent facilité la perpétration d’attaques terroristes à travers le pays. Pour redonner le sourire à leurs concitoyens, les autorités doivent ressortir avec d’autres méthodes contre l’insécurité dont l’application sera stricte. Le nouveau premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, qui a promis des mesures fortes contre l’insécurité, a du boulot à faire.
La lutte contre l’insécurité est solidement liée à la mise en œuvre correcte de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Signé en 2015 par les protagonistes de la crise du nord-Mali, ce deal de paix n’a pas permis le retour de la paix dans le septentrion malien. Son application est dans l’impasse. Les groupes armés sécessionnistes continuent de narguer l’Etat, qui ne contrôle pas l’ensemble du territoire national. Dans les zones sous l’emprise des mouvements armés, ces derniers se comportent comme s’ils gouvernaient une république à part. Tout cela a lieu devant une médiation internationale passive et une France dont l’attitude est plus que suspecte au Mali. Se remettant plus ou moins à la très controversée Mission de l’Onu au Mali (Minusma), le gouvernement essaie de se donner un peu d’air, en ressortant avec des décisions dites salvatrices. C’est ainsi que dans son adresse de nouvel an à la nation, le chef de l’Etat a annoncé que le Mali allait se doter d’une loi « d’entente nationale » prévoyant de ne pas poursuivre « tous ceux impliqués dans une rébellion armée » n’ayant « pas de sang sur les mains ». Des observateurs sont déjà sceptiques quant à la pertinence de cette future loi qu’ils considèrent comme une « prime à l’impunité ». Une loi de ce genre est-elle suffisante pour relancer le processus de paix et baliser le terrain pour les futures élections? Rien n’est moins certain même s’il est indéniable que la bonne organisation des élections présidentielles sur toute l’étendue du territoire national est derrière certaines initiatives d’IBK.
Cependant, la constitution de la nouvelle équipe gouvernementale ne permet pas de comprendre les vraies ambitions du chef de l’Etat. En changeant de chef de gouvernement comme de culottes, IBK continue de créer une certaine instabilité dans l’attelage gouvernemental. Ce qui n’arrange pas du tout la République en cette période charnière. En un peu plus de quatre ans d’exercice du pouvoir, le boss de la République a collaboré avec cinq PM et plusieurs ministres dans des départements stratégiques comme la Défense, l’Administration territoriale, les Affaires étrangères. Le résultat: plus de désordre au sommet de l’Etat et moins de visibilité dans l’action gouvernementale.
Ogopémo Ouologuem
(correspondant aux USA)
Les echos