Depuis l’opérationnalisation des patrouilles mixtes, en février dernier, quatre véhicules du MOC ont été enlevés et plusieurs braquages ont eu lieu.
La situation sécuritaire à Gao semble s’être dégradée et les soldats du MOC sont pointés du doigt par la population, qui déplore le manque de contrôle de ces hommes en armes, aux profils divers.
Qui nous protégera de ceux qui doivent nous protéger ? C’est en substance le questionnement d’une grande partie de la population de Gao, revenue de la belle image des patrouilles mixtes lancées en février dernier : FAMA, CMA et Plateforme, ensemble, dans leurs beaux uniformes, à bord de pick-ups flambants neufs, patrouillant dans les rues de Gao. Ce maillon essentiel de la mise en œuvre de l’accord a su monter contre lui, en quelques mois, nombre de détracteurs qui n’en comprennent plus vraiment le sens. « Ils devaient être ensemble pour sécuriser, mais ils ne s’entendent pas entre eux, ils braquent les gens, ils volent leurs propres véhicules puis disparaissent», déplore Moussa Boureima Yoro, coordinateur des mouvements de résistance civile de Gao.
À qui la faute ? La mise en place, après le deuxième vol d’un véhicule du MOC, d’une police militaire visant à ramener de l’ordre et d’un numéro vert destiné à la population pour les plaintes, n’auront pas réussi à endiguer les problèmes. « Effectivement, on ne peut pas tout nier », reconnaît le colonel Mahamane Boubou du camp MOC de Gao. « Mais il y a aussi des amalgames. Gao est plein de mouvements armés, des gens de tous les horizons venus pour constituer les bataillons mixtes. On rencontre des problèmes avec ces combattants qui ne sont pas du MOC mais qui sont armés dans la ville. Ils sont en quelque sorte hors périmètre. Ce sont eux qui font des incursions dans la ville », affirme-t-il. Pour beaucoup, la faute incomberait aussi à la mise en œuvre du MOC qui s’est faite à la hâte, sans prendre le temps de définir des critères importants d’incorporation de ces éléments. Pour Oumar Alassane Touré, président de la Coordination nationale du réseau des jeunes patriotes du Nord, toutes sortes de gens mal-intentionnés se trouvent au sein des mouvements armés et ont été transférés dans la MOC, un peu comme si le ver était dans le fruit. « il y a beaucoup de moudjahidines qui ont intégré les mouvements signataires sous le drapeau de la paix, mais qui ont d’autres idées derrière la tête. Ça menace la paix dans l’avenir si ces éléments sont ensuite intégrés dans l’armée ou la gendarmerie. Il faut revoir les choses, savoir qui sont ces combattants et d’où ils viennent », assure-t-il. À Gao, certains exigent que le camp du MOC soit délocalisé à l’extérieur de la ville, d’autres souhaitent que le mécanisme soit dissout. « On veut la paix c’est vrai, mais il faut quand même qu’il y ait des normes qui puisse garantir que cette paix sera ramenée », conclut Moussa Boureima Yoro.
Source: journaldumali