Le chef du gouvernement a donné, hier, le coup d’envoi de cette rencontre qui permettra à ces personnalités d’apporter leurs contributions à la résolution de la crise
Le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, est arrivé, hier en fin de matinée, à Banankoroni, un village situé à une dizaine de kilomètres de Ségou. Il a été accueilli par le gouverneur de la Région, Gorges Togo, le maire de la Commune urbaine de Ségou, Nouhoum Diarra, ainsi que des députés et des chefs militaires de la région. Après les salutations d’usage, le cortège s’ébranla en direction de la ville pour rallier le pied-à-terre du gouvernorat. Tout au long du trajet, les habitants sortis en masse, ont réservé un accueil chaleureux à Abdoulaye Idrissa Maïga et à la dizaine de membres du gouvernement qui l’accompagnaient. Devant le pied-à-terre, dans la bonne tradition d’hospitalité de notre pays, deux calebasses contenant des noix de colas ont été remises à l’illustre hôte en signe de bienvenue. S’en est suivi la revue des troupes.
Après une petite pause, le Premier ministre s’est rendu au théâtre Tientiguiba Danté où il a lancé les travaux du « Forum régional pour la paix et la quiétude dans le Delta intérieur et la Boucle du Niger ». La rencontre dure deux jours. Faut-il le rappeler, une Commission de bons offices avait été mise en place, le 23 juin dernier, pour mobiliser les leaders religieux, les notabilités traditionnelles et toute personne ayant un rôle à jouer dans le cadre du retour de la paix et de la stabilité dans notre pays. La mission a été bien accomplie. Car la salle Tientiguiba Danté accueillait des centaines de personnalités qui jouissent dans leurs localités respectives d’une grande honorabilité.
Le président de l’Assemblée nationale, Issiaka Sidibé a assisté à la cérémonie qui a commencé dans une grande ferveur de spiritualité avec la lecture du Saint Coran faite par Marfouse Maïga. Ensuite, le maire de Ségou, Nouhoun Diarra a donné le ton de la série des interventions. Il a exprimé sa reconnaissance à l’endroit des organisateurs du forum qui ont bien voulu délocaliser cet événement d’envergure dans sa commune. Convaincu que le terrorisme anéantit tout effort de développement durable, l’édile a encouragé l’Etat et, au-delà, l’ensemble des Maliens à s’unir contre ce mal. « Je fonde beaucoup d’espoir sur ce cadre de dialogue pour déraciner le mal qu’est le terrorisme », a-t-il souligné, tout en donnant l’assurance que la ville de Ségou ne restera pas en marge du combat. Le maire a apprécié à sa juste valeur les efforts consentis par le Premier ministre, dont l’engagement pour le retour de la paix et la quiétude au Mali a été salué par Cheick Mohamed Hachim Haïdara, président du Haut conseil islamique régional de Ségou, et non moins point focal de la Mission de bons offices.
Ce guide spirituel a magnifié les actions du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, et celles de son Premier ministre. Selon M. Haïdara, cette rencontre est celle de la paix, de la cohésion et de l’unité nationale. Après avoir fait remarquer que la solution militaire a suffisamment montré ses limites face au péril terroriste, Haïdara a expliqué que l’implication des leaders religieux est incontournable dans la quête de la paix au Mali. Ainsi, voit-il en ce forum, un cadre initié par le gouvernement, une marque de considération à leur égard. Aussi, s’est-il dit convaincu que seuls les échanges d’idées entre Maliens sont à même de sortir le pays de cette crise. Il a vigoureusement dénoncé les terroristes qui, contrairement aux recommandations de la religion qu’ils prétendent défendre, s’illustrent dans la déviance.
Valeurs culturelles. Pour sa part, l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali, a tout d’abord remis en mémoire que le Mali est le creuset de toutes les civilisations du Sahara. Par conséquent, «ce grand Mali peut trébucher, mais il ne tombera pas ». Pour l’imam Dicko, la nature des problèmes qui assaillent actuellement le pays est connue. Et, a-t-il poursuivi, « leurs résolutions nécessitent une seule chose : l’unité ». Ainsi, le leader religieux a mis en exergue la nécessité de se réunir face à la menace terroriste et autres grands défis de l’heure. Au-delà de cette nécessaire union sacrée, Mahmoud Dicko a plaidé pour une « refondation sociétale », un retour aux principes fondamentaux qui ont fait la grandeur de ce pays. La résolution de ces crises, a-t-il soutenu, n’est pas au dessus de nos moyens. S’agissant de la rencontre, il a indiqué qu’elle se veut un cadre de réflexions pour « trouver des solutions idoines à la problématique posée ». L’imam Dicko a révélé qu’il a été fait appel à « des éminences, ceux qui vivent de plus près cette crise, pour qu’ils disent leurs approches ».
Dans son discours d’ouverture, le Premier ministre a rappelé que le 10 septembre dernier, le Haut conseil islamique, en collaboration avec la Mission des bons offices a tenu à Bamako le Forum national sur la contribution des maîtres coraniques et des notabilités traditionnelles au retour de la paix et de la quiétude dans le Delta central et la Boucle du Niger. «Ce forum, qui a été une réussite, a abouti à des recommandations assez pertinentes pour la paix et la réconciliation en vue de préserver et consolider la cohésion sociale et l’unité nationale », s’est-il réjoui, ajoutant que cette initiative a été entreprise afin que les notabilités traditionnelles et religieuses puissent jouer le rôle qui a toujours été le leur dans le cadre du retour de la paix et de la stabilité à Kidal, dans le Delta central et la Boucle du Niger. Il a, à cet effet, salué le courage des imams qui ont honoré notre pays en « tenant tête aux envahisseurs et aux djihadistes lorsqu’ils voulaient nous imposer un islam d’une autre époque ».
Selon le chef du gouvernement, « la deuxième dimension de la paix en islam est de faire la paix, la paix avec et entre tous, tous les humains ». Ainsi, dira-t-il, il revient aux autorités religieuses et aux notabilités traditionnelles de veiller sur l’éducation des enfants en islam pour transcender l’ignorance et cultiver la paix. Le Premier ministre a insisté sur les valeurs du Coran qui rendent responsable le musulman de la manière de traiter l’individu et qui lui fait obligation de protéger les innocents et les nécessiteux et prévenir la propagation du mal.
S’adressant particulièrement aux notabilités traditionnelles, le chef du gouvernement a souligné que celles-ci conservent encore des valeurs culturelles, dont la prise en compte participe d’une volonté de mobilisation des potentialités endogènes aux efforts de développement. Il les a rassurés que l’Etat prendra les mesures idoines pour répondre aux préoccupations des notabilités qui souhaitent ardemment un renforcement de la chefferie traditionnelle.
Abdoulaye Idrissa Maïga a clos son intervention par le verset 104 de la Sourate Al-Imran du Saint Coran : « Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable, et interdit le blâmable. Car ce seront eux qui réussiront ».
Envoyés spéciaux
Issa DEMBÉLÉ
Nouhoum SAMAKé
Source: essor