Le duo infernal Dioncounda- Diango joue un jeu dangereux. On ne peut pas acheter des véhicules pour une commission CDR, créée uniquement pour le MNLA, d’autres pour Koulouba et la Primature, de surcroît à crédit en cette période de guerre, et annuler en même temps l’achat des véhicules destinés à l’armée.
Pas parce qu’il y a vice de procédure ou de forme, mais tout simplement parce que l’omnipotent Diango a décidé de ne pas commander les dits véhicules. Pourquoi n’a-t-il pas alors annulé aussi le marché de la 3ème licence de la téléphonie pour les mêmes raisons? Donc, il y a là les relents d’une rigueur curieusement sélective qui s’endort quand il ya à manger et s’exerce quand il n’ya rien à se mettre sous la dent. Pris dans son propre jeu, Diango n’essaie-t-il pas de monter les membres de son gouvernement les uns contre les autres ? Ne s’adonne-t-il pas ainsi à un dangereux règlement de compte de bas étage. Témoignages et analyse.
L’argent dort à Bamako, les soldats crèvent au front ! «Ça ne va pas ! Chaque jour, on voit à la télé des sommes mises à la disposition de l’armée dans le cadre de l’effort de guerre. On se pose des questions sur la destination de ces fonds. En tout cas ici à Niono, nous on n’a rien vu. Et même les bœufs, les moutons ou les chèvres offerts par les populations à nos chefs pour nous encourager, sont vendus. On ne comprend rien dans la gestion des dons destinés à l’armée. Par exemple, à Ségou, nos chefs n’hésitent pas à partager ces dons-là entre leurs parents et amis et laisser la troupe en rade. Rien n’arrive ici. Vous-mêmes vous voyez » ? La grande muette parle, ce qui veut dire que le malaise est profond. En groupe, fusils à l’épaule, des morceaux de tissu rouge à l’épaulette, l’air fatigué et menaçant, voici les réactions des jeunes soldats au front dans la localité de Niono, que votre fidèle serviteur a pu avoir comme réactions à une simple salutation d’encouragement, le samedi 20 avril dernier dans la préfecture de Niono. C’était au cours d’une mission ministérielle dans la zone office du Niger. Autre constat, au cours du même périple, les Pick-up de patrouille qui encadraient le cortège ministériel sont tombés en panne sèche dans la localité de Kolongotomo. Personne n’a dit mot, mais les interrogations demeurent. Si les militaires qui sont sensés assurer la sécurité du ministre et sa délégation manquent de carburant, il y a de quoi s’inquiéter. A Diabaly, malgré que le camp et campement militaires sont totalement détruits, un sous-lieutenant de la gendarmerie nous rassure que tout va bien et que le moral des troupes est au top. « On a mangé en qualité et en quantité » confirme notre interlocuteur. Même si les éléments assis, les yeux hagards, n’ont pas voulu réagir pour confirmer.
Analyse froide de la situation
Malgré la situation de guerre, les nouvelles anciennes autorités du Mali, composées des caciques de la 3ème République, refusent de fournir à l’armée les moyens adéquats pour lui permettre d’accomplir sa mission régalienne de défense et de sécurisation du territoire national. Même si on peut comprendre les relations heurtées depuis 20 ans entre l’armée et les tenants du pouvoir au Mali, il est inacceptable et irresponsable que ces manœuvres continuent de plus belle en pleine période de guerre. Le Premier ministre Diango ne peut pas s’offrir des véhicules de luxe à crédit, maquiller le scandale qui entourerait la vente de la 3ème licence de téléphonie globale octroyée par entente directe et refuser au même moment l’achat de véhicules militaires pour notre armée en guerre. C’est incompréhensible à tout point de vue. Ce geste est intolérable, impardonnable, et antipatriotique de la part d’un chef. Quel qu’en soient les motifs avancés par Diango et ses sbires, ce scandale a tout l’air d’un complot d’Etat contre nos forces armées et de sécurité. Une haute trahison de la part du chef de gouvernement dont la mission cardinale est la libération du nord et sa sécurisation. Comment sécuriser le territoire si nos soldats n’ont pas d’équipements. Et l’entrée même de l’armée malienne à Kidal est en partie liée à des problèmes de moyens logistiques, selon l’Etat major. Toute chose qui est incompréhensible. Il y a un adage bambara qui dit « on ne pose pas la question à quelqu’un qui est au fond du puits : pourquoi ou comment tu es tombé dans le puits ? Il faut plutôt le faire d’abord ». Cet adage s’applique à la situation actuelle de l’armée malienne. vingt ans sans équipements adéquats et les promesses continuent. Un tour dans les commissariats ou dans les brigades de la gendarmerie prouve a suffisance dans quelles difficultés nos hommes en uniforme travaillent dans des conditions de précarité permanente et au péril de leur vie. Donc l’heure n’est pas au discours ou au règlement de compte, M. le Premier ministre. L’efficacité de notre armée pour la sécurité des populations en dépend. A moins que l’ambition de l’Etat ne consiste à confier la sécurité du Mali à des sociétés privées de sécurité ou à des armées étrangères. Sinon il n’ya pas une autre explication à l’annulation d’une commande destinée à l’armée. L’une des conséquences en est que des militaires maliens patrouillent à l’aide de pick-up saisis aux bandits armés.
Au même moment, au front, nos vaillants soldats continuent à patrouiller à pieds, à l’aide de véhicules saisis au Mujao et à ses alliés ou carrément en motos, souvent sans carburant. Le tout puissant Diango ou Monsieur sales boulots du Pr. Mathéma-magicien, fait main basse sur les fonds destinés à l’armée et se livre à des scènes incompréhensibles à Bamako.
Le Marché public et l’AMRTP
Malgré les nombreuses alertes, les conditions de vie de nos soldats ne cessent de se dégrader chaque jour au front. La preuve, le rouquin de la Primature vient de démontrer aux yeux du monde que l’équipement de l’armée est le benjamin de ses soucis. Par contre, l’équipement de Koulouba, de la Primature et de la Commission dialogue réconciliation, en véhicules de luxe, devient une sur-priorité. D’où le bras de fer entre Diango et son ministre des Finances, Tiénan Coulibaly; mais c’est l’affaire dite « AMRTP » relatif à l’achat des matériels roulants pour l’armée qui vient de mettre à nu les manœuvres du P.M.
Pour étayer mon propos, jetons un regard froid sur le comportement des autorités de la transition, relatif à la gestion du fonds d’accès universel aux réseaux dans les zones non desservies, d’un montant de 8,915 millions de F CFA, mis en place par Orange et Sotelma, et affecté à l’armée par l’Autorité de régulation (ex-CRT) pour son équipement depuis plus de trois mois. Rien n’a été payé par la faute de Diango qui a tout bloqué.
Et le P.M convaincra difficilement le peuple malien et les soldats engagés au front des raisons de l’annulation de l’achat de 10 camions citernes (33 m3), 10 camions citernes (18 m3), 7 ambulances Toyota Land Cruiser Standard, 200 pick up dont la commande a été bel et bien lancée par le marché public à travers le ministère des Finances et non par l’AMRTP, à un prix défiant toute concurrence avec un délai raisonnable de 21 jours et un service après vente d’une année assuré. Si on en croit à une source proche du dossier. D’ajouter pas de surfacturation, pas de pots de vin et les caractéristiques des engins ont été données par l’état major des armées, lui-même. Du sommet de l’Etat, à la primature, en passant par son homologue de la Défense, le ministre Tiéman Coulibaly a informé qui de droit sur les procédures. Si ces propose se confirme le P.M a tort.
Les raisons du clash !
Mais, selon notre source un antécédent fâcheux existe entre le ministre de l’Economie et des Finances, Tiénan Coulibaly et son P.M, Diango, né du marché de 55 véhicules avec CFAO –Motors pour un montant global de 2,2 milliards CFA. (12 pour Koulouba, 22 pour la Primature et 21 pour la CDR). C’est le refus poli mais ferme du ministre Tiénan, avec des arguments solides, comme quoi le pays est en guerre. Que toutes les énergies doivent être dirigées sur la reconquête du nord et non le contraire. Voici en termes clairs, la pomme de discorde entre les deux membres du gouvernement. Contre vents et marrées, Diango a scindé le lot unique du marché de 2,2 milliards en trois lots distincts. Pour contourner le circuit du conseil des ministres et donner en entente directe le marché à la CFAO-Motors qui a livré les véhicules à crédit, malgré les insistances du ministre Tiénan de justifier les dépenses. D’où le malaise au sein du gouvernement de la transition. Pour prendre sa revanche sur Tiénan, Diango a aussi annulé un marché lancé par son ministre des Finances, en bonne et due forme. Sous le motif fallacieux et mensonger qu’il n’a pas été informé. Voici la vraie raison. Donc il y a vice de forme, soutient-il sans sourciller. Soit ! Mais si c’est simplement par mesure de transparence, pourquoi n’a-t-il pas annulé le marché relatif à la vente de la 3ème licence de téléphonie globale attribuée à ALPHA Télécommunication Mali-sa (ATEL-SA). Si c’est pour combattre la corruption et la mauvaise gestion, de sa nomination à la primature à nos jours, il a toutes les cartes en main pour traquer les « bouffeurs » de fonds publics. Pourquoi ne le fait-il pas fait ? Son fameux slogan de « c’était un duel maintenant c’est un duo » résonne encore fortement dans nos oreilles, comme si c’était aujourd’hui. On n’avait pas compris qu’il nous annonçait la naissance d’un duo infernal à scandales.
Choguel, victime de sa vigilance ?
Le cas Choguel prouve à suffisance à quel point les hommes peuvent tomber si bas au contact du pouvoir. Le P.M Diango a fait ici preuve d’un manque de classe qui frise l’indécence par pure rancune. Selon notre information, le P.M aurait rencontré le Dg. d’Orange-Mali. A l’issue de cette audience, il aurait instruit à son ministre de la Poste et des Nouvelles technologies, Bréhima Tolo, d’adresser une correspondance à l’AMRTP de prélever 2,5 milliards F CFA sur les 8,9 milliards F CFA déjà offerts à l’armée et de les reverser au compte d’Orange-Mali qui n’en aurait jamais fait la demande. Raison avancée, l’opérateur de téléphonie mobile aurait subi des dommages sur ses installations au nord du pays. No comment ! Voici le comportement chevaleresque d’un cadre supérieur chevronné, un grand commis de l’Etat qui ne se gêne pas pourtant à desservir les intérêtsde l’Etat au profit d’une institution privée à l’abri du besoin. Que cache cette « magnanimité » subite ? Combien de maliens ont tout perdu au nord par l’irresponsabilité de l’Etat. Combien d’hôpitaux, d’écoles, d’infrastructures ont été saccagés du fait de la même crise ? Combien d’hôtels, combien d’agences de voyage ont mis la clé sous le paillasson ? Combien de guides touristiques, combien de chauffeurs, combien de commerçants, combien d’artisans continuent à grossir les rangs serrés des chômeurs, du fait de cette crise ? Pourquoi dédommager une multinationale comme Orange dont les activités ne sauraient être ébranlées par aucune crise et laisser en rade ceux qui ont tout perdu et qui ont droit au soutien de l’Etat ? Faut-il en rire, en pleurer ou s’en indigner ! C’est le refus de M. Choguel de se plier à cette exigence du PM qui a mis le feu aux poudres. Mieux, pour être cohérent et en phase avec les procédures règlementaires, le directeur général de l’AMRTP a demandé au ministre des Finances, non seulement que le fonds versé par sa structure soit hébergé dans un compte spécial dans la rubrique «Efforts de guerre », mais exigé aussi que les dits fonds soient uniquement utilisés pour les besoins pour lesquels ils ont été débloqués, à savoir l’achat des moyens roulants pour l’armée et que tous les justificatifs lui soient transmis le cas échéant. Autrement dit, la personne ou la structure qui donne l’argent a un droit de regard. Rien de plus normal, surtout que ce fonds qu’il gère est normalement destiné à une utilisation exclusive autre que celle spéciale pour laquelle elle a été cette fois-ci débloquée, du fait d’un cas exceptionnel de force majeure engendré par la guerre au Mali. ! Voici le seul tort du Dr. Choguel Maiga qui est donc victime de sa vigilance en voulant seulement se conformer aux règles élémentaires de bonne gestion. Mais c’était sans compter avec l’acharnement du duo infernal qui est totalement focalisé sur l’imminence de l’après-transition qui mérite une bonne et rapide préparation. Pour cela il faut casser tout empêcheur de tourner en rond. Et pour y parvenir, tous les prétextes sont à prendre, même les plus incongrus et les plus ridicules.
Aliou Badara Diarra