Alors qu’on croyait en découdre définitivement avec les groupes armés du Nord du Mali, c’est-à-dire le Mnla et ses alliés, avec l’appui de la Communauté internationale, voilà que le président français François Hollande qui a été le premier à voler au secours du Mali pour enrayer l’avancée des jihadistes et aider au recouvrement de la quasi-totalité de son intégrité territoriale, joue à un double jeu dangereux avec ce qu’il convient d’appeler «le cas Kidal». L’Etat étant une continuité, Hollande ne fait que rouler sur les traces de Sarkozy qui avait affiché sa «sympathie» pour les «hommes bleus» de Kidal.
Le président français François Hollande risque de faire pire que son prédécesseur Nicolas Sarkory, notamment dans l’appui au Gouvernement malien pour régler la crise du Nord. C’est peut-être ce qui explique sa «descente aux enfers» dans les sondages français. En effet, seulement 15% des Français approuvent sa politique tant intérieure qu’extérieure. Un triste record jamais égalé !
Dans le cas malien qui nous intéresse, François Hollande, après avoir appuyé le Mali pour mettre fin aux velléités des jihadistes, narcotrafiquants et autres bandits armés, énerve par sa position ambigüe en ce qui concerne la présence du Mnla et de ses alliés à Kidal. Sous prétexte de certains accords, l’autorité de l’Etat malien est menacée dans cette région. Et la faute incombe à la France qui, pour des desseins inavoués, ne veut pas laisser l’armée malienne y exercer sa mission régalienne.
Pour preuve, le Mnla et ses alliés ont été sommés de libérer les bâtiments du gouvernorat et ceux de l’antenne régionale de l’Ortm qu’ils occupaient royalement. Chose faite depuis jeudi dernier, mais ce ne sont pas les forces de défense et de sécurité maliennes qui contrôlent ces bâtiments étatiques ; ce sont plutôt les forces de la Minusma. C’est là une autre humiliation faite à la Nation malienne, particulièrement à son armée nationale.
L’inquiétude grandissante des Maliens
La situation actuelle de Kidal suscite passions et commentaires. Les Maliens s’interrogent, les Maliens s’inquiètent, les Maliens s’indignent et ne comprennent pas pourquoi jusqu’à présent l’Etat central n’a aucun pouvoir sur cette région si tant le caractère unitaire, la souveraineté et l’indépendance du Mali ont encore droit de cité.
Actuellement, à Kidal, les militaires maliens sont «cantonnés» et ne sont pas libres de leurs mouvements (ce qui est toujours le cas aujourd’hui). Symboliquement, l’Etat malien est à Kidal avec la présence du Gouverneur et quelques proches collaborateurs. Une présence humiliante, car ce Gouverneur n’a aucun pouvoir. Pire, une visite de terrain des ministres maliens avait failli dégénérer, leurs convois ayant fait l’objet de caillassage de la part des éléments du Mnla.
Avec tous ces incidents, doit-on toujours continuer à parler d’Etat du Mali dans cette zone ? La réponse est Non ! Un grand point d’interrogation demeure quant au statut actuel de Kidal. En tout cas, le Mali n’a pour le moment aucune prise sur cette région.
La position claire obscure de la France
Avec la libération des régions du Nord qui étaient sous l’occupation des jihadistes et des rebelles armés, lorsqu’il s’est agi de mettre le cap sur Kidal, la France n’a pas souhaité la présence de l’armée malienne à ses côtés. La région de Kidal a été libérée par les forces armées françaises et tchadiennes, sans l’armée malienne. La France, dit-elle, craignant un affrontement entre les militaires maliens et les éléments du Mouvement national de libération de l’Azawad présents dans la zone (car, entre temps, ces derniers qui avaient été chassés par les mouvements islamistes, avaient réussi à rentrer à Kidal sous le regard bienveillant de l’armée française).
Cette surprenante attitude de la France intrigua les Maliens qui ne comprenaient pas trop cette volte-face, car le but de l’opération était justement de libérer entièrement et totalement les zones occupées des mains des envahisseurs (les islamistes et les rebelles du Mnla sont de la même veine, unis dans le crime : viols, meurtres, assassinats, terrorisme, actes de barbarie, destruction de biens, etc). La région de Kidal est-elle différente des deux autres régions libérées pour que la France interdise le Mali d’y être ? Les Maliens attendent une réponse de la France.
Il est clair que Kidal fait partie intégrante du Mali jusqu’à preuve du contraire. Que cette région avait subi le même sort cruel et barbare que les deux autres régions précitées, et que par conséquent, il n’y a aucune raison d’empêcher l’Etat malien d’exercer pleinement ses prérogatives de souveraineté nationale dans cette zone.
Il y a donc lieu de se poser des questions sur cette duplicité de la France. Les revendications de ces bandits sont-elles aussi légitimes et légales pour que la France se laisse berner ainsi ? A qui appartient Kidal, si on empêche l’Etat malien d’exercer son autorité ? Est-ce une enclave, une zone tampon ? Un endroit «sans propriétaire» qui attend d’être cédé ? Y a-t-il un deal entre la France et les mouvements rebelles ? La France roule-t-elle pour elle-même, sachant que d’un point de vue géopolitique et géostratégique, cette zone attire, sans compter l’immensité et la variété plus ou moins avérée de ses ressources minières ?
La position de la France est ambiguë entre ce qui est dit et ce qui est fait. Le Mali doute, veut comprendre, veut savoir et n’entend pas laisser les choses en l’état. Le Mali est Un et Indivisible, tout comme l’est la France avec, bien sûr, l’Ile de Corse, la rebelle.
Le Mali n’oublie pas l’aide française et l’en remercie infiniment. Le Mali a soucis de la préservation des liens d’amitié et de coopération qui unissent les deux pays. C’est pourquoi, il exhorte son allié à faire preuve de retenue, de discernement et de respect à son égard. La raison du plus fort ne doit pas être synonyme d’injustice, d’humiliation du faible et de reniement des principes et valeurs de démocratie, de droit et libertés. De ce fait, la France doit laisser les mains libres à IBK pour gouverner son pays. IBK doit, quoi qu’il advienne, refuser d’être la «marionnette» de la France et de son président Hollande. S’il l’accepte, cela n’engagera que lui, et non le peuple malien. Et dans ce cas de figure, il sera le seul à payer les pots cassés.
Bruno LOMA