Cette année le Mali a connu plusieurs débrayages dans le secteur public sans prendre des mesures idoines. L’universitaire M. Tounkara plaide pour l’instauration d’un dialogue social permanent et l’unité au sein des organisations syndicales.
“Nous sommes restés de 11 h à 23 h avec la commission de la conciliation qui n’a pu prendre aucune décision pour satisfaire nos doléances”, déplore un leader du Syndicat de la santé et de l’action sociale qui observe une grève de 48 h. Avant ce mouvement de grève, le pays a connu plusieurs perturbations dans les secteurs public et privé.
Tous accusent les autorités de ne pas prendre des mesures d’anticipation. La multiplicité des grèves découle d’un problème de dialogue social pour eux. Le gouvernement pour résoudre le problème a toujours misé sur les commissions de conciliation animées par des personnes ressources et souvent des religieux qui ne réussissent pas le plus souvent à éviter la grève malgré leurs efforts.
Tous les syndicats réclament les mêmes points : amélioration des conditions de vie à travers le logement, la santé, les denrées alimentaires et l’augmentation de salaire…
Le secrétaire général du personnel de prison dénonce la lenteur administrative et la négligence pour l’obtention de statut des gardiens de prisons. Leurs collègues de la santé réclament le même statut, les travailleurs des affaires étrangères de même.
“Un cadre permanant de dialogue social”
M. Tounkara professeur de droit social à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako, préconise la mise en place “d’un cadre permanant de dialogue social” où toutes les questions sociales seront débattues.
Pour lui, les commissions de conciliation ont montré leurs limites. “Des pays comme le Burkina et le Sénégal, le Bénin ont déjà un cadre permanant de dialogue social”, révèle-t-il.
Selon l’universitaire, l’instauration d’un dialogue social postule à l’unité syndicale, elle est hostile à la rivalité entre les syndicats. Mais il reconnait qu’avec cette unité, les autorités auront un seul interlocuteur.
“Le législateur doit instaurer une obligation annuelle de négociation. Celle-ci portera sur un certain nombre de sujets relatifs au salaire, aux conditions de travail, à l’hygiène et la sécurité au travail”, propose-t-il.
“Pour apaiser le front social, le gouvernement peut aussi imiter son homologue ivoirien à travers la signature d’une trêve syndicale”, suggère-t-il.
Les usagers payent le lourd tribut de l’ébullition du front social. C’est pourquoi souligne notre interlocuteur “le respect de la parole donnée doit être l’axiome du dialogue social”.
Yehia Mahmoud
Source: L’ indicateur du renouveau