Lundi dernier, les 5 chefs d’Etat du G5 Sahel étaient réunis dans notre capitale pour discuter de la crise malienne et de ses répercussions dans l’espace commun. Cette rencontre a pris de grandes décisions pour l’avenir du Sahel. Il s’agit notamment de la mise en place immédiate d’une force conjointe au sein du G5 Sahel, avec un mandat clair de l’UA et de l’ONU, de la suppression sans délai au sein de l’espace des visas pour tous les types de passeports, de la création d’une compagnie de transport aérien dénommée «Air Sahel» et de l’approfondissement de la réflexion sur les modalités de création d’un fonds spécial de financement des activités de défense et de sécurité dans les Etats-membres du G5 Sahel.
Des décisions, si elles sont mises en œuvre, qui auront un impact certain sur la vie des communautés du Sahel. Le G5 Sahel a été créé en 2014 par les Etats membres en vue de mutualiser les efforts et de lutter contre le terrorisme dans le Sahel. Depuis sa création, on assiste à des tentatives de coordination des efforts pour arriver à cette fin. Seulement voilà : ce sommet, comme les autres, n’a pas osé aborder la situation de la Mauritanie, considérée comme un tabou. Elle est sur le point de devenir la terre d’accueil des terroristes, sans que personne n’en parle.
En effet, la Mauritanie est en passe de devenir la base arrière des terroristes que l’organisation du G5 Sahel se propose de combattre. Alors que, dans un passé récent, le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz n’hésitait pas à accuser notre pays d’être le ventre mou de la lutte anti-terroriste. Aujourd’hui, c’est lui qui accueille les terroristes, au vu et au su de tout le monde.
La preuve, la revendication de toutes les attaques terroristes est annoncée depuis la Mauritanie par des sites d’informations qui sont manifestement proches des milieux terroristes. Tous les grands groupes terroristes séjournent régulièrement sur le sol mauritanien sans être combattus ou dénoncés.
C’est à croire qu’il existe un pacte de non agression entre le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz et les terroristes qui le choisissent pour se replier à chaque fois qu’ils sont acculés. On assiste à des attaques terroristes dans tous les pays du Sahel sauf en Mauritanie. Burkina Faso, Niger, Tchad et Mali, aucun de ces pays n’est épargné par la foudre des terroristes. Pendant ce temps, en Mauritanie, on n’entreprend aucune action pour déloger ces gens sans foi ni loi. Même la France, qui fait office de gendarme dans la zone et qui a engagé une force spéciale à cet effet, semble se complaire dans cette situation.
Ce qui est sûr, c’est que si tous les acteurs de la lutte anti-terroriste ne jouent pas franc jeu, il sera difficile d’éradiquer le fléau qui anéantit tous les efforts de développement dans la zone. Les chefs d’Etat du G5 doivent se regarder en face et se dire certaines vérités.
Youssouf Diallo