Après les cheminots et les enseignants, le Gouvernement, à travers Mme la ministre déléguée auprès du Premier ministre chargé de l’Economie et des finances, vient d’enterrer la hache de guerre avec la section syndicale dudit ministère qui a accédé aux doléances du syndicat en élaborant, ce lundi 20 mai, les deux arrêtés exigés. Est-ce la fin de la fronde des argentiers ?
Section syndicale vedette de la Coordination des Comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM de la Primature et des départements ministériels, le Comité syndical DFM du Ministère de l’Economie et des finances saisissait, le 6 mars, le Ministre du Travail et de la fonction publique chargé des relations avec les institutions d’un préavis de grève de cinq (5) jours. Au motif de cette grève du jeudi 21 mars au mercredi 27 mars, le comité syndical entend protester contre notamment : le refus de mettre en place un cadre de discussion de son cahier de doléances déposé le 02 janvier 2019, le blocage du paiement des heures supplémentaires du 4ème trimestre 2019 par abus de pouvoir et l’immixtion inadmissible du chef de cabinet du ministre de l’Economie et des finances dans les activités du Comité syndical. Aussi le comité qui a demandé son départ a menacé d’observer une grève de quinze (15) jours du 1er au 15 avril si un accord n’était pas trouvé.
Le 22 mars 2019, un accord intervient et un Procès-verbal de conciliation entre le Gouvernement et le Comité syndical DFM-Cabinet du MEF est établi. Le mot d’ordre de grève de 5 jours initialement prévus du 25 au 29 mars 2019 est levé.
Hapy end ?
Que nenni !!
Pour protester contre un arrêté pris le 8 avril 2019 pour ramener le taux des primes (fonds commun) des services de la chaîne des dépenses à 3% au lieu de 6%, la section syndicale de l’Economie et des Finances a mobilisé tous les travailleurs de la (DFM, DGB, DNCF, DGDP, DRH, CADD, CCS/SFD, CABINET, DNPD, DGMP) pour un sit-in les 23 et 24 avril 2019.
Le 7 mai, la section syndicale du ministère de l’Economie et des finances saisit le ministre du Dialogue social, du travail et de la fonction publique d’un préavis de grève d’avertissement de soixante-douze (72) heures allant du mercredi 22 au vendredi 24 mai 2019 qui sera suivie d’une grève de protestation de Cent vingt (120) heures allant du lundi 03 au vendredi 07 juin 2019, si les doléances ci-dessus citées n’étaient pas satisfaites. Le syndicat demande entre autres :
-L’apurement total des points non exécutés du Protocole d’Accord du 27 Décembre 2016 signé entre le Ministre de l’Economie et des Finances et la Section Syndicale de l’Economie et des Finances à savoir :
-la prise d’un Décret propre aux services de la chaine de dépense au même titre que le Décret n°2015-0836/P-RM du 21 décembre 2015 ;
-la relecture du Décret n°01-258/P-RM du 19 juin 2001 fixant les taux des indemnités et primes allouées aux personnels de la DGMP-DSP et l’octroi d’une partie de la redevance de régulation de 0,5% sur les marchés hors-taxes au profit du personnel de la DGMP-DSP ;
– l’adoption de plans de carrières par service ;
-l’élaboration et mise à la disposition des agents à temps les plans annuels de formation des structures du Ministère de l’Economie et des Finances.
-l’abrogation immédiate sans condition de l’Arrêté N°0945/MEF-SG du 08 avril 2019 par un autre Arrêté en vue de rétablir les 6% préexistants qui reviennent de droit aux autres services du Ministère de l’Economie et des finances ; et
-la relecture de l’Arrêté n°2016-0193/MEF-SG du 22 février 2016, en vue de rétablir les taux initiaux à savoir 6%.
Ce lundi 20 mai, le Gouvernement, à travers le ministère de l’Economie et des finances, a pris les deux arrêtés pour donner satisfaction au syndicat qui a levé son mot d’ordre de grève.
La fin d’une crise ?
Quid des autres membres de la Coordination ?
La spirale de grèves, ce n’est pas seulement que dans le monde de la justice, de l’éducation ou des transports. Le monde de l’économie et des finances a été aussi fortement secoué par des grèves ces deux dernières années.
Constitués en « Coordination des coordinations des Comités syndicaux des Directions administratives et financières (DAF) de la Présidence et de la Primature, des Directions des Finances et du Matériel (DFM) des départements ministériels, des Directions des Ressources humaines (DRH) et les Cellules de la Planification et de la Statistique (CPS) », les argentiers de l’Etat ont observé les 15-16 octobre 2018 une grève de 48 heures.
Que veulent les argentiers de l’État ?
Dans son préavis de grève du 23 janvier 2019, comme dans les quatre précédents, la Coordination des comités syndicaux des Directions administratives et financières (DAF) de la Présidence et de la Primature, des Directions des Finances et du Matériel (DFM) des départements ministériels, des Directions des Ressources humaines (DRH) et les Cellules de la Planification et de la Statistique (CPS) exige l’élargissement à leurs services respectifs des avantages des décrets N°2018-541/P-RM du 05 juillet 2018 et N°2018-0653/P-RM du 08 août 2018, accordant des privilèges pécuniaires à leurs collaborateurs directs de la direction générale du Budget, de la direction nationale de la planification du développement, de la direction nationale du contrôle financier et le personnel des services du ministère de la Fonction publique.
Par ces décrets, ceux-ci se voient accorder des primes et indemnités allant de 5 000 F à 200 000 CFA, selon les catégories et fonctions.
La Coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, des CPS et des DFM de la Primature, et des départements ministériels demande entre autres:
-que les contenus du décret N°2018-0541/P-RM du 05 juillet 2018 soient en intégralité élargis aux personnels de la DAF, des CPS et des DFM de la Primature et des départements ministériels.
-que la prime de sujétion pour risque soit ramenée à 25% du salaire au lieu de 10% pour le personnel de la DAF et des DFM de la Primature et des départements ministériels
-que les contenus du décret N°2018-0653/P*RM du 08 août 2018 soient en intégralité élargis aux personnels des DRH sectorielles.
Pour les membres de la Coordination, il s’agit là d’une injustice commise à leur égard suite à l’octroi des primes allouées aux agents de la Direction générale du Budget, de la Direction nationale de la planification et du Développement, ainsi que de la Direction nationale du contrôle financier.
Pour non-conformité de la Coordination par rapport aux textes relatifs à la création des syndicats, ses doléances n’ont pas été traitées, le Gouvernement refusant (dans un premier temps) de traiter un groupe qui n’a rien d’un syndicat. Qu’à cela ne tienne, la Coordination estimant légale, entend se battre pour la satisfaction de ses revendications que les trois services accompagnent les DAF et les DFM dans la procédure d’exécution des dépenses publiques, que les DFM encourent plus de risque dans l’exécution du budget que ces trois services ; que les CPS ont les mêmes attributions que les DNPD ; que les DRH ont les mêmes attributions que les services du ministre chargé de la Fonction publique.
Après sa grève, en octobre 2018, la Coordination des comités syndicaux de la DAF, des DRH, CPS et DFM de la Primature et des départements ministériels a observé en novembre une grève de 72h pour la non-prise en charge de ses doléances par le Gouvernement.
Après avoir observé 48 heures de grève, 72 heures, 5 jours et 4 jours, elle a déposé sur la table du ministre du Travail et de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme DIARRA Racky TALLA, un 5e préavis de grève de 10 jours, allant du lundi 11 février au vendredi 22 février 2019. Faute d’entente, elle a observé la grève.
Le 15 février, le Bureau Exécutif de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) informe Madame la ministre du Travail et de la Fonction publique, chargée des Relations avec les Institutions qu’après ‘’une réunion d’explication avec les Comités syndicaux de la Direction Administrative et Financière de la Primature, des Directions des Finances et du Matériel, des Directions des Ressources Humaines, des Cellules de Planification et de Statistique des départements ministériels (il) a décidé, compte tenu de la diversité de leur appartenance aux sections, et syndicats nationaux, de prendre en charge toutes les revendications contenues dans le Préavis de grève qu’ils ont déposé sous le couvert de la coordination de ces comités.
L’UNTM précise toutefois que ‘’la suspension de leur mot d’ordre de grève ne signifie nullement le renoncement aux revendications, nous voudrions vous demander de fixer une date de reprise des négociations, cette fois-ci avec des négociateurs et conciliateurs désignes par l’UNTM.
Plus tôt cela sera fait, plus tôt aura lieu non seulement la suspension du mot d’ordre de grève, mais également le vice structurel qui était reproché à la coordination disparaîtrait’’.
Jusqu’où ira l’UNTM dans la défense de la coordination ?
Après la grève en février de la Coordination des comités syndicaux des DAF de la Présidence et de la Primature, des DFM, DRH, CPS des différents départements ministériels, il était entendu que l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) déposerait un préavis à défaut d’un accord entre le Gouvernement et la Coordination. Mais, la Bourse du Travail n’a pas bougé.
Qu’à cela ne tienne ! La Coordination des comités syndicaux des Directions Administratives et Financières (DAF) de la Présidence et de la Primature, des Directions des Finances et du Matériel (DFM) des départements ministériels, des Directions des Ressources Humaines (DRH) et les Cellules de la Planification et de la Statistique (CPS), reste toujours mobilisée.
Face à ces multiples grèves dans le secteur, le ministre de l’Économie et des Finances a, dans une correspondance, demandé à ses homologues de faire une rétention sur le salaire de tous les agents qui ont observé la grève. Pour protester contre ce qu’elle appelle la méprise à son égard, la coordination dépose sur la table du ministre du Travail et de la Fonction Publique, chargé des Relations avec les Institutions, un préavis de 19 jours de grève, à compter du 1er avril 2019 qu’elle observe. Mais depuis, c’est l’accalmie.
PAR BERTIN DAKOUO
Source: info-matin.