Le Mécanisme opérationnel de coordination, (Moc), à Gao est presque à l’arrêt. L’attaque terroriste qui l’a frappé en janvier dernier et les vols répétitifs de véhicules ces dernières semaines ont porté un coup dur à l’organisme de mise en œuvre de l’accord d’Alger.
Les patrouilles qui avaient débuté dans la région ont été suspendues. Le Coordinateur du Moc exprime sa déception et invite les responsables des groupes armés « à prendre des sanctions contre les fauteurs de troubles ».
Le dernier vol de véhicule date de ce lundi 22 mai. Il porte à cinq le nombre de véhicules volés ces dernières semaines au sein du Mécanisme opérationnel de coordination à Gao. Le Coordinateur du Moc confirme ces vols répétitifs et appelle à l’implication des groupes armés et des populations pour dénoncer d’éventuels suspects. « Je demande aux mouvements et aux populations du Nord du Mali de participer à la bonne marche du Moc et de signaler toutes les difficultés qu’ils rencontrent ou toute personne suspecte qu’elle soit du Moc ou des autres mouvements », lance le colonel Sidi Mohamed Ag Rhissa, pour qui, cela peut permettre à l’organisme de mieux travailler.
Pour le coordinateur du Moc, le bataillon de Gao compte plus 700 éléments. Il reconnaît en revanche que tous ne sont pas bons. Le coordinateur du Moc confirme que ces enlèvements de véhicules ont été opérés par ses propres combattants. Si le colonel Ag Rhissa exprime sa déception face à de telles situations, il ne précise pas pour autant à quel mouvement appartiennent les auteurs de ces vols.
Patrouilles suspendues
Ces vols de véhicules interviennent alors qu’en janvier dernier, le camp du Mécanisme opérationnel de coordination, était la cible d’une attaque terroriste qui a fait 47 morts et des dizaines de blessés graves, selon un premier bilan officiel. D’autres sources avaient évoqué un bilan de 77 morts. L’attaque avait été revendiquée par le groupe Al-Mourabitoune, devenu « Groupe de soutien à l’Islam et aux Mulsulmans » après la fusion avec Ançardine d’Iyad Ag Agaly et le Front de libération du Macina du prédicateur radical peulh Amadou Kouffa, lequel dirigeait la « Katiba du Macina ».
Ces évènements ont porté un coup dur aux opérations du Moc à Gao et impacté le processus de mise en place du même organisme à Kidal et Tombouctou. Les patrouilles communes (regroupant la CMA, la plate-forme et l’armée) qui avaient timidement débuté dans la région de Gao, ont été suspendues, comme l’explique le coordinateur du Moc, qui interpelle les responsables des mouvements armés.
« Tous les véhicules sont pris, donc je ne peux plus faire de patrouilles », regrette le patron du Moc. Pour le colonel Sidi Mohamed Ag Rhissa, « il faut d’abord mettre de l’ordre, et il faut que tout le monde s’engage avec moi dans le même sens pour lequel les gens sont venus, c’est-à-dire l’Accord pour la paix et la réconciliation ». Et le coordinateur du Moc de demander à tous les combattants du Moc de revenir à de meilleurs sentiments. Colonel Ag Rhissa veut des sanctions pour dissuader les fauteurs de troubles. « Je demande aux responsables des mouvements de prendre des sanctions exemplaires contre ces éléments qui commettent ces forfaits. Il faut les traduire devant les juridictions et vraiment infliger des punitions exemplaires », souhaite le patron du Moc.
Organe essentiel de mise en œuvre de l’accord d’Alger, le Mécanisme opérationnel de coordination regroupe les ex-combattants de la CMA, de la Plate-forme et de l’Armée malienne. Selon des observateurs, les difficultés liées à son opérationnalisation vont davantage impacter le calendrier de mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. En attendant, la région fait face à la recrudescence de l’insécurité.
Issa Fakaba Sissoko
De retour de Gao
Source: lesechos