Le Maire et des membres de la chefferie traditionnelle pointés du doigt ‘il y a un casse-tête pour les autorités nationales en termes de gestion, c’est certainement le cas de ceux qui ont été mandatés par les populations, les conseillers municipaux. Spéculations foncières, détournements de fonds recouvrés, etc. C’est le constat amer qui se dégage au niveau de la Mairie de la Commune Urbaine de Bougouni.
Il ressort de nos investigations que depuis plus de 15 ans, la gestion de la cité du Banimonotié est sujette à plusieurs problèmes, tant les édiles en complicité avec de membres de la chefferie traditionnelle ont stoppé le développement de la ville. Et pour causes, les espaces auraient été presque tous vendus, même ceux qui ne le devraient pas tels que les zones réservées à la construction de l’aéroport et des bâtiments administratifs. En plus, malgré l’existence de sources de revenus permettant à la mairie de renflouer ses caisses, la collectivité territoriale ne dispose pratiquement de rien en termes de fonds.
Razzia foncière et domaniale
Ils sont nombreux, les espaces qui ont fait l’objet de razzia sans état d’âme dans la commune de Bougouni.
La zone réservée à la construction des bâtiments administratifs devant loger les nouvelles structures régionales a été spoliée. Dénommée zone des bureaux par les techniciens, elle est située derrière l’Institut de Formation des maîtres ((IFM). A ce jour, seules les représentations de l’ANICT (agence nationale d’investissements des collectivités territoriales), des impôts et de l’élevage, ainsi que celles de l’Académie d’enseignement et du centre d’animation pédagogique (CAP) ont pu être construites. Par ailleurs, le gouverneur aurait négocié et obtenu la représentation régionale de 5 services étatiques, mais par manque d’espace, il ne sera pas s’en construire des sièges. Il en est de même pour l’entreprise d’exploitation de lithium qui voudrait construire des logements de passage pour ses employés. Quant à la zone aéroportuaire, elle aurait, aussi, été totalement morcelée et vendue, au regard des plaques de propreté que l’on retrouve partout.
La zone dite “Nakoba” (en français le grand jardin) a subi le même sort, il y a deux ans. C’est une zone de culture en toute saison. Les lots issus de son morcellement ont cédés de 4 à 4,5 millions FCFA. Alors qu’elle était sur le point de bénéficier d’un grand financement pour son aménagement. Malheureusement, il y a des constructions partout, y compris les sièges des directions régionales de la police et de la protection civile. Le hic, c’est le cas du site du gouvernorat. Sur 7 ha initialement prévus pour l’abriter, il ne resterait que 4. Actuellement, le siège du gouvernorat serait dans un bâtiment loué ainsi que le domicile du gouverneur, tous situés à Nyebala à côté du camp des gardes. C’est un bâtiment qui appartiendrait à un jeune entrepreneur. En outre, la construction du siège du gouvernorat a été annoncée, quatre mois, avant celle de Koutiala, qui est actuellement finie. C’est le même cas pour le siège du conseil régional.
Située à 500 mètres de la zone “Nakoba”, Nyebala-extension a été victime de la razzia des édiles de la commune urbaine de Bougouni. Cette zone est l’extension de Nyèbala, le premier quartier de la ville. Elle se situe sur la route de Yandolila. Son morcellement a été effectué, en présence de feu Bourama Diakité qui participe à tous les morcellements au nom de la chefferie traditionnelle. Pourtant, le plan de cette zone n’a jamais fait l’approbation des autorités régionales.
Recouvrement opaque des taxes et recettes
Au regard delà position stratégique de la ville et des infrastructures pourvoyeuses de recettes, la maire devrait avoir beaucoup dans ses caisses. Malheureusement, tel n’est pas le cas.
Au niveau de la nouvelle gare routière, les boutiques louées aux commerçants et les escales des cars des compagnies de transport sont d’immenses sources de revenus. Par exemple, pour les escales, les cars peuvent verser 300 000 à 320 000 F CFA par mois. Il se trouve que ceux qui sont chargés de ce recouvrement de ces recettes le feraient sur des papiers volants au lieu des reçus officiels. A noter que cette gare routière a été construite, dans le cadre du PACUM (Projet d’appui aux communes urbaines du Mali), un projet de la banque mondiale, à hauteur d’1 milliard de FCFA. Malheureusement, les recettes versées mensuellement à la mairie n’excéderaient pas le million par an.
La gestion du nouvel abattoir, qui devrait revenir aux bouchers, est assurée par la mairie au motif qu’il y a deux bureaux de bouchers qui se disputent la légitimité. Au départ, la mairie avait prétendu le gérer pour 3 mois, mais il y a plus d’une année qu’elle s’en occupe, à travers le président de la commission des finances de la mairie, Ousmane Diakité. Celui-ci est un élu, membre de la famille fondatrice de la ville. Tout comme lui, ils sont nombreux à se retrouver dans le conseil municipal dans le seul but de s’accaparer de biens de la cité, au nom d’une prétendue propriété coutumière sur la ville.
Le collecteur de transports au niveau des postes de sortie est la plus grosse source de revenus de la ville. Par la vente des tickets de 500 FCFA et 1000 FCFA aux transporteurs, ils peuvent réaliser une recette de 3 millions par jour. Au départ, les agents de police étaient aux côtés des collecteurs. Par la suite, des jeunes manipulés ont tout mis en œuvre pour chasser les policiers de ces postes. Ces collecteurs pouvaient, au départ, faire des recettes annuelles de 25 millions F CFA. En 2009, les recettes étaient de 40 millions F CFA. Depuis cette année, les caisses ne verraient plus la couleur des recettes issues de ces postes de sortie.
Il en est de même pour le recouvrement des recettes des différents marchés delà ville. C’est à la veille du compte administratif de 2024 qui a été bouclé le 27 Mars 2024 que les édiles se sont arrangés à renflouer la caisse de la mairie avec un peu d’argent issu des recettes des marchés. En outre dans la perspective de la construction d’un nouveau marché à Nyèbala-extension, la mairie aurait demandé aux acteurs du marché de verser 25 000 à 50 000 FCFA.
Il est important de rappeler que la gestion chaotique de la mairie a débuté avec le premier mandat de feu Mamourou Coulibaly et qu’elle s’est accentuée avec l’arrivée de Yaya Togola dit « Madou s’en fou ». C’est avec le retour de feu Mamourou Coulibaly qu’elle s’est amplifiée. Pendant toute cette évolution, l’actuel Maire, Karim Sangaré, était le président de la commission domaniale. Donc, il sait tout. Et même complice. Il pourrait être utile pour les besoins d’une éventuelle enquête.
Jean Pierre James