ATT a contribué à délégitimer le fait majoritaire. IBK, finalement, l’a mis sous le boisseau. Le RPM semble se réveiller et se rebeller. Va-t-on vers la cassure ?
Sous le président ATT, le fait majoritaire n’a jamais prévalu. Au contraire, ATT a travaillé à affaiblir les partis politiques. Le fait était compréhensible. Lui, militaire, reconverti à la démocratie à la 25è heure, a toujours veillé sur ses flancs, tenant en respect les partis, autant les méprisant que les craignant.
Il est vrai que son avènement était également la résultante d’une crise politique, d’une tension et d’une désaffection vis-à-vis du politique. La classe politique, dans son ensemble, incapable de s’entendre sur un minimum démocratique, a préféré un accident de l’histoire. L’arrivée d’ATT était un échec de l’ensemble de la classe politique, principalement du mouvement démocratique.
Pour tout le monde, l’arrivée d’IBK allait être l’occasion de réhabiliter le politique, de légitimer le fait majoritaire. Mais, dès son accession à la magistrature suprême, il a été le premier opposant d’abord à sa formation politique, le Rassemblement pour le Mali, en disant urbi et orbi qu’il ne leur doit pas sa victoire, qu’il ne leur doit rien. Il a été au début très applaudi pour ce discours ! Tout le monde était content de voir les vainqueurs raser le mur, obligés d’avaler des couleuvres.
Mais, avec le temps, le discours n’évoluait pas, et le RPM était passé en victime privée de sa victoire.
La dernière rencontre entre le président Ibrahim Boubacar Kéita et le RPM semble sonner le début d’un nouveau rapport entre les deux. Certainement fatigués de se coucher et de servir de souffre-douleur, les Tisserands semblent se réveiller et décidés de ne plus souffrir en silence. Ils ont eu le courage de faire asseoir le président fondateur et de lui dire tout le mal qu’ils pensent de lui.
Le RPM se réveille. Il est évident qu’il n’ira pas à la casse, pour son propre crédit, mais, le fait d’amener IBK à dialoguer avec lui, de pouvoir lui dire en face tout ce qu’on pense de lui est déjà un grand pas.
Il est évident que c’est là une piqûre qui va réveiller le candidat IBK. Les morceaux ne pourraient plus être recollés. Les bases de collaborations ne seraient plus jamais sincères. La confiance ne reviendrait pas.
L’un ne pourrait pas aller sans les autres. Du coup, les élections à venir seront très difficiles. Il reste à voir comment les choses font s’achever.
Alexis Kalambry
Les echos