Avec 186 mm de pluie en 6 jours au cours du mois d’août, les parcelles rizicoles des zones basses, moyennes et même hautes des communes qui longent le fleuve Niger de Bamba jusqu’à Watagouna ont été inondées. Ces champs sont aujourd’hui submergés à cause de l’arrivée rapide de la crue. Mahamar Hachèye Touré, notable et paysan à Bamba, relève que les 12 champs les plus vastes de la localité ont été inondés.
Selon lui, dès qu’un champ s’inonde, les poissons en profitent, c’est donc le désastre total. Mahamadine Sidibé, un paysan de Kardimé dans la commune rurale de Gabéro, explique qu’avec la crue accélérée, il a perdu ses deux champs de deux hectares. «Actuellement, le niveau d’eau du fleuve équivaut, à celui d’octobre 2017. Cette année, l’eau est arrivée trois mois plutôt. C’est la disette qui s’annonce. En période de bonne récolte avec ces deux champs, je pouvais obtenir deux à trois tonnes de riz», dit-il. Le président de la Chambre d’Agriculture de Gao, Alhousseini Daouda Maïga, précise que les fortes pluies qui ont arrosé le 20 août le cercle de Gao sont à la base des inondations des rizières. «Tous les champs qui se trouvent dans les bas-fonds sont inondés. Moi même, j’ai un champ de 13 hectares qui a été submergé par la crue», raconte-t-il. « Nous sommes en contact avec les autorités régionales pour apporter des solutions à cette situation de calamité naturelle», ajoute le responsable régional de la Chambre d’agriculture.
Aliou Dicko est le chef secteur agriculture de Gao. Il explique que son service travaille en étroite collaboration avec les partenaires et prodigue des conseils agricoles aux paysans en vue de vulgariser les innovations techniques. M. Dicko relève que dans la Région de Gao, il y a trois systèmes de production rizicole, à savoir la maîtrise totale, la submersion contrôlée et la submersion libre. «La submersion libre occupe l’essentiel des superficies rizicoles de la localité de Gao. Cette dernière se pratique dans les zones moyennes, basses et hautes. Les zones basses sont les premières à être mises en exploitation eu égard à leur position par rapport au niveau de l’eau du fleuve», détaille le chef secteur agriculture de la direction régionale de l’Agriculture de Gao. Selon lui, l’inondation de certains champs des zones basses de Bamba jusqu’à Watagouna a été provoquée par les aléas climatiques tels que la crue précoce de l’eau du fleuve et les 186 mm d’eau de pluie tombée en 6 jours à Gao au mois d’août. Les superficies allant de Bamba à Watagouna couvrent une superficie de 1500 hectares, dont 200 hectares ont été estimés provisoirement inondés.
Dans le cercle de Gao, la commune rurale de Sony Aliber est leader en termes de production rizicole après Gabero, Gounzourèye et Gao, précise le chef secteur agriculture de Gao. Cependant, selon Aliou Dicko, les zones basses de production agricole de la commune rurale de Soni Ali Ber ne sont pas totalement affectées. Il pense que l’inondation des champs est due au manque de bonnes informations sur les indicateurs de la crue qui permettent aux paysans de maîtriser le calendrier agricole.
Le directeur régional de l’Agriculture de Gao, Yacouba Mahamar Touré indique que cette année, malgré l’arrivée précoce de la crue très forte et de pluies excessives, les paysans n’ont pas respecté le calendrier agricole et c’est la raison pour laquelle qu’ils ont été pris au dépourvu. Il ajoute que les paysans n’ont pas consolidé les digues, sinon le rythme de la crue n’a pas encore atteint celui de l’année 2016. Les propriétaires des champs des zones basses peuvent produire jusqu’à 1,5 tonne à l’hectare quand il n’y a pas d’innondation. Yacouba Mahamar Touré pense que l’espoir n’est pas perdu parce que les paysans se sont investis dans les zones moyennes et hautes. Il a ajouté que l’état végétatif de ces champs est très rassurant. La direction régionale de l’Agriculture de Gao est à pied d’œuvre pour évaluer les superficies inondées par la crue.
Abdourhamane TOURÉ
AMAP-Gao
L’Essor