C’est vrai, des cadres peuls ayant assumé des responsabilités à divers niveaux de l’administration et des institutions de la République, des citoyens maliens de culture peule et des amis de cette culture de tout niveau social, se sont réunis et se réunissent souvent pour examiner comment mettre fin à l’amalgame, à des arrestations, à des persécutions pour délit de faciès. Ils examinent comment en finir avec la situation actuelle où les peuls ou des citoyens de culture peule, sont d’éternels suspects pour certains agents de l’Etat : forestiers, douaniers, policiers, gendarmes, autres militaires. La préoccupation des cadres du Pulaaku est de restaurer la confiance entre la communauté peule et les forces de sécurité, entre la communauté peule et les agents de l’Etat de toutes professions, entre la communauté peule et les autres communautés composant la Nation malienne.
Toutes les conclusions des réunions tenues en mai, juin et juillet 2016, ont été portées à la connaissance du Premier ministre Modibo Kéita et de son successeur, à la connaissance de toutes les autres institutions y compris la première d’entre elles. Les foras tenus à Mopti en mai 2017, à Ségou en septembre 2017, et récemment à Bankass en novembre 2017, l’ont été à l’initiative de l’Etat malien et sous son égide. Ces foras de Mopti, de Ségou, de Bankass ont été respectivement ouverts et clos par les ministres Hammadoun Konaté, ministre de la Solidarité et de l’Action humanitaire, Mohamed El Moctar, ministre de la Réconciliation nationale, le gouverneur de la région de Ségou assisté du Colonel Moussa Zabour Maiga, l’ancien ministre Modibo Kadjogué, chef de la Mission d’appui à la Réconciliation nationale.
En s’adressant à l’ONG « Centre pour le Dialogue Humanitaire » couramment appelé HD, la direction du Journal « La Nouvelle Libération » saura ce que « mijotent les peuls » : trouver les voies et moyens de recoudre le tissu social malien qui se déchire en maints endroits, s’opposer à la partition du pays en faisant face à tous les séparatistes, tous ceux qui veulent disloquer la Nation malienne ; sauvegarder la cohésion sociale, la laïcité de l’Etat ; travailler à la récupération de l’intégralité du territoire national ; défendre la diversité, les spécificités culturelles, linguistiques ; veiller à l’égal respect et considération de toutes les langues du Mali.
En définitive l’objectif général, c’est d’éviter la radicalisation des jeunes de la 4ème et 5ème région et d’empêcher le sang des Maliens de continuer à couler chaque jour, en dépit de la signature de l’accord de Bamako pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus de Ouaga et d’Alger.
Les incriminés, les épinglés dans votre article, le Pr. Ali Nouhoum Diallo, le Général Ismaïla Cissé dit Ila, n’ont pas participé « à une réunion dans un pays voisin appelant à la création d’un Etat Peul qui déborderait les frontières du Mali ».
Est-ce à de l’intoxication que vous entendez procéder ?
Est-ce un souci de diffamer « les anciennes gloires » comme votre journal se plait à désigner Mme Sy Kadiatou Sow et ses acolytes dont le Pr. Ali Nouhoum Diallo ? Seuls ceux qui ignorent tout de son itinéraire et les sots parmi eux, pourraient penser qu’Ali Nouhoum Diallo est la tête pensante de Hammadou Koufa et des djihadistes ! Arrêtez donc !…
Ces derniers temps devant l’ampleur de l’acharnement contre les Peuls et les citoyens maliens de culture peule, devant les vagues d’arrestations pour délit de faciès, même les taquineries de nos cousins donnent à réfléchir à la jeunesse de cette communauté. Ils interrogent : grand père, tonton, mon père, ne faut-il pas méditer sur les propos de nos cousins, forgerons, Bwa du genre : allez-vous en, retournez en Ethiopie ! Retournez dans la vallée d’Assouan ou en Syrie, ou au Yémen voire au Sri-Lanka, car vous êtes peut-être des Tamuls ! Qui sait d’où vous venez ! D’ailleurs, il faudra que le Mali exige de vous des cartes de séjour …!
Constamment, les cadres répondent aux jeunes : ne devenez pas des paranoïaques ! Et pourtant grand père, réfléchissez-y, nous sommes des citoyens désormais sans terre, sans points d’eau. Si ça continue grand-père, nous prendrons tous les armes, et si les autorités ne veulent pas de nous, en armes, nous rejoindrons les groupes armés qu’ils soient Arabes, Kel Tamasheqs, Songhoï ou Peul, y compris parmi ceux qui combattent au nom du djihad. Pour les cadres du Pulaaku, les amis et sympathisants de la culture peule qui militent avec eux, personne ne doit leur dicter avec qui des enfants du Mali, ils doivent ou ne doivent pas discuter, dialoguer, négocier en vue d’arrêter le sang des Maliens de couler et de restaurer une paix durable et définitive.
Adorateurs d’Allah et reconnaissant que le prophète Muhammad (PSL) est un de ses envoyés, disciples d’Usmaan Dan Fodio, de Seeku Ahmadu Bari, d’El hadj Umar Saïdu Fuutiiyu, et de leurs adeptes Cheikh Hamahoullah, Seeku Saalah, Almaami Gijo, Sidi Modibo Kane de Dilli, Hammadu Abba de Sokura; s’efforçant chaque jour d’approfondir davantage l’étude du Coran et de la Parole Sainte en général, attachés à assimiler l’essentiel des enseignements du dernier des prophètes et de ses prédécesseurs, convaincus que leur Créateur est le seul juge des divergences entre croyants en Lui appelés tous à rivaliser de piété et de charité, les « peuls » pour parler comme votre Journal « La Nouvelle Libération », s’emploient à contribuer à la restauration d’un Islam Pacifique et Tolérant. Caractère tolérant et pacifique qu’il n’aurait jamais dû perdre depuis le sermon d’adieu prononcé par le prophète Mohamad (PSL) lors de son dernier pèlerinage.
Nous entendons construire un pont entre tous les fils et toutes les filles du Mali. C’est la mission que nous nous assignons. L’Islam ne se radicalisera pas du fait des Peuls au Mali, pays d’un syncrétisme religieux remarquable qui a digéré tous les envahisseurs au nom de la religion tout au long de son histoire. N’en déplaise au chercheur Jean Hervé Ezékel de Crisis Group qui prédit : « Le plus grand danger qui menace l’Afrique de l’Ouest dans les années à venir, est le djihâdisme peul » et voudrait focaliser l’esprit des Maliens, sur leur nouveau concept le « Centre » aux contours indéfinis comme ceux de l’Azawad, le premier concept séparatiste crée !
Tant qu’il s’agit d’un combat politique, d’une bataille d’idées, tous les sobriquets dont vous affublez vos adversaires, des Hommes ou des Femmes dont vous êtes chargé de détruire la notoriété, le respect, l’estime, la considération dont les entoure le peuple malien, ce n’est pas si grave, car la pratique de ces personnalités est connue des honnêtes gens. Votre posture est encore concevable !
Mais quand il s’agit de jeter en pâture des Humains dans les circonstances de crise profonde du Mali, en mettant en avant des questions aussi sensibles que les questions ethniques, communautaires et confessionnelles, c’est très grave, c’est inconcevable. C’est passible de poursuites judiciaires.
Au lieu de travailler à la cohésion de la nation, vous tirez sur des fibres qui soulèvent les foules, déclenchent des passions et pourraient conduire à des guerres civiles et religieuses à des nettoyages ethniques, à des génocides, c’est inacceptable !!
Héï ! Halte à l’incitation à l’amalgame pour délit de faciès !
Faites attention, de simples blagues « Ni yé fula yé, ni ma filanan yé, i ma foï yé » pourraient être traduites par : le peul a plus d’un tour dans son sac, puis le peul est sournois, il est fourbe, il est prêt à trahir sa patrie. En conséquence, il est l’éternel suspect dont il faut débarrasser la nation quand bien même il en est le ciment. Encore une fois, c’est passible de poursuite judiciaire pour appel au meurtre et/ou au suicide.
Souvenez-vous du Premier ministre du président François Mitterand Pierre Bérégovoy acculé par la presse au suicide. Souvenez-vous aussi des paroles prononcées par le président de la République française contre la presse à l’occasion de ce suicide ! Paroles denses, poignantes, pleines de reconnaissances envers « un homme dont chacun savait ou percevait la qualité faite de courage, de désintéressement, de dévouement au bien politique ».
Retenez aussi ces deux strophes de cette oraison funèbre « Toutes les explications du monde ne justifieront pas que l’on ait pu livrer aux chiens l’honneur d’un homme et finalement sa vie au prix d’un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de la République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d’entre nous.
L’émotion, la tristesse, la douleur qui vont loin dans la conscience populaire depuis l’annonce de ce qui s’est passé samedi, en fin de journée, près de Nevers, sa ville, notre ville, au bord d’un canal où il était souvent venu goûter la paix et la beauté des choses, lanceront-elles le signal à partir duquel, de nouvelles façons de s’affronter tout en se respectant donneront un autre sens à la vie politique ? Je le souhaite, je le demande et je rends juges les Français du grave avertissement que porte en elle, la mort voulue de Pierre Bérégovoy ». Magnifique poème en prose que cette oraison funèbre !
La direction du Journal « La Nouvelle Libération », relisez plutôt toute l’oraison funèbre. Elle fera du bien aux âmes sensibles parmi vous et vous aidera à vous reconstruire. Vous en avez besoin sûrement !
J’attends que vous vous conformiez à la déontologie journalistique pour publier mon article en lui réservant la même page de garde que votre article diffamateur !
Bamako le 31 décembre 2017
Pr. Ali Nouhoum Diallo
Ancien président de l’Assemblée nationale
Ancien président de Parlement de la Cédeao
Grand officier des Ordres nationaux
Les echos