L’ADEMA (Alliance pour la démocratie au Mali), une association politique qui a donné naissance à l’ADEMA-PASJ (Parti africain pour la justice et la solidarité) en 1991, a organisé samedi à la Pyramide du souvenir une conférence-débat sur le thème « Problématique de la sécurité en période de crise », dont la modération était assurée par Moussa Makan Camara. La présidente de l’ADEMA, Mme Sy Kadiatou Sow, a expliqué que cette conférence-débat participait du plan d’actions de son association qui veut contribuer à la réflexion sur des questions d’intérêt national. « Il y a eu des débats à l’Assemblée nationale. Nous pensons qu’il faut faire recours aux spécialistes – un policier et un gendarme – qui ont une connaissance avérée en la matière pour nous entretenir sur cela. C’est une actualité brûlante », a-t-elle souligné.
Pour la présidente de l’ADEMA association, il est important que les citoyens aient leur mot à dire sur les questions de sécurité pour que les pouvoirs publics sachent ce que pensent les populations.
Le ministre de la Promotion des Investissements et du Secteur privé, Me Mamadou Gaoussou Diarra, et le député Karim Kéïta, président de la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale, étaient présents à la conférence-débat.
Le thème a été débattu en plusieurs volets par des personnalités qui jouissent d’une grande expérience en la matière. Il s’agit de l’inspecteur général Anatole Sangaré, officier de police à la retraite, et du colonel Hama Maïga, officier supérieur de gendarmerie à la retraite.
La présentation de l’inspecteur général Anatole Sangaré a essentiellement porté sur l’historique de la police, l’état des lieux et les perspectives. Il a rappelé que la police a été créée en 1925 pendant la période coloniale et que ses éléments étaient formés à Dakar au Sénégal. « De l’indépendance à nos jours, la police a été présente sur tous les fronts. Elle a connu des avancées et des évolutions du temps colonial à nos jours », a-t-il indiqué en évoquant des difficultés liées à la formation, au manque d’équipement et à la syndicalisation. La police, dont le noyau était constitué d’anciens militaires, gendarmes et gardes, a connu 5 statuts tantôt militaires ou civils alors, note-t-il, que la gendarmerie qui englobait la garde pendant la période coloniale n’a pas connu de grands chamboulements. Elle était dirigée par un état-major qui est devenu plus tard une direction générale. « La sécurité, c’est la situation dans laquelle on ne court aucun risque, aucun danger. Elle est facteur de paix et de développement », a défini Anatole Sangaré.
De son côté, le colonel Hama Maïga s’est appesanti sur les critères de recrutement, la formation au niveau de la gendarmerie et de la police, la délocalisation des casernes et les difficultés liées à la syndicalisation de la police. « Il faut mettre l’accent sur la moralisation du recrutement, trouver des terrains d’entraînement au Nord pour permettre aux éléments de nos forces de sécurité de mieux faire face à la lutte contre le terrorisme », a-t-il préconisé.
Les conférenciers ont déploré la crise de confiance entre les populations et les forces de sécurité. Ils ont proposé un partage de missions entre l’Etat et les collectivités territoriales et la création d’une police municipale.
Lors des débats, des maires ont rappelé que les textes prévoient la création d’une police municipale même s’ils ne sont pas appliqués. D’autres questions ont porté sur la remilitarisation de la police, les portes d’entrée ou les postes de sécurité, l’amélioration des conditions de vie et de travail des éléments des forces de sécurité.
Karim Kéïta, député élu en Commune II de Bamako, s’est employé à dissiper les inquiétudes sur la crise sécuritaire même s’il reconnaît que la lutte contre le terrorisme n’est pas une tâche aisée. « Nous sommes en train de résorber cette crise. Nous avons créé une loi d’orientation et de programmation militaire qui prévoit la création d’un Centre d’études et de stratégies pour mieux comprendre les enjeux mondiaux et anticiper la gestion des crises », a-t-il expliqué, assurant que cette loi prend en compte les préoccupations des Forces de défense et de sécurité du Mali.
« Le changement est nécessaire pour avoir une approche citoyenne de la question de sécurité qui est une priorité du gouvernement. Dans cette approche, il y a la délocalisation des casernes », a indiqué le ministre Mamadou Gaoussou Diarra qui a annoncé le redémarrage prochain du Service national des jeunes.
Le ministre Diarra a confirmé que le concept de police municipale a toujours existé et estimé que l’Accord de paix d’Alger est un compromis nécessaire qui va favoriser les retrouvailles autour des projets de développement.
En guise de conclusion, l’ancien président de l’Assemblée nationale (1992-2002), Ali Nouhoum Diallo, a demandé aux pouvoirs publics de comprendre la position de citoyens qui « nuancent leurs propos » dans un pays où on demande aux populations de parler le même langage que le gouvernement sur la gestion de certaines situations. « Nous ne serons pas derrière ceux qui vont déstabiliser le gouvernement », a-t-il souligné en assurant que l’ADEMA veut devenir « la gardienne du temple de la démocratie ».
B. M. SISSOKO
source : L Essor