Cruelle affaire que ce drame familial survenu à Gorses, un matin de mars 2017. Le corps de Djeneba, 37 ans, est retrouvé sans vie. Elle vient d’être abattue. Son mari avoue. C’est son procès qui s’ouvrira mercredi aux assises, à Cahors.
Cela va faire quasiment deux ans que Djeneba Bamia a trouvé la mort à Gorses sur l’exploitation agricole qu’elle dirigeait. Abattue de trois coups de fusil, cette femme de 37 ans a laissé trois jeunes enfants. Mercredi matin, c’est avec beaucoup d’attente et d’espoir que ses proches et ses amis vont voir s’ouvrir le procès de son meurtrier présumé, son mari, dont elle était séparée, mais qui est le père des enfants.
Le tribunal de grande instance de Cahors accueillera donc ces trois jours d’assises. Si c’est bien de la culpabilité, de la responsabilité et de la préméditation de ce crime dont il sera question, ce dossier frôlera bien sûr la question de la violence faite aux femmes. «Il y a ce drame. Cet assassinat, se reprend l’un des proches de Djeneba, mais il y a tout ce que nous avons dénoncé. Cette violence. Tout ce qui s’est passé avant, sans que rien ne soit fait pour la protéger. Qui jugera ces manquements des institutions qui ont conduit à sa mort ?», se désole-t-il.
En 2008, un mariage… En 2016, un divorce
Les jurés d’assises devront faire face à un dossier complexe qui démarre par une belle histoire. Djeneba est vétérinaire au Mali. C’est dans son pays qu’elle rencontre Jean-Paul Gouzou, un agriculteur lotois. Elle le suit en France. Leur mariage est célébré en 2008. Et trois bambins ne tardent pas à constituer cette famille.
Mais un jour Djeneba se confie à des relations à Latronquière, parle de la violence qu’elle subit… Plus tard, elle demandera même une ordonnance de protection pour violences conjugales.
Le corps découvert sans vie et les aveux du mari
En février 2016, une procédure de divorce est engagée. Hélas, un an plus tard, au matin du vendredi 3 mars, son corps est découvert sans vie dans la cour de la ferme familiale. Elle n’a pas eu le temps de descendre de la voiture et a été abattue de trois coups de fusil. L’arme est retrouvée sur la table de la cuisine. Son mari n’oppose aucune résistance lors de son arrestation par les gendarmes de Saint-Céré. Placé en garde à vue, son conjoint de 66 ans avoue.
Dans un premier temps, l’entourage de Djeneba surmonte la douleur en se consacrant au devenir des enfants et en veillant à ce que la fratrie ne soit pas séparée. «Notre seule consolation aujourd’hui, disent-ils, c’est de savoir qu’ils sont bien pris en charge par leur famille d’accueil. Des gens sympathiques. Compte tenu du drame que les enfants ont vécu, ils vont plutôt bien». Les enfants de Djeneba sont âgés de 4 ans, 5 ans et demi et 7 ans et demi. Leur père connaîtra vendredi soir sa condamnation, que tous les amis de Djeneba espèrent maximale.
En hommage à Djeneba
Une partie des membres de l’association Odanam fera le déplacement à Cahors, cette semaine. Ils veulent assister à ces audiences. «Nous avons créé l’association pour protéger ses trois enfants et contribuer au rapatriement du corps de Djeneba au Mali. Désormais, nous souhaitons garder un œil sur les enfants pour qu’ils puissent bénéficier de tout ce à quoi ils ont droit, mais devenir aussi un acteur contre la violence faite aux femmes, aux côtés de l’association Solidarité femmes».