Au Mali, l’opposition politique tente de trouver un nouveau rebond face à un régime militaire qui dure et qui ne bronche plus. Au milieu des hésitations, l’ancien ministre, Housseïni Amion Guindo, non moins président du parti Convergence pour le développement du Mali (CODEM) se lance pour une nouvelle fronde. Dans un message publié cette semaine, Poulo tire les ficelles tout en appelant à un sursaut national contre ‘’la Dictature’’ en place.
Sauver ou périr, voilà la nouvelle doctrine adoptée par Housseïni Amion Guindo. Naturellement courageux, Guindo veut tenter l’impensable, celui de défier les autorités en place cela à une période cruciale pour les hommes politiques maliens. Bouté hors de course pour la plupart, les hommes politiques auront tout subi face aux autorités de la transition.
Récemment, la mayonnaise semble prendre toute sa forme. Avec les nouvelles taxes sur la communication, les autorités de la transition ont ouvert davantage la boîte à contestation. Plusieurs Maliens expriment déjà leurs mécontentements face à certaines décisions. L’occasion est donc toute trouvée, le président du Parti CODEM décide ainsi de tirer sur l’ambulance.
Dans un long récit, Housseïni Amion Guindo dit Poulo fait une analyse globale de la situation du pays, démontrant par l’occasion la mauvaise gouvernance, l’incompétence des autorités à apporter une réponse aux attentes du peuple malien. Ainsi, Poulo invite les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur à un sursaut national contre ce qu’il appelle une dictature.
« Appel à un sursaut national ! Notre pays, le Mali traverse une des crises les plus dures de son histoire. Dure pour toutes les franges de la population et sur l’ensemble du territoire, dure par sa diversité et principalement dure par le manque de perspectives de sortie de crise, en raison notamment de l’insouciance et de l’incapacité des autorités actuelles à trouver des solutions idoines », a déclaré Guindo.
Sur le plan sécuritaire, politique, économique et social, Poulo estime que les autorités actuelles ont échoué. Sur le plan sécuritaire, dira-t-il, la crise malienne est très profonde et dure depuis plus d’une décennie. Mais malheureusement, ces derniers temps, elle s’est exacerbée. Elle est marquée par l’instabilité politique, la création du Front de Libération de l’Azawad (FLA), la montée en puissance des groupes armés djihadistes (JNIM et EIGS) dont le champ d’action couvre désormais l’ensemble du territoire national.
Toujours sur le plan sécuritaire, l’ancien ministre a évoqué la problématique du DDRI (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration) des ex-combattants en cette période de rupture avec les mouvements signataires de l’accord reste entière. « L’impuissance des autorités à y faire face au-delà des discours à travers des approches qui ont montré leur limite fait planer l’incertitude sur le devenir de notre pays », souligne-t-il.
Le blocage !
Pour Housseïni Amion Guindo, le Mali traverse une crise profonde qui est en grande partie liée à l’instabilité sécuritaire et à la faiblesse des institutions, consécutives aux coups d’État du 18 Août 2020 et du 24 mai 2021. « Le déficit de dialogue entre le gouvernement et la classe politique, la société civile et les groupes armés…, les persécutions, les enlèvements, les emprisonnements ou la contrainte à l’exil d’opposants, la dissolution ou suspension d’associations, de partis politiques et de conseils communaux, le non-respect des engagements pris devant le peuple malien et la communauté internationale, le tripatouillage à dessein de la Charte de la transition, etc. ont contribué à tendre un climat déjà délétère », lance Housseïni Amion Guindo.
Une économie en berne !
Le natif de Bamba n’oublie pas la crise économique persistante du pays. Selon lui, cette crise est le résultat d’un cumul de facteurs internes et externes, notamment les sanctions économiques, la dépendance aux importations, le manque de politique économique ambitieuse, une gouvernance non transparente, une instabilité des prix, une crise énergétique sans égal et une suspension des financements des partenaires extérieurs et la sortie de la CEDEAO, le tout, dira-t-il couronné par un manque de vision et de volonté politique.
Une chose qui favorise le taux de pauvreté, les tensions intercommunautaires, les revendications syndicales et une gouvernance instable qui ont accentué la précarité des populations et fragilisé le tissu social du pays. Face à tous ses maux, Poulo trouve la nécessité d’un changement rapide et radical.
D’où il appelle à la création d’un pôle démocratique alternatif qui reste une nécessité, selon lui, pour stopper la dictature et œuvrer à un retour définitif de la bonne gouvernance. « C’est dans cette dynamique et dans le respect strict des lois en vigueur en République du Mali, que nous lançons un appel pressant à toutes les couches de la population malienne (classe politique, société civile, syndicats, personnalités indépendantes, commerçants, paysans et ouvriers) de se mettre ensemble pour stopper la dictature et œuvrer à un retour définitif de la bonne gouvernance dans un Mali sécurisé, démocratique et économiquement viable », a-t-il conclu.
Amadou Kodio
Source : Ziré