Toutes les Maliennes et tous les Maliens étaient heureux de voir que le président IBK a décrété 2014, année de lutte contre l’impunité, la corruption, la gabegie et la délinquance financière. Mais, aujourd’hui, ils attendent toujours, après un an de pouvoir du Kankélentigui, de voir cette lutte prendre sa vitesse de croisière. D’aucuns commencent même à douter de cette volonté du chef de l’Etat, comme ces travailleurs de la Direction nationale des Eaux et Forêts qui ne comprennent pas que malgré les dénonciations portant sur la mauvaise gestion, la corruption, la gestion clanique et laxiste du Directeur national, Alassane Boncana Maïga, ce dernier ne soit nullement inquiété. Finalement, qui le protège au sommet de l’Etat ?
«Nous sommes désormais fondés d’accepter que les autorités maliennes n’ont pas de sensibilité écologique en maintenant à son poste Alassane Boncana Maïga comme Directeur national des Eaux et Forêts (DNEF), qui n’a cesse de détruire son service. Les autorités au plus haut niveau en savent tout désormais, mais restent indifférentes», nous confie une source très proche du dossier. Avant d’ajouter que «c’est toujours la même rengaine, pourrait-on dire, mais les faits sont gravissimes pour ne pas les ressasser à chaque fois. Car M. Maïga s’est tout simplement transformé en un prédateur moderne de nos forêts».
Entres autres griefs, il lui serait reproché toute une batterie de sales comportements et besognes. Selon notre source, il aurait transformé les agents en rançonneurs à son propre compte ; détourné des milliards de Fcfa du BSI sur la base de projets fermés depuis plusieurs années et sans résultat visible sur le terrain. Et aurait détourné plus de la moitié du milliard trois cent millions mis à sa disposition pour construire une nouvelle Direction nationale en construisant un immeuble qui ne résout rien, car son personnel qui était reparti entre 3 sites avant la construction, se trouve aujourd’hui reparti entre 4 sites.
Comme si cela ne suffisait pas, il aurait commandité l’abattage de 30 000 pieds de vène (Guénou) mis en conteneur en vue de l’exportation vers la Chine, entraînant une perte sèche de 225 millions de Fcfa en taxes, sans compter la catastrophe écologique ; bradé de nombreuses forêts classées à des privés sans aucune expérience afin de mieux profiter des fonds d’aménagement destinés à ces forêts ; transféré la gestion de réserves de faunes à des privés, puis fait signer par l’Etat, des documents l’obligeant à financer entièrement l’aménagement de ces mêmes forêts.
Aussi, nous apprend-on, il a transformé les agents de la Direction nationale en véritables automates par sa dictature, comme l’atteste la récente incinération absurde des bois de vène de sô et autres par la Direction régionale des Eaux et Forêts de Sikasso. On lui reproche aussi d’avoir torpillé la hiérarchie en faisant commander des agents chevronnés ayant blanchi sous le harnais par des néophytes, favorisant ainsi l’indiscipline. De ce fait, le plan de carrière est une hallucination.
Sans oublier, indique une autre source, qu’il a jeté un discrédit total sur le service, comme l’atteste la récente réaction des exploitants aux mesures mal négociées de fermeture de l’exploitation du bois d’œuvre sous-tendue par l’argument pertinent que les forêts n’ont pas de plans d’aménagement. «Le service bénéficiant des fonds d’aménagement et du BSI, n’a presque rien réalisé sur ce plan. Les exploitants ont relevé des chiffres relatifs à ces deux fonds à partir des rapports de la DNEF, pour demander ensuite ce qu’on en a fait. La réunion provoquée à cet effet par le ministre de l’Environnement, comme il lui en avait été demandé par les exploitants, s’est terminée en queue de poisson après des propos désobligeants de chaque partie envers l’autre», nous rapporte-t-on.
En outre, le Directeur aurait traité les exploitants forestiers de corrupteurs et ces derniers de riposter qu’il n’y a pas de corrupteurs sans corrompus. C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Bien en a pris le ministre d’avoir évité d’assister à l’embrouillamini, tant ses représentants étaient mal à l’aise dans une situation compromettante. Ils se seraient montrés d’autant mal à l’aise, qu’il est difficile de rester cohérent dans le mensonge. La requête des exploitants aurait même été qualifiée de bombe par certains parmi eux. La réunion a tourné à la dérision quand le Directeur met en garde les exploitants de ne pas se fier aux chiffres relatifs aux fonds d’aménagement et au BSI contenus dans ses propres rapports. Comment faire confiance donc à un tel dirigeant ?
En tout cas, selon nos informations, l’incompétence du Directeur national a conduit à l’interpellation du ministre, qui ne mérite pas d’être importuné par une affaire aussi banale qui devrait bien se gérer sans lui. Nous y reviendrons, en même temps qu’une autre affaire pour le moins douteuse de certificat d’origine (document servant dans l’exportation des produits forestiers) avec un fort relent de faux et d’usage de faux impliquant nombre de cadres de la DNEF.
Au regard de tout ce qui précède, pourquoi les autorités restent-elles insensibles, malgré les preuves tangibles à toutes ces accusations ? Qui sont donc complices et/ou responsables ? Et pour quelles raisons ? Selon nos informations, il semblerait qu’Alassane Boncana Maïga a de grosses couvertures de certaines hautes personnalités de ce pays qui, en retour, ont des pots-de-vin. Nous y reviendrons dans notre prochaine parution.
Aminita BAGHAKHA