Dans l’histoire des peuples et des nations, il est de tradition que la jeunesse était, est et reste le fer de lance du devenir humain. Sous Moussa Traoré, cette vérité était soutenue par le slogan sacro-saint des griots du régime : «La jeunesse est le fer de lance de la nation». Comme pour dire que l’avenir de notre pays repose essentiellement sur les épaules de la jeunesse combattante.
Mais moins qu’une réalité tangible, ce slogan n’a jamais été réellement appliqué au Mali depuis la chute du régime nationaliste de Modibo Keïta. Au contraire, le régime de Moussa Traoré s’est foncièrement illustré par le combat sans merci contre la jeunesse malienne.
Allez savoir jusqu’où Moussa Traoré a ratatiné l’avenir de notre pays en brisant sans vergogne l’élan patriotique de la jeunesse malienne insufflé en elle par Modibo Keïta qui jurait par cette jeunesse. C’est d’ailleurs pour la cause historique de cette jeunesse que le président Modibo n’avait cessé de confier aux jeunes maliens que le Mali ne sera que ce qu’ils en feront, brisant ainsi de la gestion gérontocratique de nos affaires.
S’adressant à la jeunesse malienne, le président martelait constamment: «Lorsque les propriétaires deviennent des observateurs, c’est le festival des brigands».
Pour réussir cette noble ambition du régime nationaliste, Modibo entendait apporter à cette jeunesse tout le soutien du gouvernement et dans la théorie et dans la pratique. Cela, parce que Modibo savait que c’est par l’action gouvernementale que passe nécessairement le sens de la combativité des jeunes du Mali. Déjà, au seuil de l’année 1961, le président avait tenu à tracer la ligne de combat de cette jeunesse.
A cette occasion, il avait dit à la jeunesse malienne à la face du monde : «Nous, dirigeants du parti et membres du gouvernement, demeurons fidèles à l’engagement de conduire notre peuple vers un avenir meilleur. J’affirme que les dirigeants du parti se consacreront entièrement à cette tâche et je préviens d’avance que tous les obstacles qui s’y opposeront seront immédiatement brisés, qu’ils viennent de l’intérieur ou de l’extérieur».
Rappelons que sans cette jeunesse combattante, Moussa s’éternisera aux affaires ayant corrompu cette vieille garde qui, au lieu de se démettre au profit de notre jeunesse, s’est accrochée comme une chauve-souris à son destin. C’est avec grande douleur que nous rappelons que Moussa a nagé dans le sang de cette jeunesse avant de quitter Koulouba : plus de deux cent vingt (220) enfants et femmes tués par les forces apatrides du général bazin.
L’on comprend donc le cri de cœur des enfants du Mali à l’adresse du lieutenant colonel Amadou Toumani Touré (ATT) après avoir arrêté le général assassin.
En chœur, ces enfants disaient : «ATT, an bè sa i nofè» (ATT, nous sommes prêts à mourir pour vous). Hélas ! Les forces du mal tapies dans l’ombre ont montré à la jeunesse de notre pays qu’elle a été utilisée contre Moussa pour le déloger mais qu’en vérité leur gage n’a jamais été de travailler pour l’avenir que constitue cette jeunesse.
A la faveur du coup d’Etat dirigé contre ATT par le capitaine Amadou Haya Sanogo, ATT s’est retrouve en exil forcé au Sénégal. Sera-t-il un jour rattrapé par l’histoire, cela semble évident et inévitable n’en déplaise aux nombreux vautours qui ont rodé autour de lui et de sa gestion de nos affaires. Son départ du pouvoir n’a été rendu possible que grâce aux enfants qui ont toujours été présents débout aux avant-postes de combat pour le vrai changement d’orientation de notre pays.
ATT parti, voilà que les Maliens ont confié leur devenir à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) avec presque un plébiscite de 77,66% des suffrages exprimés. Sans cette jeunesse malienne, cette jeunesse, l’élection d’IBK à la magistrature suprême du pays serait un rêve illusoire. Voilà qu’à peine installé aux affaires que le nouveau président rend hommage à celui qui a trempé sa main dans le sang de notre jeunesse, en l’occurrence Moussa Traoré «le grand républicain».
Dès lors, il n’était plus un secret pour tout intellectuel averti que le président IBK ne pouvait conduire le Mali vers un avenir meilleur. C’est bien cette triste vérité qu’IBK n’a cessé d’exprimer en faisant appel à des équipes dirigeantes qui ont montré toutes leurs limites objectives dans la gestion des affaires du Mali.
Les femmes et les hommes auxquels IBK fait appel sont pratiquement tous à la retraite. Il suffit de se référer aux nombreuses nominations dans les différents départements pour savoir que c’est, dans l’écrasante majorité des cas, le retour en force des vieux à la retraite. C’est là un véritable danger pour l’avenir de notre pays. Ces gens qui ont fait tout leur temps sans rien changer de bon au Mali n’ont plus rien à donner au peuple malien. Leurs nominations présentent deux inconvénients majeurs à savoir :
- Ces responsables retraités et rappelés dans les différents départements ministériels sont indifférents aux résultats qu’ils pourraient produire. Pour vu qu’ils se fassent les poches aux dépens de notre peuple travailleur.
- Les retraités font du pouvoir une affaire d’âge sous le prétexte de l’expérience. Mais Don Rodrigue disait dans «Corneille Le Cid» qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.
Au Mali, li n’ya pas de crise d’hommes intègres et compétents surtout quand ces retraités ne font pas preuve d’intégrité morale dans la gestion des affaires du Mali.
Il est temps que la jeunesse réclame son dû car elle a toujours été utilisée à toutes les étapes de l’histoire de notre pays pour ensuite être écartée de la gestion des affaires au bénéfice de celles et de ceux qui n’ont rien à proposer à notre peuple travailleur.
Si notre jeunesse n’est pas bien formée, la faute retombe entièrement sur ces politiciens véreux qui ont tripoté et qui continuent à tripoter notre système éducatif pour des dividendes inavouables, advienne que pourra à cette jeunesse. Pendant ce temps, l’argent du contribuable malien est utilisé pour envoyer les enfants de nantis à l’extérieur pour étudier dans des grandes écoles.
L’on comprend donc que le fait de remplir les départements par des vieux et des vieilles à la retraite, c’est tout simplement pour réserver leur place à leurs enfants biologiques comme s’ils étaient les bénis de Dieu aux dépens des enfants des masses populaires du Mali.
Il est temps et alors grand temps de remplacer ses retraités par des cadres compétents propres et dévoués pour la cause du Mali. Ces cadres se retrouvent aussi de cette jeunesse.
En tous cas, à l’allure où va la gestion des affaires du Mali, le pire est à craindre car la roue de l’histoire tourne en dépit de la volonté des déprédateurs de notre tissu économique national.
Fodé KEITA